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Décryptage

Abdel, 24 ans, engagé en Service Civique Solidarité Seniors : « Chaque jour, je me dépasse »

Proposé par le Service Civique Solidarité Seniors

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Par L'Etudiant Fab, publié le 01 juin 2022
6 min

D’abord curieux, Abdel a choisi de rejoindre le Service Civique pour sortir de sa zone de confort. Une expérience fructueuse qui l’a conduit à dépasser sa timidité, à faire de magnifiques rencontres et à mieux se connaître.

« Ce qui m’a d’abord poussé à m’engager, c’est ma grande curiosité : une amie faisait un Service Civique, elle était animatrice et me racontait son quotidien. J’avais envie d’en savoir plus, de voir ça de mes propres yeux. Je crois, aussi, que j’avais besoin de sortir de ma zone de confort. Je suis un garçon timide, qui aime étudier et s’informer dans sa bulle et je me disais que ce genre d’expérience était susceptible de m’encourager à me dépasser et à m’ouvrir. Comme un antidote.

J’ai postulé à plusieurs offres, c’est ainsi que je suis tombé sur le Service Civique Solidarité Seniors. Actuellement, en parallèle de mes études de physique, que je mène à la fac de Saint-Charles, à Marseille, j’interviens dans un Ehpad. Mon contrat se termine bientôt. Cette mission, qui aura duré huit mois, ne m’a pas seulement aidé à payer mon loyer… Elle m’a transformé. »

« Les premiers jours, on ne sait pas trop comment s’y prendre »

« Je me rends à l’Ehpad Notre-Dame tous les matins, et la première chose que je fais, c’est de préparer le café ! Ensuite, j’aide les résidents à descendre au salon. En bas, on fait des jeux d’adresse ou bien je leur lis le journal. Ma mission consiste également à préparer des animations, comme des concerts, avec les dirigeants de l’Ehpad.

Je suis en binôme avec une fille qui a à peu près mon âge. Je trouve ça super d’évoluer à deux, en permanence. Au début, surtout, c’est essentiel : les premiers jours, on ne sait pas trop comment s’y prendre ! Que dire aux personnes âgées ? Comment réagir face à quelqu’un qui parle trop ou quelqu’un qui ne parle pas ? Un jour, une vieille dame s’est mise à crier, les aides-soignantes n’étaient pas présentes, et ma binôme et moi étions perdus. Mais, en duo, on a pris la décision de calmer cette femme qui, ce jour-là, était dans tous ses états. Ça commençait fort ! »

« Le Service Civique aide à aller vers les autres, à oser »

« Aujourd’hui, quand je revois celui que j’étais lors de mes premiers pas à l’Ehpad, je peux affirmer que ma timidité s’est envolée en grande partie. Le Service Civique aide à aller vers les autres, à oser. J’en avais vraiment besoin, parce que j’ai toujours voulu aider les gens, à mon échelle, mais une part de moi m’obligeait à rester dans mon coin. Plus largement, je trouve que le Service Civique fait grandir. Je découvre que je suis capable d’adresser la parole à quelqu’un et de tenir une conversation ! Je le faisais avant, mais je le faisais sans confiance et je manquais d’aise. Avec le Service Civique Solidarité Seniors, j’ai acquis de la confiance. J’ai même été interviewé par des journalistes de La Provence et je suis passé sur France 3 pour témoigner de mon expérience. Je n’aurais jamais cru en être capable… et je n’aurais jamais cru apprécier !

On découvre de quoi on est capable et puis on découvre aussi ses limites. Je sais que face à une personne âgée qui ne va pas très bien et se met à pleurer, par exemple, j’ai encore du mal à gérer mes émotions et à rester le Abdel, désormais bavard. Ce n’est pas grave : que j’apprenne ou non à gérer mes émotions par la suite, l’important est de savoir qui je suis».

« Avec le Service Civique Solidarité Seniors, le bonheur circule »

« J’adore parler avec les personnes âgées. Elles racontent leur vie et les souvenirs d’une époque. On parle aussi de météo, de politique, de football beaucoup. Avec certaines, je développe de vrais liens. Je sais que je me souviendrai de tous ces gens très longtemps, comme de ce monsieur, qui était marinier et me contait souvent ses voyages, ses bateaux, les pays qu’il avait visités, sa passion pour les océans… Ce genre d’échange est super précieux. On apprend des choses que l’on n’aurait pas apprises ailleurs.

Ce qui est génial, aussi, c’est que les personnes âgées s’intéressent à nous. La bienveillance et l’intérêt sont mutuels. Les résidents prennent toujours le temps de me demander comment je vais, où j’en suis dans mes études. Ça me fait plaisir de leur parler de moi, de la même façon que je les écoute. Ce qui me touche le plus, dans cette réciprocité, c’est le bonheur qui circule. Quand les personnes âgées me remercient d’être là et me disent qu’elles sont heureuses, je me sens heureux. Nous remplissons nos réservoirs affectifs, émotionnels, humains».

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