Actu

Les protections périodiques seront gratuites dans toutes les universités

La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, lors de sa rencontre avec des étudiants à Poitiers, le 23 février 2021.
La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, lors de sa rencontre avec des étudiants à Poitiers, le 23 février 2021. © Amélie Petitdemange
Par Amélie Petitdemange, publié le 24 février 2021
5 min

Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, a annoncé ce mardi la mise en place de distributeurs de protections périodiques gratuites dans les campus universitaires.

La ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, était à Poitiers ce mardi pour rencontrer des étudiants et l'Association fédérative des étudiants de Poitiers (AFEP).
À cette occasion, elle a annoncé la gratuité des protections périodiques pour tous les étudiants. "Des distributeurs de protections périodiques gratuites seront installés dans les services de santé universitaire et dans les résidences CROUS, dans des lieux de passage. L'objectif, c'est de les mettre en place le plus rapidement possible, dans les toutes prochaines semaines", a affirmé la ministre.

1.500 distributeurs à la rentrée 2021

À partir de la rentrée de septembre, 1.500 distributeurs seront déployés sur l’ensemble des campus . "C’est un chiffre ambitieux mais nous sommes capables d’y arriver", a ajouté Frédérique Vidal à l'issue de sa rencontre avec les étudiants.
Pour Anna Prado De Oliveira, vice-président en charge de la lutte contre les discriminations à la fédération des associations générales étudiantes (FAGE), cette annonce est "une première étape". "Dans un second temps, il faudra approvisionner les sites qui n'ont pas forcément de résidence universitaire ou de Crous", met en garde l'étudiant. Il se réjouit par ailleurs que ces protections soient garanties "bios, respectueuses de l'environnement et des corps".
Environ 15 millions d’euros seront dédiés chaque année à cette mesure. Ce dispositif sera pérenne et pas seulement pendant la crise sanitaire.

Co-construire une campagne de communication

Cette annonce fait suite à un travail de concertation entre la ministre, des parlementaires, les organisations étudiantes représentatives et l’association Règles élémentaires. La problématique de la précarité menstruelle était en effet soulignée depuis longtemps par les associations étudiantes FAGE et UNEF.
"Cette mesure tant revendiquée est une avancée dans le combat contre la précarité et le sexisme", a réagi ce mardi l' union nationale des étudiants de France (UNEF) dans un communiqué. Le syndicat étudiant reste cependant "vigilant sur sa mise en application, qui reste pour le moment floue" et demande que "ces distributeurs soient présents dans le plus d’espaces possible".
Une campagne de communication sera imaginée avec les étudiants pour faire connaître la mise en place de ces distributeurs entièrement gratuits. "Il faut aussi mener une campagne d’information sur l’usage notamment des protections réutilisables", a ajouté la ministre. L'objectif est aussi de banaliser les règles, notamment en installant ces distributeurs dans des lieux de passage.

Briser le tabou autour des règles

Pour Gabriel Demas, président de l'AFEP, la prochaine étape consiste à briser le tabou autour des règles. "Les associations étudiantes vont travailler avec le ministère sur une campagne de communication, mais il faut imaginer d'autres dispositifs, comme des débats par exemple".
Un avis partagé par Anna Prado De Oliveira : "Nous devons arrêter d'avoir honte, de cacher notre tampon ou notre serviette. Il faut aussi comprendre que toutes les femmes n'ont pas leurs règles et que des personnes qui ne sont pas des femmes, comme les non-binaires (qui ne se reconnaissent ni comme homme, ni comme femme, NDLR) ou les transgenres, ont leurs règles. C'est un souci économique et politique dont tout le monde doit se saisir".
La précarité menstruelle concerne 1,7 million de personnes en France

, selon un sondage Ifop réalisé en février 2019. Les protections représentent une dépense de cinq à dix euros par mois, auxquels s'ajoutent d’autres dépenses - médicaments antidouleurs, achat de vêtements, sous-vêtements, literies - allant jusqu’à plus de 20 euros par mois, pointe une enquête de la FAGE publiée en février 2021.

Selon cette enquête, un tiers des étudiants estiment avoir besoin d’une aide financière pour financer leurs protections périodiques. Un tiers des répondants utilisent des protections lavables, mais près de sept sur dix déclarent ne pas en avoir suffisamment pour des raisons financières. Enfin, pour ces mêmes raisons, un étudiant sur dix est contraint de fabriquer ses protections.

Impact sur la santé et le quotidien

Ce manque de protections périodiques présente des risques graves pour la santé. L’utilisation prolongée d’une protection ou d’une solution alternative faite maison augmente en effet le risque de choc toxique, une maladie infectieuse causée par la diffusion dans l’organisme d’une bactérie.
Les témoignages recueillis par la FAGE soulignent par ailleurs les conséquences de cette précarité menstruelle sur le quotidien. À la question "que feriez-vous avec l’argent dépensé dans les protections si vous n’aviez pas à en acheter ?", des étudiants ont répondu: "payer le loyer ou la fac sans être angoissé à chaque fin de mois" ou "je mangerais à ma faim".
Dans ce contexte, le gouvernement avait annoncé dès décembre dernier qu'il augmentait de 4 millions d’euros son budget pour la lutte contre la précarité menstruelle en 2021.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !