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Les Fleurs du mal - Baudelaire : les grands thèmes

Thèmes les fleurs du mal - Baudelaire
Thèmes les fleurs du mal - Baudelaire © Adobe Stock
Par La cellule contenu de l’Etudiant, publié le 08 juin 2023
7 min

Monument de la poésie française, Les Fleurs du mal renferme des thèmes reflétant les obsessions de Charles Baudelaire, également devenues celles des professeurs de français ! Mais, quels sont les sujets majeurs traités par l’auteur dans son recueil paru en 1857 ? Suivez le guide.

Quels sont les thèmes abordés dans Les Fleurs du Mal ?

  • Le Spleen

  • L'idéal

  • L'amour / la passion / la déception amoureuse

  • La beauté / la laideur

  • La mort et la maladie

  • Paris

  • Le voyage

Les thèmes principaux de l'œuvre du poète Charles Baudelaire "Les Fleurs du Mal" oscillent entre l'amour, la mélancolie, le mal-être, le voyage, le beau et le laid.... Parcourez cet article pour découvrir notre analyse de chacun de ces thèmes.

Spleen et idéal : 2 thèmes principaux, opposés au cœur des Fleurs du mal ?

Plusieurs grands thèmes émergent tout au long des 6 cycles qui composent les Fleurs du mal de Charles Baudelaire :

  • Spleen et Idéal

  • Tableaux parisiens

  • Le vin

  • Les Fleurs du mal

  • Révolte

  • La Mort

Le spleen en est l’un des sujets majeurs des Fleurs du Mal, à tel point qu’il a largement contribué à populariser ce mot d’origine anglaise désignant une humeur noire. Notons que Diderot avait commencé à employer ce terme près d’un siècle avant Baudelaire. Cependant, par spleen, Baudelaire décrit lui une profonde mélancolie, accompagnée des sentiments de solitude, de dégoût et d’ennui : on peut aller jusqu’à rapprocher cela de la dépression. Ce mal de vivre s’exprime à travers des formes variées et parfois très figuratives telles que les chats, l’obscurité ou le mauvais temps (et particulièrement la pluie) qui sert d’ailleurs de décor au poème intitulé Spleen.

Au spleen Baudelaire oppose l’idéal, concept qui lui est également cher, reflétant des aspirations nettement plus positives, comme l’immortalité ou la liberté. Ces perspectives incarnent une sorte d’échappatoire à la tristesse quotidienne.

Bien que contraires, ces dynamiques de vie et de pensée constituent l’essence même de l’inspiration des Fleurs du mal. Le titre du premier cycle, Spleen et Idéal, montre cette dualité. Et nous allons la retrouver tout au long des autres thèmes qui parsèment le recueil.

L’amour et la beauté féminine : les thèmes les plus récurrents des Fleurs du mal

Tout au long des 100 poèmes qui composent Les Fleurs du mal, l’amour s’impose de loin comme le thème le plus fréquent. Les figures féminines provoquent des émotions contradictoires, entre passion, fascination, violence des sentiments, désespoir et débauche.

Dans le poème du même nom, L’Idéal est décrit à travers la figure d’une femme inconnue à l’image quasi angélique et qui semble le seul salut possible du poète. Cependant, dans les faits, la vie de Baudelaire est parsemée de déceptions amoureuses et l’on devine dans le recueil la présence de plusieurs amantes.

La femme lui apparait tantôt comme une muse, tantôt comme une figure vampirique qui détourne le poète de la création. Sans crier gare, la beauté peut devenir laideur, et l’idéal se transformer en spleen.

Les thèmes de la mort et de la maladie dans l'œuvre de poèmes de Charles Baudelaire, les Fleurs du Mal

À sa sortie, Les Fleurs du mal a choqué la société française et les bonnes mœurs, car l’état de spleen y est occasionnellement alimenté par la débauche et un univers très sombre. Baudelaire lie souvent le sexe à la mort (comme dans le poème Les Deux Bonnes Sœurs) en raison de la syphilis qu’il a contractée et dont il mourra à 46 ans, 10 ans après la publication du recueil.

