Rapport de stage : le témoignage de Grégoire, déçu par son stage
Certains stages d’observation laissent une grande place à la pratique. Ça n’a, hélas, pas vraiment été le cas durant les deux semaines que Grégoire a passées en entreprise, au tout début de son BTS métiers de l’audiovisuel. Myriam Greuter relate son expérience dans Bien rédiger son mémoire ou son rapport de stage, publié aux éditions l’Etudiant. Extraits.
Après ce stage où il s'est très souvent retrouvé désœuvré, l'ancien élève du lycée Jacques-Prévert à Boulogne-Billancourt redoutait l'épreuve de la rédaction de son rapport : comment trouver de quoi remplir 30 pages ?
À l'époque, Grégoire triche un peu en utilisant une taille de caractères gigantesque (16, contre 12 habituellement !). Mais rétrospectivement, il se rend compte qu'il aurait pu aisément atteindre la trentaine de pages sans ces artifices un brin simplistes. Il nous explique comment réagir et quoi relater lorsqu'on est confronté à un « mauvais stage ».
Un stage apparemment peu enrichissant
Passer l'aspirateur, installer et ranger le matériel : il y a plus exaltant pour un aspirant cadreur. S'il s'est beaucoup ennuyé durant son stage, Grégoire a cependant eu la bonne idée de discuter avec les autres salariés. La meilleure attitude à adopter pour rendre un stage intéressant... et alimenter son futur rapport.
Beaucoup de désœuvrement
« Inscrit en spécialité image (qui mène aux métiers de cadreur, chef op', assistant vidéo...), j'ai été accueilli dans une société de Boulogne-Billancourt spécialisée dans la location de matériel et de plateaux de tournage, raconte Grégoire. Là-bas se tournaient des émissions de télé, ou encore de courts modules sur la vie pratique.
À l'époque, je ne connaissais rien au métier, mais après trois mois de BTS où j'avais beaucoup appris sur le plan théorique, j'avais l'impression de savoir déjà beaucoup de choses. À mon arrivée, on m'a dit que je serais "assistant plateau". Comme je l'ai écrit plus tard dans mon rapport de stage, "ce poste aux fonctions assez mal définies" consiste en fait à jouer les petites mains : rouler des câbles, installer le matériel, passer l'aspirateur, ouvrir une porte, donner un coup de main pour installer le décor.
L'assistant plateau est le dernier chaînon ouvrier, celui qui comble les vides en donnant des coups de main au cadreur, à l'accessoiriste, aux électros... Pas de quoi sauter au plafond. Mais le pire, c'est que les techniciens, déjà désœuvrés, n'avaient pas besoin de moi. La plupart du temps, j'étais donc inoccupé. Je regardais ce qui se passait... et il ne se passait pas grand-chose. »
Ne pas hésiter à parler avec les salariés
« Le désœuvrement a tout de même un avantage, remarque Grégoire, c'est qu'il donne l'occasion d'observer ce qui se passe autour de soi. J'ai ainsi pu constater combien les caractères des uns et des autres pouvaient peser sur les ambiances de tournage, ou à quel point l'animateur télé donne le tempo des opérations et prime sur le réalisateur.
Je me félicite aujourd'hui d'avoir discuté avec l'équipe : chef op', cadreurs, monteurs, accessoiriste, réalisateur, chef électricien, chef de plateau... Les uns m'ont donné des tuyaux pour ma future carrière, les autres m'ont parlé technique. Les gens adorent donner des conseils : je recommande donc à tout stagiaire de discuter avec les salariés qui l'entourent (surtout s'il s'ennuie et redoute de rester sec au moment d'écrire son rapport !).
Certes, dans l'audiovisuel, l'atmosphère est au copinage, tout le monde se tutoie, il n'y a pas de sentiment de hiérarchie. Mais je crois que dans tous les milieux, si l'on arrive avec une question et une tasse de café, à un moment où la personne est disponible, on ne dérangera pas. Personne ne vous reprochera de poser des questions : un stagiaire est là pour découvrir ! Vous pouvez aussi proposer de prêter main-forte à vos collègues. »
Un rapport très concis
Après ces deux semaines assez moroses, Grégoire doit trouver de quoi remplir 30 pages – lui qui, de surcroît, n'a jamais rédigé de rapport de stage. « J'étais un peu tracassé », avoue-t-il...
Ficelles pratiques
« La première parade que j'ai trouvée, c'est d'écrire mon rapport en police taille 16, détaille Grégoire. Rétrospectivement, je me dis que je me suis un peu fichu du monde. Mon rapport suivant, après un stage d'été de cinq semaines, je l'ai écrit en corps 14. Ça passe, mais en général, on écrit plutôt en 11 ou 12...
Je me souviens bien qu'à l'époque, j'avais vraiment peur de ne pas avoir suffisamment de choses à dire – d'autant que je suis habituellement synthétique dans ma façon d'écrire. Les annexes m'ont bien servi. J'avais glané beaucoup de documents : fiches tarifaires, organigrammes, descriptions du matériel, sommaires des émissions... J'ai fait un tri, et même si les annexes occupent 15 pages sur 30, ce n'est pas une escroquerie : chacune d'elles se justifie et est citée dans le corps du texte. Mais j'avoue que j'étais bien content de les coller dans mon rapport...
Finalement, mon travail m'a valu une bonne note – et aucune remarque sur la taille de la police. Mais aujourd'hui, je vois clairement que même avec un stage comme celui-là, j'aurais pu faire plus long. »
Analyser les rôles de chacun
« En fait, estime aujourd'hui Grégoire, dans mon rapport de stage, je passe un peu vite sur la description des métiers et de certains matériels. À l'époque, ça me paraissait normal de ne pas m'étendre, puisque je baignais dans ce milieu et que je m'adressais à des gens qui connaissaient ce dont je parlais.
Mais quand je relis des phrases comme "J'ai passé la fin de mon stage en régie" (le récit s'arrête là), je me dis que si moi, je n'ai effectivement rien fait ces jours-là, j'aurais dû détailler le travail de la scripte, du réalisateur, qui se trouvaient à mes côtés, et dire ce que j'en pensais.
Ce qui aurait aussi été intéressant, c'est de donner mon regard sur le métier. Je me contente par exemple de noter que le réalisateur n'a pas de rôle artistique dans ces émissions ; j'aurais pu expliquer pourquoi. »
Règle d'or : penser à son rapport avant le stage
« Au fond, considère Grégoire, le problème, c'est que je n'ai pas pensé à mon rapport avant le stage. C'est dommage, parce que mon séjour serait devenu plus intéressant. Au lieu d'être totalement désœuvré, j'aurais pensé à des choses constructives, par exemple "Tiens, il faut que je coince le réalisateur et que je lui pose telle question pour mon rapport".
L'idée, à mon avis, c'est de se comporter un peu comme un journaliste : penser à mon rapport m'aurait poussé à aller davantage vers les gens, à mieux comprendre l'entreprise. Je me serais notamment demandé : "Est-ce que ça se passe partout comme ça ?" In fine, j'aurais pris plus de recul et mieux expliqué les choses, malgré un stage assez creux. Mon rapport, quant à lui, aurait pu sans problème tenir 30 pages – et cette fois, en police taille 12 ! »
Si vous appréhendez l'étape de la rédaction, vous pouvez demander des consignes ou des conseils supplémentaires à votre enseignant. Vous pouvez aussi faire lire votre travail à vos proches. Ils vous demanderont peut-être de détailler davantage tel passage...
Selon Grégoire, une autre aide extérieure peut être précieuse : « Lisez des rapports de stage réussis, lance cet ancien étudiant de BTS. Vous y trouverez des exemples de plans, et vous verrez bien tout ce qu'on peut dire, même après un simple stage d'observation. Si j'avais lu quelques rapports avant de me lancer dans l'écriture, j'aurais sans doute eu des idées pour que certaines de mes parties dépassent la demi-page... »