Témoignage

Stage obligatoire en 2de : les lycéens sceptiques

Pour certains lycéens, le stage de 2de est l’opportunité de valoriser son dossier Parcoursup.
Pour certains lycéens, le stage de 2de est l’opportunité de valoriser son dossier Parcoursup. © Adobe Stock/Small365
Par Marine Ilario, publié le 04 octobre 2023
6 min

Dès 2024, tous les élèves de 2de générale et technologique devront suivre 15 jours de stage à la fin du mois de juin, pendant les épreuves du bac. Une décision qui convainc partiellement les lycéens, et qui pose plusieurs difficultés d'organisation.

Au ministère de l’Éducation nationale, la reconquête du mois de juin est lancée ! Le ministre Gabriel Attal a officialisé son intention de rendre obligatoire un stage à la fin de l’année scolaire, dès cette année en 2de.

Au programme : 15 jours de stage obligatoires, du 17 au 28 juin. Si certains lycées pratiquaient déjà le stage en 2de, pour d’autres cette annonce est une véritable nouveauté.

Du côté des élèves, la surprise est entière. Alors que tous s’attendaient à être en vacances dès la fin du mois de mai, certains saluent l’opportunité d’acquérir une nouvelle expérience, tandis que d’autres doutent des bénéfices à en tirer.

Fin des vacances anticipées en 2de

"Tout le monde nous promettait qu’en 2de on finirait en mai et finalement ce ne sera pas le cas, et ça m’énerve un peu." Lina a du mal à encaisser la nouvelle. Cette lycéenne de 2de du lycée Émile Zola à Aix-en-Provence (13) espérait profiter des vacances d’été prolongées. Avec le stage obligatoire à la fin de mois de juin, il n’en sera rien.

Pauline, qui étudie au lycée Les Francs Bourgeois dans le IVe arrondissement de Paris (75) essaie de relativiser. "Ça peut être une bonne expérience mais c’est relou que le stage ait lieu pendant nos vacances."

"Le mois de juin on est tous fatigués, c’est la fin de l’année et les conseils de classe sont passés", abonde Alice, élève au lycée Sévigné à Charleville-Mézières (08). Elle se dit par contre prête le faire "à un autre moment de l’année".

L'occasion de connaître une nouvelle expérience

Si la pilule semble avoir du mal à passer, les lycéens y voient tout de même l'opportunité de connaître une nouvelle expérience . Pour Lara, lycéenne au lycée Émile Zola à Aix, "c’est l’occasion d'aller dans un autre domaine que celui dans lequel on a fait le stage de 3e, surtout si on ne sait pas trop où s’orienter". Après un stage en cabinet dentaire, la jeune fille souhaiterait vivre cette nouvelle expérience auprès d’un pédiatre.

Laura, elle, souhaite devenir vétérinaire. Mais avant de se lancer, la lycéenne du lycée Paul Cézanne à Aix veut profiter de ce stage pour découvrir le métier. "Sans ça, c’est difficile de savoir si un métier nous plaît ou pas."

Pour Bastien, camarade de classe de Lara, ce stage est une véritable aubaine : "Je sais que je veux être ingénieur plus tard, donc pour moi, c’est une opportunité d’approfondir mes connaissances du métier dans une autre entreprise." Il y voit même l’opportunité de valoriser son dossier Parcoursup.

Pour autant, il reconnaît que "pour ceux qui ne savent pas quoi faire, il y a le risque de faire un stage par défaut et là, c’est moins intéressant".

Le risque de refaire le même stage qu'en 3e

Sans compter les difficultés pour ceux qui n’ont pas de réseau pour les aider à trouver un stage. Comme Lara, qui a eu du mal à décrocher le sien l’année dernière. "J’ai trouvé deux semaines avant de le commencer. Cette année je vais m’y prendre encore plus tôt mais si je ne trouve pas, je retournerai là où j’ai fait mon stage en 3e."

Même discours pour Lina qui avait fait son stage avec sa mère dans la mairie de sa commune. Pourtant, la jeune fille aspire à une carrière littéraire, "en journalisme ou en communication. Mais si je n’ai pas le choix, je le referai avec ma mère".

Une période peu propice aux stages

Alors que certains établissements pratiquent depuis plusieurs années le stage de 2de, le calendrier annoncé par le ministre semble inédit. "Souvent, on ne fait pas de stage en fin d’année parce que ça ne permet pas d’exploiter ce temps passé en entreprise", indique Jérôme Fournier professeur en collège et secrétaire général au SE-Unsa (un syndicat enseignant).

Laura aurait justement aimé avoir un suivi. "C’est bien de pouvoir en parler avec les professeurs, de pouvoir échanger sur notre opinion sur le stage et qu’ils puissent aussi nous donner leur avis."

Par ailleurs, on peut aussi s’interroger sur la capacité des territoires à proposer un stage pour tout le monde. Car en plus des élèves de 2de générale et technologique, ceux en 1ère année de CAP, en 2de et en 1ère professionnelle sont également en PFMP (période de formation en milieu professionnel) courant juin.

Au total, cela fait près d’un million d’élèves en stage en même temps. "Dans certains territoires, le tissu économique pourra absorber cette demande, mais dans d’autres, ça va être très compliqué", indique Jérôme Fournier. Autrement dit, dans les grandes villes, les possibilités de trouver un stage seront probablement plus grandes qu’au sein de territoires plus reculés.

"Je ne sais pas trop si je pourrai beaucoup m’éloigner de chez moi"

Vient en parallèle une difficulté liée aux déplacements des jeunes. "J’habite dans une zone où je n’ai pas d’arrêt de bus à côté de chez moi donc il faudra que je m’adapte aux horaires de mes parents pour qu’ils puissent m'amener", anticipe Lara.

Pour Lina aussi, le doute reste entier. "Je ne sais pas trop si je pourrai beaucoup m’éloigner de chez moi. J’étudie à Aix donc je pourrai aller jusque là-bas, mais si c’est plus loin, ce sera compliqué, mes parents travaillent et ne pourront pas m'amener."

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