Témoignage

Année de césure : comment convaincre vos parents de vous laisser faire une pause ?

Année de césure : comment convaincre vos parents ?
Année de césure : comment convaincre vos parents ? © plainpicture/Hero Images
Par Pauline Bluteau, mis à jour le 25 juillet 2019
9 min

Faire une pause dans vos études : l’aventure vous tenterait bien mais vous hésitez encore à sauter le pas. Et pour cause, vos parents ne sont pas vraiment convaincus. Trois étudiants partagent leur expérience et vous donnent des arguments.

"Cela aurait été tellement plus simple si elle avait tout de suite su ce qu’elle voulait faire." Pour Isabelle, l’orientation de sa fille Suzanne, actuellement en terminale STMG à Angers, est un vrai casse-tête. La lycéenne, qui adore les langues étrangères, n’a aucune idée de la formation qu’elle aimerait intégrer en septembre prochain. "Elle a validé plusieurs BTS et quelques licences sur Parcoursup mais ce qu’elle veut vraiment, c’est faire une année de césure", assure Isabelle.

Pour Suzanne, c’est donc une formule "demi-pair" en Nouvelle-Zélande qui se profile à partir de janvier 2020. Pendant six mois, elle alternera entre travail de baby-sitter et cours d’anglais. Et ce, même si ses parents restent très réticents. "On est inquiet. Elle n’a que 17 ans, elle sera toute seule à l’autre bout du monde et peut-être qu’elle ne voudra plus du tout reprendre ses études après cette expérience."

Une pause qui ne semble pourtant ni inquiéter Suzanne, très déterminée à voyager, ni Julie, Mélissa et Yohann, trois étudiants pour qui l’année de césure s’avère un véritable atout.

Une année de césure ? Mais pourquoi ?

Commencez par faire le point sur les raisons qui vous poussent à faire ce break. Cela devrait aider vos parents à comprendre pourquoi vous y tenez tant. "Bien souvent, ce n’est pas seulement pour faire une pause, c’est aussi pour se mettre à distance de la société, de ses parents, de ses études ou d’une pression personnelle", explique Marie-Hélène Demoy-Lavirotte, responsable du programme de césure Eurêka à l’école Made In à Lyon.

C'est d'ailleurs ce qui a poussé Mélissa, 19 ans, à faire une pause. La lycéenne ne se sentait pas prête à poursuivre ses études juste après le bac. "L’année de terminale a été éprouvante. C’était très démotivant de ne pas savoir quoi faire après le bac. Si j’avais continué, je serais allée droit dans le mur, j’avais besoin de prendre du recul."

Pour Yohann, 26 ans, et Julie, 21 ans, l’objectif était plutôt de prendre du temps pour réfléchir à leur avenir. "J’ai réalisé mon année de césure entre mes deuxième et troisième années de licence de lettres. Je voulais m’assurer que j’avais fait les bons choix. C’était soit l’année de césure, soit l’arrêt de mes études", raconte Yohann qui a effectué un service civique et passé trois mois en Angleterre. "Je pense qu’il ne faut pas hésiter à faire cette expérience quand on se sent prêt. Personnellement, j’y pensais depuis la terminale, mais j’ai préféré attendre d’avoir mon Bachelor (bac+3) pour partir", admet Julie, actuellement en césure à Berlin.

Tout sauf une année à ne rien faire

Parmi les idées reçues : assimiler l’année de césure à une période de vide. Un stéréotype qui est souvent source d’inquiétude pour les parents. Même si vous sortez du cycle universitaire traditionnel, il est important de garder un cadre de travail. "Il faut absolument avoir un objectif individuel ou un projet. En tout cas, il faut être accompagné pendant cette année", confirme Marie-Hélène Demoy-Lavirotte.

À Made In, l’école propose des ateliers de théâtre et des activités sportives, mais aussi des sessions de travail pour développer la culture générale des étudiants. "On leur apprend à décrypter l’actualité en utilisant d’autres outils que les réseaux sociaux. Ils participent aussi à des séminaires pour avoir un autre regard sur le monde. On leur apprend à être curieux et à prendre du plaisir dans ce qu’ils font", poursuit-elle.