Cette obsession morbide s’articule dans le cycle lui-même intitulé Les Fleurs du mal, avant un cycle final sobrement baptisé La Mort. Elle se déploie à travers une atmosphère maléfique, proche du fantastique. Le trépas s’apparente à une issue inévitable, qui le délivrera enfin de la monotonie de la vie.

La fascination de Baudelaire pour la laideur, la souffrance et l’au-delà lui a permis d’amener sa poésie dans des recoins que ses prédécesseurs n'avaient jamais osé explorer.

L’expression artistique, tout l’enjeu des Fleurs du Mal : analyse

La condition de l’artiste, constamment atteint du spleen et aspirant à l’idéal, est un autre thème central des Fleurs du mal. Baudelaire tire toute son inspiration de cette dualité, et dans le poème L’Hymne à la Beauté, il demande à cette dernière, personnifiée, si elle vient du ciel ou de l’enfer. Mais au final, il la suivra n’importe où ! C’est en parvenant à trouver la beauté contenue paradoxalement dans le mal, qu’il en extrait des fleurs, soit des poèmes (comme le montre la métaphore titrant le recueil). Il se compare d’ailleurs explicitement à un alchimiste dans le poème Orgueil (« J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or »).

Avec cette démarche, Charles Baudelaire s’inscrit totalement dans le romantisme, mouvement culturel démarré en Angleterre, et  qui bouleverse autant la littérature que la peinture et la sculpture au XIXe siècle. Le monde moderne est alors source de désenchantement pour ces artistes, qui trouvent refuge dans leurs disciplines respectives. On peut citer d’autres noms comme Alfred de Musset ou Victor Hugo, qui ont été affectés par ce « mal du siècle ».

Paris : un thème récurrent dans les Fleurs du Mal

Il est difficile de dissocier Baudelaire de son époque et de sa vie à Paris. Dans le cycle Révolte, Baudelaire dénonce les conventions sociales et religieuses de son temps, ce qui l’amènera à être censuré pendant près d’un siècle. Mais c’est le cycle Tableaux parisiens qui retranscrit le mieux son quotidien dans la capitale. Sa relation avec Paris est aussi ambigüe que son rapport aux femmes. Il écrira même « Je t’aime, ô capitale infâme » dans un autre recueil intitulé Le Spleen de Paris.

Au XIXe siècle, l'agitation de Paris et les révolutions industrielles nourrissent autant l’aliénation sociale et le caractère éphémère d’un temps qui s’écoule trop vite. Une fois de plus, cette impression fugace provoquée par la vie urbaine s'oppose à des phases d’ennui mélancoliques propres au spleen, auquel il ne semble donc jamais réchapper.

Le thème du voyage

Pour mieux fuir la société parisienne et ses travers, Baudelaire semble rêver d’un ailleurs, qu’il s’agisse d’une destination exotique ou d’un fantasme de passé idéalisé. Plusieurs poèmes portent notamment l’empreinte d’un voyage qu’il a effectué à 20 ans dans les actuelles îles Maurice et de la Réunion, et qui visait à l’éloigner de sa vie de débauche à Paris.

L’Albatros, un des poèmes les plus célèbres des Fleurs du mal, a été inspiré par l’un des voyages en mer effectués par l’auteur. L’oiseau y est décrit comme une métaphore du poète incompris. Tout au long du livre, la frontière est mince entre un véritable voyage à l’étranger et une odyssée métaphysique. Cependant, le poème intitulé Le Voyage ramène à nouveau à la Mort, vue comme le trajet ultime vers l’inconnu.

Les thèmes des Fleurs du mal ont largement contribué à faire de Baudelaire un poète maudit suscitant l’incompréhension de ses contemporains. On espère qu’inversement, ce survol à dos d’albatros du recueil vous aura aidé à discerner, derrière ces vers, la grande quête d’un idéal inaccessible.

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