Reportage

Une année à l'école des profs : "Le mémoire m'a permis d'améliorer ma manière d'enseigner"

Maëli, lors de la soutenance de son mémoire de master 2 MEEF.
Maëli, lors de la soutenance de son mémoire de master 2 MEEF. © erwin canard
Par Erwin Canard, publié le 25 mai 2018
6 min

IMMERSION À L'ESPÉ. Épisode 7. C'était l'une des dernières échéances avant leur titularisation : les enseignants-stagiaires ont passé la soutenance de leur mémoire. Pour Maëli, Clémentine et Théo, produire ce mémoire fut difficile, long mais aussi très utile.

Avec une heure trente de retard sur l'horaire de sa convocation, Maëli s'installe dans une salle du campus de Batignolles de l'Espé de Paris, dans le XVIIe arrondissement. Il est midi en ce mercredi de mai, et l'enseignante-stagiaire en master 2 MEEF (métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation) parcours lettres est partie de chez elle cinq heures plus tôt. Un problème de train l'a retardée. Maëli n'arrive donc pas – c'est une litote que de le dire – dans des conditions idoines pour passer sa soutenance. Ce moment est la dernière véritable échéance avant la sentence, prévue pour juin, qui annoncera ou non sa titularisation en tant qu'enseignante. La soutenance orale, qui a lieu au mois de mai pour l'ensemble des stagiaires, clôture ainsi l'épisode "mémoire" de la deuxième année de master MEEF, débutée dès octobre.

Rédiger un mémoire est obligatoire pour les enseignants-stagiaires. "Pour chaque master, il y en a un. Ils diffèrent selon qu'il s'agisse d'un master recherche ou d'un master professionnel, comme le MEEF", explique Martine Jey, coordinatrice de l'UE (unité d'enseignement) mémoire du M2 MEEF parcours lettres. Le sujet doit être en lien avec la pratique professionnelle, en l'occurrence avec le stage et le fait d'enseigner les lettres. "Nous devions traiter de quelque chose qu'on mettait en place avec nos élèves. C'est un peu à mi-chemin avec le rapport de stage", précise Maëli. "La première consigne que l'on donne est d'observer les élèves afin de faire émerger un projet qui pourrait les aider dans leurs apprentissages", indique Martine Jey.

Réfléchir sur ce qu'est "être professeur"

Un "timing" qui pose problème aux stagiaires. "J'ai trouvé cela très difficile au départ, car nous ne connaissions pas nos élèves et il fallait pourtant trouver un sujet de mémoire qui se basait sur la pratique en classe. On ne pouvait pas savoir si ça allait marcher", lance Clémentine, dont le mémoire porte sur la pratique du théâtre en classe. En outre, à cette époque de l'année, les stagiaires sont "pris dans l'angoisse du stage", selon Martine Jey, et peu disponibles pour réfléchir au mémoire. Maëli, elle, a rapidement décelé des difficultés chez ses élèves de seconde lors de l'analyse de texte, et a donc opté pour ce sujet.

Puis, après avoir choisi un thème (lecture, écriture, grammaire, théâtre…), les stagiaires choisissent un(e) directeur(trice) de mémoire. "Ils aident notamment à une meilleure définition du sujet et à la recherche bibliographique", explique la professeure d'université.

En effet, le mémoire doit s'appuyer sur la pratique mais aussi sur des travaux scientifiques et théoriques. "Ces derniers permettent de trouver une problématique puis de l'analyser, relève Martine Jey. Acquérir une distance, un regard critique, réfléchir sur ce qu'est être professeur, voilà en quoi réside l'utilité du mémoire." C'est aussi une des principales difficultés. "Le jury m'a reproché d'avoir été trop légère au niveau de mes recherches…", souligne Maëli, à la fin de sa soutenance durant laquelle elle avait avoué et regretté "ne pas avoir eu le temps d'approfondir certaines choses".

Un mémoire qui prend du temps

En cause : le manque de temps pour rédiger ces 30 à 40 pages (sans les annexes) et qui comptent pour 10 crédits ECTS. "Le mémoire m'a pris beaucoup de temps. Comme, à côté, nous avions d'autres cours à l'Espé, les cours avec nos élèves, c'était parfois dur de se mettre à travailler le mémoire en plus, le soir…", avoue Maëli, rejointe par Clémentine : "La difficulté a été le temps, notamment à la fin où se mêlaient écriture du mémoire, préparation des cours et partiels du master. On n'en voyait pas le bout !" Leur camarade Théo, qui a planché sur les rapports entre la photographie et le texte, confirme : "C'était une lourde charge de travail supplémentaire…"

Néanmoins, tous reconnaissent les apports du mémoire sur leur pratique professionnelle. Lors de sa soutenance, Maëli explique ainsi aux deux professeures du jury : "Le mémoire m'a aidée à comprendre comment les élèves apprenaient le mieux, et à chercher des activités ludiques et didactiques". "Ce mémoire a été utile, c'est certain, renchérit Théo. Il permet de faire le bilan de ce qu'on fait avec les élèves, de ce qu'on doit affiner." Il a même permis à Clémentine "d'améliorer [sa] manière d'enseigner". Pour Martine Jey, travailler sur ce mémoire est même "l'un des moments privilégiés de la formation où l'on peut se poser et réfléchir à sa pratique".

Peu de stagiaires n'obtiennent pas la moyenne

À la fin de sa soutenance d'une quarantaine de minutes (15 de présentation, environ 25 minutes de questions du jury), Maëli apprend sa note, qui englobe le mémoire et la soutenance : 11/20. Très peu de stagiaires n'obtiennent pas la moyenne au mémoire. Sa visite de titularisation dans sa classe s'étant bien passée, sa titularisation est, sauf accident, acquise. Rendez-vous en juin pour que la commission spéciale le confirme.

L'Etudiant en immersion à l'Espé

Comment les enseignants-stagiaires appréhendent-ils leur première année devant des élèves ? Comment vivent-ils cette année de M2 MEEF réputée lourde et difficile ?
Toute cette année scolaire 2017–2018, l'Etudiant vous amène au cœur de la promotion 2018 du M2 MEEF option lettres modernes de l'Espé (École supérieure du professorat et de l'éducation) de Paris (75), sur le campus Molitor (XVIe arrondissement). Vous suivrez les péripéties de la trentaine d'enseignants-stagiaires affectés en lycée, des cours qu'ils suivent… à ceux qu'ils donnent.

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