Pour Yohann, cette année supplémentaire lui a permis d’approfondir ses connaissances. "Je voyais bien que j’avais quelques lacunes en littérature par rapport aux autres étudiants. J’ai donc profité de mon année pour lire plein de livres et développer ma culture personnelle. Aujourd’hui, je suis beaucoup moins perdu parce que j’ai réussi à prendre du temps pour moi", assure-t-il.

De leurs côtés aussi, Mélissa et Julie envisageaient plutôt de travailler pour gagner de l’argent. En plein doute sur son orientation professionnelle, Mélissa a préféré réaliser un service civique de huit mois, près de chez elle, à Angers. Un bon compromis, puisqu’elle peut, en parallèle, consulter régulièrement une conseillère d’orientation lui permettant de répondre à ses questions.

Julie, elle, est partie à Berlin pour devenir bilingue. "Même si ce n’est qu’un petit objectif, c’est important, surtout quand on est à l’étranger parce qu’on peut vite avoir des baisses de moral. Mais lorsqu’on se rappelle pourquoi on a fait tout cela, on se remotive immédiatement", admet l’étudiante.

La césure, un moyen de reprendre goût aux études

Pour ces trois étudiants, l’année de césure a finalement été un déclic. "Mes parents avaient peur que j’arrête mes études. Au contraire, cela m’a remotivée", affirme Mélissa. L’année prochaine, elle souhaite s’inscrire en fac de lettres tout en étant assistante d’éducation.

Même résultat pour Julie. Celle qui hésitait à se réorienter ou arrêter ses études avant de partir en Allemagne devrait finalement s’inscrire en master dans son nouveau pays d’accueil. "Travailler c’est bien, mais les études me manquent. Je suis restée en contact avec mes amis français et quand ils me disent où ils en sont cette année, j’ai hâte de reprendre aussi."

L’année de césure peut même réserver quelques surprises aux étudiants. Yohann a longtemps hésité avant de savoir s’il allait ou non reprendre ses études et valider sa licence. "C’est quelque chose qui me faisait peur, on y pense forcément. Mon service civique dans le domaine de l’éducation m’a permis de confirmer mon envie de devenir enseignant et en avril, je me suis réinscrit à la fac."

L'année de césure et au-delà

Quels que soient vos projets, montrez à vos parents ce que cette expérience peut vous apporter. "Aujourd’hui, je continue à voyager sur mon temps libre pour donner des cours à l’étranger. C’est quelque chose que je n’aurais pas fait si je n’avais pas pris cette année de césure", considère Yohann.

Pour autant, soyez vigilant sur ce qui vous attend. "Il se peut qu’une année ne suffise pas pour trouver son orientation, mais ce n’est pas grave, il faut savoir prendre son temps", estime Mélissa.

Pour ceux qui envisagent de partir à l’étranger, la décision ne doit pas se prendre à la légère. "Je dirais aux parents que leur enfant se retrouvera toujours seul à un moment ou un autre de sa vie. Bien sûr qu’il faut du temps pour s’adapter à son nouveau pays. Mes proches me manquaient beaucoup, j’ai eu du mal à trouver mes repères, mais on s’y fait facilement", reconnaît Julie. L’étudiante assure que son année de césure lui a permis de surmonter sa timidité et d'apprendre à se débrouiller seule. "L'administration allemande, ce n’est pas du tout la même que l'administration française, s'amuse Julie. Une chose est sûre, après cette expérience, vos parents ne vous reconnaîtront plus. Vous aurez forcément changé."

Pour le retour, pas d’inquiétude non plus. Yohann estime qu’il a mis environ deux semaines à s'adapter au rythme scolaire. "Les premiers temps sont difficiles mais cela revient très vite", assure-t-il. "Finalement, quelle que soit l’expérience, qu’elle soit bonne ou mauvaise, on apprend toujours des choses, tout est formateur", conclut Julie.
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