Décryptage

Pour trouver un emploi dans le luxe, passez par la case stages

Métiers du Luxe
Les stages en boutique permettent de mieux connaître le terrain et les clients. Un atout pour progresser. © plainpicture/Fancy Images/Felix Wirth
Par Anne-Laure Robert, publié le 22 octobre 2016
1 min

Les stages permettent d'acquérir de l'expérience et de commencer à développer son réseau. Dans le secteur, très concurrentiel car très demandé, du luxe, ils sont souvent l'un des meilleurs moyens de trouver du travail. Témoignages d'anciennes stagiaires, extraits du guide “Les Métiers du luxe” d'Anne-Laure Robert.

Réaliser un stage vous permettra d'acquérir progressivement des réflexes professionnels tout en commençant à tisser le réseau qui vous servira tout au long de votre carrière. Il est donc important de bien choisir son stage car il constituera le socle sur lequel vous allez construire votre parcours pas à pas. Essayez d'apprendre un maximum de choses et de vous faire un maximum de contacts lors de chaque passage dans une entreprise.

Une étape incontournable

Pour décrocher un entretien puis une embauche, vous devrez valoriser vos expériences. “Les jeunes doivent acquérir au plus tôt de l'expérience dans ce secteur. On va forcément en exiger pour une embauche. Réaliser des stages dans le luxe leur évitera de devoir reprendre des études plus tard pour acquérir cette expérience et un réseau”, estime Sabine Salats, fondatrice et dirigeante du cabinet de recrutement Sabine Salats Conseil.

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Sur un marché de l'emploi difficile, les stages sont aussi un moyen de se démarquer, d'accumuler des compétences. “Dans ma promo, c'est flagrant, ceux qui ont préféré prendre des vacances chaque été ont progressé beaucoup moins vite. J'ai appris des tonnes de choses lors de mes stages. Et puis, c'est un bon moyen de construire son réseau dans ce milieu qui est tout petit finalement”, confie Camille, 31 ans, retail merchandiser associate pour une prestigieuse marque de mode française.

En moyenne quatre stages avant le premier contrat

Camille a réalisé ses stages à chaque interruption de cours, au fil de ses études, et non d'un bloc après son diplôme. Comme le précisait Sabine Salats, “il vaut mieux commencer le plus tôt possible”.

Gravir les échelons un à un

Avant de décrocher un CDD d'un an, Camille a par exemple effectué pas moins de six stages. Elle n'a pas obtenu directement un stage au poste qu'elle visait, mais c'est grâce à ses stages de vendeuse qu'elle a finalement décroché un premier stage comme acheteuse. “J'ai commencé par un stage de deux mois en boutique chez une grande marque italienne puis un mois de relations presse pour Vanessa Bruno et un autre de trois mois dans un bureau de presse, puis six mois chez une grande marque de luxe française à New York pour parfaire mon niveau d'anglais. Mes passages en boutique étaient très importants pour comprendre les clients et m'ont aidée à obtenir les stages suivants. Ensuite, j'ai fait un autre stage comme acheteuse pour une grande marque de mode française, puis encore six mois de stage en merchandising pour une des marques de LVMH. Et c'est ce stage qui a débouché sur un CDD long que j'occupe actuellement”, explique Camille.

Quelle durée : trois mois, six mois, un an ?

Il n'existe bien sûr pas de règle mais les entreprises préfèrent les stages longs, d'au moins six mois, car cela permet de confier peu à peu des responsabilités aux stagiaires. Chez Barnes, réseau d'agences spécialisées dans les biens immobiliers de prestige, Thibault de Saint Vincent, président de Barnes International, estime qu'une durée de stage inférieure à trois mois ne permet pas aux stagiaires de participer à des projets d'envergure. Autrement dit, pour les entreprises comme pour les stagiaires, six mois serait la durée souhaitable. Évidemment, lorsque vous effectuez un stage à une autre fonction que celle à laquelle vous vous destinez, juste pour en découvrir les coulisses, il n'est peut-être pas nécessaire d'y consacrer six mois.

Des allers-retours entre grandes et petites structures

Charlotte, 27 ans, témoigne d'un parcours un peu similaire quant au nombre de stages effectués avant de signer un premier contrat. Mais elle a tout de suite mis le cap sur l'étranger et elle a alterné entre les grandes marques et les plus petites structures.

“À 17 ans, je suis partie trois mois en stage à Londres chez Gérard Darel où j'étais assistante au showroom. Je participais à la présentation des collections aux distributeurs comme Harrods et puis je faisais un peu d'étude de la concurrence en allant voir les autres boutiques. Ensuite j'ai réalisé un stage de six mois chez Publicis pendant mon master 2 à l'ISG. J'étais chargée de communication et un peu attachée de presse sur les projets mode et déco. À partir de ce moment-là j'ai décidé de m'intéresser au digital car j'aime ça et que je savais que le marketing ‘classique’ offrait peu de débouchés. Je suis partie faire un stage de six mois en Chine pour une société de référencement. Je rédigeais des articles de blog ou pour des sites en utilisant les mots-clés et en suivant les performances avec les outils de Google Analytics. Puis je suis partie quatre mois à New York pour participer au lancement d'un site qui proposait des idées de cadeaux féminins aux hommes aisés – les frais d'inscription étaient de 150 $. De retour en France, je me suis inscrite au MBA dédié au e-business de l'ISC et je suis entrée chez Van Cleef & Arpels en apprentissage”, détaille-t‑elle.

Une stratégie payante puisqu'elle a trouvé un CDI dans une start-up à l'issue de sa formation avec l'ISC.

Ne perdez pas de vue l'objectif : un emploi

Marianne ne déroge pas à la règle : elle aussi a enchaîné plusieurs stages. Toutefois, alors qu'elle aurait pu prolonger son premier stage, elle a estimé qu'il n'y avait aucune perspective d'embauche à l'issue de celui-ci. Elle a donc préféré trouver un autre stage. Une bonne décision car il ne faut pas perdre de vue que, si le stage vous permet de gagner de l'expérience, l'objectif n'est pas de rester stagiaire toute sa vie…

Entrée au showroom parisien d'une grande marque italienne, Marianne a commencé par organiser les rendez-vous avec les clientes. “J'ai eu accès à des personnes très privilégiées, des princesses du Moyen-Orient notamment. Je gérais aussi les sorties des modèles pour les shooting de presse. Il s'agit de faire voyager des pièces uniques qui coûtent très cher et que les journalistes du monde entier réclament au même moment. C'était très formateur mais pour évoluer dans ce type de fonction, il faut surtout un bon carnet d'adresses, être super organisée et diplomate. Je risquais de rester longtemps assistante sans pouvoir mettre à profit tout ce que j'avais appris pendant quatre ans. Là, j'ai eu l'opportunité d'aller travailler à Londres au sein du navire amiral de Chanel qui venait tout juste de rouvrir. Cette expérience a été décisive pour la suite de mon parcours”, affirme Marianne, qui a effectivement signé son premier contrat à la suite de ce stage.

Leurs cas sont loin d'être isolés. Parmi les étudiants diplômés de grandes écoles, on compte en moyenne quatre stages avant d'obtenir un premier contrat, le plus souvent un CDD.

POUR ALLER PLUS LOIN
À découvrir aux Éditions de l'Etudiant :
“Les Métiers du luxe”,
par Anne-Laure Robert.

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