Décryptage

Le bac pro, le vrai bac économique et social

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L'objectif du bac pro, créé en 1985, était de faire que 80% d’une classe d’âge soit diplômée du baccalauréat d’ici l'an 2000. © Frédéric Maigrot/REA
Par Thibaut Cojean, publié le 23 juin 2020
4 min

Dernier né de la famille des baccalauréats, le bac professionnel existe depuis un peu plus de 30 ans seulement. En 1985, la principale ambition du baccalauréat professionnel était de fournir des ouvriers et des employés qualifiés aux entreprises françaises. Mais il a aussi mené de très nombreux élèves jusqu’au premier grade universitaire.

Dans les années 1980, il n’était pas rare que les élèves quittent l’école à 16 ans. Moins d’un jeune de 18 ans sur trois décrochait alors un baccalauréat. Conséquence : les usines manquent de main-d’œuvre qualifiée. Le gouvernement décide alors de créer le bac professionnel en 1985.

Former une main d’œuvre qualifiée

Ce nouveau diplôme s’obtiendra après deux ans de lycée professionnel (première et terminale), accessible après un CAP (certificat d’aptitudes professionnelles) ou un BEP (brevet d’études professionnelles), soit un total de 4 ans après le collège. Grâce à cette formation alternant périodes à l’école et en entreprise, et reconnue par le tout premier grade universitaire, les élèves sont mieux préparés au monde du travail.

Pour autant, cette mesure n’est pas uniquement économique. Elle est aussi sociale. En créant ce nouveau diplôme, Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l’Éducation nationale, se fixe un objectif : que 80% d’une classe d’âge soit diplômée du baccalauréat d’ici l'an 2000.

Démocratiser l’accès au bac

C’est ambitieux, et c’est loin d’être réussi : en 2000, seuls 62,8% d’une classe d’âge étaient bacheliers. En réalité, le seuil des 80% n’est pas encore atteint, même si nous en sommes aujourd’hui très proche. Une nette augmentation a été observée dans les années 2010, après… une réforme du lycée professionnel.

En 2009, la durée de formation est en effet raccourcie à 3 ans, et le BEP commence peu à peu à disparaître de l’offre de formation. Aujourd’hui, le bac pro est plus suivi que le bac technologique et un quart des bacheliers sortent d’une série professionnelle.

On compte plus d’une centaine de spécialités en tout. En 2020, 93 étaient passées au bac pro, par 190.000 candidats répartis pour 56% en formation tertiaire et 44% en formation industrielle. Commerce, gestion-administration et services à la personne regroupent environ un tiers des lycéens professionnels.

Un avenir difficile après un bac pro

Au-delà d’une formation qualifiante, le grade de baccalauréat permet aux élèves de poursuivre vers des études supérieures. Dans les faits, 50% des bacheliers pros font ce choix. Ils se tournent très majoritairement vers des BTS, mais la sélectivité y est forte : environ 30% des candidats titulaires d’un bac pro sont refusés. Ceux qui se "rabattent" sur une licence souffrent d’une formation peu adaptée à leur profil et d’un taux de réussite très faible (5%, contre 49% en BTS).

Mais même sur le marché du travail, les bacheliers pros n’ont pas forcément un avenir tout tracé. Selon une étude du ministère de l’Enseignement supérieur, menée auprès des diplômés 2014, 2015 et 2016, seuls 54% des bacheliers pro en insertion trouvent un emploi un an après leur diplôme.

Malgré sa dimension sociale, héritage des années 1980, le bac pro est donc encore marqué de fortes inégalités sociales, qui se traduisent dans les effectifs : 6,5% des élèves sont enfants de cadres et 34,9% enfants d’ouvriers (contre respectivement 25,2 % et 19,3 % en lycées généraux et technologiques).

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