Décryptage

La part de diplômés au sein d'une génération, l'autre enjeu du bac

Adobe Stock
Le gouvernement espère franchir le cap des 80% de diplômés du baccalauréat au sein d’une classe d’âge avant 2022. © Charles Platiau / REUTERS
Par Dimitri Schlichter, publié le 18 juin 2020
4 min

INFOGRAPHIES.Depuis quelques années, le taux de réussite du bac flirte avec les 90%. Il dépasse même ce seuil dans les séries générales et technologiques. Pourtant, c’est vite oublier ces jeunes qui ne sont même pas candidats à l’examen. Zoom sur une statistique invisible : la part d’une classe d’âge diplômée du bac.

En 2019, 668.300 candidats ont décroché le diplôme du baccalauréat général, technologique ou professionnel, avec un taux de réussite de 88,1%. Depuis 2012, malgré de petites hausses et baisses, la réussite se maintient au-dessus des 85%. Mais ces taux signifient-ils réellement quelque chose ?

Il y a 30 ans, seulement 3 jeunes sur 10 avaient le bac

Il faut en réalité distinguer le taux de réussite au bac de la proportion de bacheliers au sein d’une même génération. Ce chiffre, plus confidentiel, est pourtant bien plus représentatif : un jeune né en 2001 sur cinq n’a pas eu son bac en 2019.

Cela peut paraître beaucoup, mais ce chiffre est à nuancer. En 1985, ce n’était pas 20%, mais 71% des jeunes qui n’avaient pas le bac ! Comment les courbes se sont-elles inversées ?

Taux de réussite au bac depuis 1995

En 1985, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Pierre Chevènement, est le premier à fixer l’objectif de diplômer 80% d’une classe d’âge du baccalauréat, d’ici à l’an 2000. Objectif de ce gouvernement (et de ceux qui lui succéderont) : réduire le chômage, ainsi que l’illettrisme.

L’objectif des 80% jamais atteint

Avec un taux élevé de bacheliers chaque année, le gouvernement s’assure en effet que cette part de la population soit qualifiée et ne se retrouve pas en situation d’illettrisme : peu importe le taux d’échec en études supérieures, le bac garantit un socle commun de connaissances.

Depuis trente ans, le nombre de diplômés du baccalauréat a ainsi nettement augmenté, mais pas assez rapidement. Entre 1995 et 2010, le pourcentage de bacheliers au sein d'une génération n’a pas dépassé les 65%. Loin de l’objectif de 80%.

Ce n’est qu’à partir du bac 2012, après une réforme du bac professionnel, que l’on commence à s’en approcher : 76,7% ! L’ancienne ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem (2014-2017), en avait d’ailleurs fait un argument de réussite.

Le bac 2020 pas représentatif

Depuis 2015, ce taux n’est plus descendu en dessous des 78%, mais n’a jamais atteint la barre symbolique des 80%. Le record absolu est attribué à l'année 2017, avec 79,6 % ! Il devrait être battu dès 2018, mais les données, calculées par le ministère de l'Education nationale, ne sont pas encore définitives. Pour l'instant, les estimations sont encourageantes : 79,9% en 2018 et 80,0 % en 2019.

Taux bacheliers sur une génération depuis 1946

Est-ce que l'effort se poursuivra en 2020 ? Annulation des épreuves écrites pour ne prendre en compte que les notes du contrôle continu, moyennes arrondies, appréciations d’un jury qui se basera sur le dossier scolaire… À l’instar de 1968 – qui avait vu les épreuves annulées en raison de la grève générale qui avait paralysé toute la France – il apparaît que 2020 ne sera pas une année comme les autres.

Même si les chiffres sont bons, ils ne seront pas forcément significatifs, et il sera difficile de s’en servir comme argument politique. Au grand dam du gouvernement, qui espère bien être le tout premier à franchir ce fameux cap des 80% avant 2022. Peut-être avec le nouveau bac ?

Articles les plus lus

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !