Depuis le mois de juin, les 4.300 étudiants admissibles au concours commun Mines-Ponts 2018 passent les oraux pour intégrer une des neuf écoles d’ingénieurs du concours. Reportage au cœur des salles d’examen.
À tester : le travail accompli et la vivacité d'esprit
Comme les 4.300 autres étudiants admissibles au concours Mines-Ponts en filière MP (mathématiques et physique), PC (physique et chimie) et PSI (physique et sciences de l'ingénieur), Émilien passera une suite d’oraux pour décrocher une des 1.348 places disponibles dans l'ensemble des écoles en 2018. Maths, physique, français, anglais, TIPE (travaux d'initiative personnelle encadrés), mais aussi une épreuve mixte pour les élèves des filières PC et PSI. Les épreuves sont réparties sur deux ou trois jours et se déroulent dans les écoles du concours qui se trouvent en Île-de-France. Les candidats viennent de l’ensemble du pays. Objectif du concours : "faire appel à la fois au travail accompli dans leurs mois de préparation et à leur vivacité d'esprit", décrit Bruno Dran, directeur général des concours commun Mines Ponts. L'Etudiant vous embarque dans les salles d’examen pour comprendre comment les concours fonctionnent et récolter quelques conseils pour y survivre.
Temps écoulé pour Émilien. Il doit maintenant faire la démonstration de sa méthode à l’examinateur. Chaque étape de son raisonnement est décortiquée par l'enseignant qui n’hésite pas à poser des questions pour vérifier ses connaissances et à approuver les réponses correctes. “Il a une bonne intuition”, souffle l’examinateur en observant l’étudiant poursuivre ses calculs au tableau. "90 % de ceux qui vont au bout des oraux finiront par être admis dans une école du concours ou des concours adhérents. On dit souvent que l'écrit filtre et l'oral classe. Donc cela vaut vraiment la peine que les candidats s'accrochent", déclare Yves Poilane, directeur de Télécom ParisTech et président du jury du concours commun Mines Ponts.
Renseignez-vous sur les épreuves
“Ce qui peut poser problème aux étudiants, c’est lorsqu’ils ne sont pas au courant de la façon dont se déroulent les épreuves”, explique un examinateur. Il est très important de consulter les notices des concours en ligne et de lire les bilans des épreuves des années passées. Ces précieux manuels contiennent des descriptions des épreuves, des connaissances et compétences attendues par les examinateurs. Plusieurs conseils sont également donnés aux étudiants pour réussir les oraux.
Lors de son oral d’espagnol, une épreuve qui ne compte que si elle lui rapporte des points, Élodie* fait quelques erreurs, elle se reprend, mais reste très scolaire. Habitués aux khôls, les élèves de prépa sont parfois déstabilisés lors des oraux du concours Mines-Ponts. "On ne cherche pas uniquement des étudiants qui connaissent leur cours par cœur et qui savent nous le réciter. On évalue aussi la rigueur, la vivacité d’esprit des candidats, la façon dont ils gèrent leur temps", explique un examinateur.
"Laisser place à l’initiative"
L’épreuve de travaux pratiques de sciences de l’ingénieur dure par exemple trois heures trente. “C’est une épreuve qui laisse la place à l’initiative, qui permet aux candidats de se tromper et de remédier à leurs erreurs”, indique un examinateur de travaux pratiques. Cette épreuve est le théâtre de longs échanges entre eux et un ou deux enseignants. Plusieurs candidats passent simultanément leurs épreuves dans une pièce et disposent du matériel indiqué par les programmes, comme par exemple des lasers, du matériel électronique et thermodynamique. Dans les salles, très peu de bruit, la quinzaine d’étudiants est plongée profondément dans des manipulations. Samuel, étudiant à Tours, est déçu en sortant. “Il y a eu un problème avec le matériel, cela n’a pas fonctionné tout de suite. J’ai perdu beaucoup de temps là-dessus, je n’ai pas pu répondre à la dernière question”, déplore-t-il.
Élodie, elle, déroule son exposé d’espagnol préparé en 20 minutes à partir d’un article de presse, sous l’œil attentif de son examinatrice, Marina Piedra. L’enseignante la laissera parler pendant une dizaine de minutes avant de lui poser des questions. “Les étudiants doivent parler minimum pendant huit minutes. C’est important de faire plus, sinon les questions durent 12 minutes, ce qui est très long, explique l’examinatrice. C’est aussi primordial que le candidat crée un contact visuel et mette le ton en s’exprimant. Cela permet une meilleure compréhension", ajoute-t-elle. L’examinatrice insiste également sur la valeur des exemples personnels tirés de livres ou de films à mettre en avant lors des oraux en langues et en français. "À l'oral, il faut montrer de la conviction, de la clarté et de la pédagogie envers l'examinateur. L'honnêteté intellectuelle et la connaissance du cours sont déterminantes", indique Bruno Dran.
"Un ingénieur n’est pas uniquement un scientifique"
La connaissance du cours des candidats est déterminante, mais les étudiants et examinateurs s’accordent tout de même pour dire que la motivation et la passion sont indispensables pour réussir les concours. “Cela aide à se motiver pour travailler, encourage Bruno Dran. Un ingénieur n’est pas uniquement un scientifique, il doit aussi avoir une vision, être capable de comprendre les enjeux de la société dans laquelle il est”, ajoute Cécile Cerf, examinatrice en français.
"Pas un examen final mais un début de processus"
Chacune des écoles en profite pour faire visiter ses locaux et faire découvrir aux candidats son univers. L’occasion pour eux d’ajuster leur liste de vœux. De nombreux étudiants des écoles d’ingénieurs sont également présents pour les guider et discuter. "L’ambiance est sympa ici, les gens sont cool, j’ai pu me reposer un peu avant de passer", raconte Maxime, candidat en MP. "Les examinateurs sont dans une posture bienveillante. Il ne s'agit pas d'un examen final mais du début d'un processus. On veut forcément qu'ils se montrent sous leur meilleur jour", met en avant Yves Poilane. Les 4.300 candidats pourront commencer à profiter des vacances en attendant patiemment les résultats qui seront publiés fin juillet. "Je vais me forcer à sortir, à partir pour ne pas rester chez moi à stresser en attendant", projette Samuel, candidat en PSI. Le mois de juillet paraîtra moins long...