Cassandre, 18 ans : « Le Service Civique Solidarité Seniors, c’est un peu l’école de la vie »
Proposé par le Service Civique Solidarité Seniors
Âgée de 18 ans, Cassandre a décidé de s’engager en Service Civique Solidarité Seniors, après une expérience infructueuse à la fac et sur le marché du travail. Désormais volontaire dans un Ehpad à Tours, elle nous raconte combien sa mission auprès des personnes âgées la comble, entre émotions fortes et compréhension du monde qui l’entoure.
« J’ai pensé que ça pouvait être amusant et enrichissant »
« Après mon baccalauréat littéraire, je me suis lancée en fac d’histoire, mais j’ai vite fait demi-tour : trop théorique, trop politisé, trop plombant… Quelque chose ne me convenait pas. J’ai presque développé une phobie scolaire ! Me rendre en cours devenait impossible. Je n’avais qu’une envie : mettre les études de côté pendant plusieurs mois, me faire un peu d’argent et retenter une fac de socio ou philo au moment opportun. Mais quand il a fallu trouver un job, j’ai ramé, entre retours négatifs des uns et belles promesses sans suite des autres.
Et puis un jour, des amis m’ont parlé du Service Civique. Je n’y avais pas pensé alors que je savais que ça existait ; beaucoup de mes copains ont tenté l’expérience, bougé en France, vécu des choses incroyables. Ni une ni deux, je me suis renseignée et j’ai postulé : un Ehpad près de chez moi cherchait des volontaires pour créer du lien social avec les personnes âgées. J’ai pensé que ça pouvait être amusant et plus enrichissant qu’un job lambda. Après un premier entretien, beaucoup moins agressif que ce que j’avais pu expérimenter auparavant, j’ai été prise. Et depuis, la belle aventure a commencé».
« À travers un atelier Origami, j’ai compris que j’étais utile au bonheur des autres »
« Je suis engagée pour 6 mois, et je fais des semaines de 24 heures. Concrètement, je me rends à l’Ehpad du lundi au vendredi, de 10h à 13h et de 14h à 17h. Ce qui ne m’empêche pas de suivre une formation de photographe en parallèle, car j’ai compris durant ma période de tâtonnements que j’avais besoin d’exercer un métier-passion, en lien avec l’art.
À l’Ehpad, il y a exactement 105 résidents. Tous les matins, quand j’arrive, ma binôme et moi passons d’étage en étage pour dire bonjour. Nous discutons avec les personnes âgées et nous leur apportons le journal. Ensuite, la journée est rythmée d’activités, à commencer par l’atelier Origami, que j’ai créé avec ma co-volontaire. Une dame nous a inspirées : elle adore ça, mais à cause de son arthrose, elle ne peut plus manipuler le papier. Alors on a motivé les troupes. On fabrique des guirlandes et tout un tas de choses. Dernièrement, la résidente à l’origine de tout ça a perdu patience face à la cocotte que je ne parvenais pas à réaliser, si bien qu’elle a pris ma relève et a découvert qu’elle pouvait encore faire des origamis. Elle m’a scotchée et rendue heureuse, parce qu’elle était super heureuse elle-même. Elle a même repris confiance en elle. Ce genre de moment donne vraiment du sens à la mission, je me sens utile au bonheur des autres, exactement comme quand nous organisons des surprises pour les anniversaires».
« À travers les récits des résidents, je grandis »
Le Service Civique Solidarité Seniors, c’est beaucoup de bonheur. Parfois des larmes, aussi. Disons que c’est émotionnellement très fort. Les personnes âgées peuvent être très drôles et nous faire du bien, à nous aussi. Parfois, elles nous racontent des choses plus dures. Mais on apprend d’elles. On apprend la vie, on apprend à la source. Je dirais même que j’apprends bien plus ici qu’à la fac, même si c’est peu comparable.
À travers les récits des résidents, je grandis : comment se remettre du décès d’un proche ? Comment composer avec une famille absente ? Tout ce qu’ils me confient fait écho en moi. Je fais un tas de transferts, comme on dit en psychologie, tant je m’attache à leurs émotions en sentant qu’ils répondent aux miennes. Mais j’essaie parfois de m’en extraire, afin de ne pas me mettre en souffrance. Aussi parce que nous sommes là pour apporter de la joie, lire un poème quand quelqu’un déprime, aller prendre l’air quand les tracas surgissent. Le Service Civique Solidarité Seniors, c’est un peu l’école de la vie : c’est parfois compliqué, mais qu’est-ce que c’est bien !».
« Sans rémunération, je n’aurais peut-être pas pu m’engager »
« Si je compare le Service Civique à l’école de la vie, c’est aussi parce que nos missions nous préparent au monde professionnel. Nous accompagnons les personnes âgées mais nous sommes nous aussi parfaitement accompagnés. Je vais bientôt suivre ma première formation, l’objectif étant de détenir de nouvelles clés pour gérer d’autant mieux ma mission. À mi-parcours, un point sera organisé avec ma tutrice. Tout ça est encadré et nous responsabilise.
Être indemnisé est aussi confortable. Je peux mettre de l’argent de côté comme je le souhaitais et financer ma formation de photographe. C’est aussi un moyen d’entendre que le travail que l’on fournit est récompensé. Sans cet argent, je n’aurais peut-être pas pu m’engager, tandis que là, je lie l’utile à l’agréable et au moins, je sors de chez moi, je m’épanouis, je réfléchis plus posément à ce que je veux faire plus tard. C’est bénéfique. Je vis avec mon compagnon, mais il n’est pas beaucoup présent en ce moment. Moi aussi, la solitude, ça me parle, alors on peut dire que le Service Civique Solidarité Seniors permet aux solitudes de se rencontrer et de vivre des moments très forts, très enrichissants, qui nous font évoluer. Tout le monde est gagnant».