Décryptage

Réforme du bac : les quatre modifications possibles

L'un des scénarios envisagés à l'issue de ce bac 2023 serait de décaler les épreuves de spécialités de mars à juin afin de redonner du sens au troisième trimestre.
L'un des scénarios envisagés à l'issue de ce bac 2023 serait de décaler les épreuves de spécialités de mars à juin afin de redonner du sens au troisième trimestre. © Vesna/Adobe stock
Par Marine Ilario, mis à jour le 28 août 2023
6 min

Des évolutions dans l’organisation du bac devraient êtes annoncées lors de la conférence de presse de rentrée du ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, le 28 août prochain. Changement de calendrier, modification des coefficients, décalage de la procédure Parcoursup. Plusieurs scénarios sont étudiés.

Lors d'un échange entre le SNES-FSU (syndicat national des enseignements de second degré) et Gabriel Attal le lundi 21 août, le ministre de l'Éducation nationale a indiqué qu'il présenterait ses arbitrages sur le calendrier du bac lors de sa conférence de presse de rentrée, le 28 août prochain.

Des modifications nécessaires compte tenu des effets pervers liés à l'organisation du bac telle que voulue par Jean-Michel Blanquer, ancien ministre de l'Éducation nationale, dans le cadre de sa réforme initiée en 2018.

La tenue des épreuves de spécialités dès le mois de mars a provoqué une désertion des salles de classe par les lycéens déjà fixés sur leurs résultats et focalisés sur la procédure Parcoursup.

Avant de connaître officiellement les changements qui s'opèreront dans l'organisation du bac cette année, voici les scénarios possibles pour éviter la démobilisation des élèves au troisième trimestre et lui redonner tout son sens.

1. Décaler les épreuves de spécialités au mois de juin

La première, très demandée par de nombreux enseignants et syndicats, concerne le report des épreuves de spécialités au mois de juin. "Pour nous, décaler ces épreuves au mois de juin va redonner de la valeur au bac, explique Jean-Rémi Girard, président du Snalc, le syndicat des personnels de l'Éducation nationale. Mais ça va aussi avoir un effet positif sur l’implication des élèves jusqu’à la fin de l’année scolaire."

Un avis confirmé par l’APSES (Association des professeurs de sciences économiques et sociales) qui, dans un communiqué, affirme que "seule cette solution est souhaitable pour permettre de travailler sereinement avec nos élèves sur l’ensemble de l’année scolaire et de les préparer correctement à l’enseignement supérieur".

Remettre l’ensemble des épreuves du bac au mois de juin pourrait aussi avoir des effets positifs sur la philosophie. Cette année, l’épreuve a perdu sa place symbolique en venant clôturer le bac et non plus en le commençant. Une matière qui est devenue "la cinquième roue du carrosse" selon le président du Snalc.

Du côté du SE-Unsa, décaler les épreuves au mois de juin ne fait pas l’unanimité. Selon le syndicat d'enseignants, cela reviendrait à ne plus faire compter les spécialités dans Parcoursup. "Ce qui pose problème c’est que les deux disciplines majeures ne compteraient que pour le bac et plus dans l’orientation des élèves", explique Jérôme Fournier, secrétaire national du SE-Unsa Éducation.

2. Modifier les coefficients au bac

Pour que tout ne se joue pas uniquement sur les épreuves de spécialités, une réflexion serait aussi menée sur un changement de coefficients en spécialité mais aussi pour le grand oral, voire la philosophie, notamment en voie technologique.

Avec un coefficient 16, les spécialités comptent à elles seules pour presque un tiers de la note finale du bac si bien que les élèves savent quasiment avec assurance s’ils ont le bac ou pas en fonction de leur réussite à ces deux épreuves. Cette connaissance des résultats participe à la démobilisation des élèves au troisième trimestre.

Pour rebattre les cartes, le SE-Unsa propose de diminuer le coefficient des spécialités et d’augmenter ceux de la philo et du grand oral. De cette manière, "moins d’élèves seraient certains d’avoir le bac dès le mois d’avril", explique Jérôme Fournier.

Une proposition que ne partage pas le Snalc, pour qui, "bouger les coefficients ne changera rien". Au contraire, "c’est important que les épreuves de spécialités aient un coefficient élevé car ce sont les disciplines choisies par les élèves, pour lesquelles ils ont eu le plus d’heures de cours. Pour certains, ce sont des matières liées à leur choix de poursuite d’études", argumente Jean-Rémi Girard.

3. Ne pas dévoiler les notes de spécialités

Plus que le poids de certaines matières, c’est aussi la connaissance des notes qui provoque une démobilisation. Si bien que le ministère réfléchirait à rendre les résultats de spécialités secrets jusqu’aux résultats finaux.

Du côté du SE-Unsa on regretterait de devoir en venir à garder les notes secrètes pour inciter les élèves à continuer à aller en cours. "On a l’impression que sans ‘carottes’ on ne peut pas remobiliser les élèves. C’est dommage de construire notre système autour de ça."

Un scénario peu probable pour le Snalc, qui doute de la tenue secrète de ces notes si celles-ci sont intégrées dans le dossier Parcoursup.

4. Faire diverger les calendriers du bac et de Parcoursup

Cette année, les calendriers du bac mais aussi de la procédure Parcoursup se sont entremêlés créant une surcharge pour les élèves qui, pendant les épreuves de spécialités, devaient aussi faire leurs vœux sur Parcoursup, les confirmer et compléter leurs dossiers. Puis pendant les épreuves du mois de juin avec l’arrivée des premières propositions d’admission.

Faut-il donc modifier le calendrier de Parcoursup pour que les élèves puissent se recentrer sur les cours ? Jean-Rémi Girard ne croît pas à un tel scénario. "On le demande depuis longtemps mais on nous a toujours répondu non."

Pierre Mathiot, directeur de l’IEP de Lille (59) et à l’origine de la réforme du bac, reconnaît qu’en mars le passage des épreuves de spécialités et la finalisation des vœux Parcoursup "participent au stress et à la charge mentale de tout le monde car ce sont deux éléments importants dans le destin scolaire d’un jeune".

Pour limiter ces effets, il estime qu’il faudrait trois semaines entre ces deux moments clés. Mais avec un mois d’avril neutralisé avec les vacances de printemps Pierre Mathiot admet que la marge de manœuvre est réduite. "Il faudrait que la finalisation des dossiers intervienne le plus tôt en mars et les épreuves de spécialités le plus tard sur ce même mois."

Mise à jour du 28 août 2023 : La décision a finalement été prise d'organiser les épreuves de spécialité en juin.

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