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Bac de philo - Fiche de révision sur la religion

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Par La cellule contenu de l’Etudiant, mis à jour le 18 avril 2024
12 min

Philosophie - Bac toutes séries

La religion occupe une place centrale dans l’histoire de la civilisation. De nombreux philosophes ont cherché à en comprendre les origines, les limites et l’influence sur l’homme. Retrouvez tout ce que vous devez savoir sur la notion de religion pour aborder le bac philo en toute sérénité !

Comment définir la religion en philosophie ?

Ce sujet est d’actualité : il ne faut cependant pas confondre "religion" et « croire en Dieu », puisqu’il y a des religions sans Dieu, tout comme il faut distinguer "religion" et "fanatisme" ainsi que "superstition" et "fondamentalisme".

Etymologie de religion en latin : religere ou religare

L’étymologie du terme "religion" est particulièrement instructive. Le mot « religio » serait dérivé de « religare » qui signifie « relier » et peut-être aussi de « religere » qui veut dire à la fois « respecter » et « recueillir ».

Or la religion, c’est à la fois ce qui relie les hommes à une puissance qui les dépasse, tout en les reliant entre eux. Mais c’est aussi un retour méditatif sur soi-même (« recueillement ») propice au respect, non seulement d’un Dieu, mais aussi éventuellement, de l’Humanité. Il est important de noter qu’il existe des religions sans Dieu (culte des ancêtres, bouddhisme, animisme).

Quelle est la définition de la religion ?

Si l’on se réfère à l'étymologie du mot, deux interprétations sont possibles :

  • religare (latin) : au sens de relier, où l’on peut interpréter la religion comme ce qui lie les hommes entre eux et les rattache au divin ;

  • religere (latin) : au sein de cueillir, où l’on peut interpréter la religion comme l’expérience du sacré à travers la patience et la piété.

Les notions de sacré et de profane sont également indissociables de la sphère religieuse. On peut définir le sacré comme une chose interdite, renvoyant au domaine du divin dont l’accès peut être seulement autorisé par des rites spécifiques. Le profane quant à lui désigne originellement ce qui se trouve hors du temple, en l’occurrence tout qui n’a pas trait au domaine du spirituel.

La religion ou les religions ?

Il y a de nombreuses formes de religiosité et des approches multiples du « fait religieux ».

D’un point de vue sociologique, on nomme « religion » l’ensemble des croyances et des pratiques relatives à un domaine sacré séparé du profane, liant en une même communauté morale tous ceux qui y adhèrent, et manifestant sous des formes très diversifiées les rapports des hommes à Dieu, au divin ou au sacré.

En philosophie, on distingue :

  • la « religion intérieure », c'est-à-dire le rapport individuel et direct de l’âme humaine avec Dieu ou avec le divin, axé donc sur la foi,

  • de la « religion extérieure », c’est-à-dire l’ensemble des institutions ayant pour fonction de régler les rapports des croyants avec Dieu ou les rites / cérémonies et une liturgie spécifique, et variables selon les époques et les civilisations. 

Origines de l’universalité de la religion : à quoi sert la religion ?

De tout temps, l’homme et la religion ont toujours été intimement liés. Mais comment expliquer la naissance et l’ancrage de ce rapport au divin et au spirituel ?

La frontière fine entre mythes et religions (Lévi-Strauss)

Toutes les religions contemporaines reposent sur des mythes fondateurs. C’est la raison pour laquelle la majorité des récits religieux abordent une structure semblable, des thématiques communes. Claude Lévi-Strauss (1908-2009), éminent anthropologue et ethnologue, développe ainsi l’idée que l’expérience religieuse - au sens spirituel - est profondément ancrée chez l'Homme.

La religion pour rassembler les hommes (Durkheim)

L’approche d’Émile Durkheim (1858-1917) concernant la religion se rapproche de la définition d’une spiritualité commune et fédératrice. Le sociologue français juge la pratique de la religion comme étant avant tout collective. Pour lui, elle ne peut être séparée de l’Église, vectrice d’unité et de rassemblement.

 « Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées [...] qui unissent en une même communauté morale, appelée Église, tous ceux qui y adhèrent ». (Émile Durkheim)

Ainsi, Émile Durkheim juge la religion et la société comme étant interdépendantes. Outre sa dimension fédératrice, la religion aurait également contribué à civiliser les hommes, notamment par la définition de nos limites morales.

La religion comme réponse à une quête de sens (Freud)

Pour expliquer l’universalité de la religion, Sigmund Freud (1856-1939) met en exergue le besoin viscéral de l’homme à trouver un sens à son existence, et plus particulièrement à la fin de celle-ci. Dans son raisonnement, le philosophe autrichien distingue trois grandes raisons qui expliquent la place centrale de la religion dans la civilisation :

  1. Le besoin de protection, qui se traduit par le rapport affectif et filial qu’entretiennent les Hommes avec Dieu ;

  2. Le besoin de compréhension du monde, où la religion permet d’apporter des réponses satisfaisantes à la raison notre existence, à l’origine de ce qui nous entoure ;

  3. Le besoin d’une justice morale, où les actions de chacun ont des conséquences dans le monde physique et dans l’au-delà.

Autrement dit, Freud développe l’idée selon laquelle Dieu est une illusion façonnée par l'Homme, et dont le but est d’échapper à une réalité trop effrayante et vide de sens.

Marx, Freud, Nietzche : les trois critiques

La religion a été attaquée dès l’antiquité par les matérialistes, comme Epicure et Lucrèce, qui ont vu d’emblée à quel point les « fables divines » pourraient être exploitées pour terroriser les Hommes

Mais ce sont Marx, Nietzsche et Freud qui, dans les temps modernes, ont été les adversaires les plus virulents de la religion : 

  • Pour Marx, elle est l’ « opium du peuple » qui permet d’oublier la misère réelle, la dureté de la condition humaine, en faisant miroiter un improbable paradis pour les justes. Pour Marx, la religion est avant tout un instrument de domination des puissants sur les faibles.

  • Pour Feud, elle est une illusion qui infantilise les croyants en prétendant qu’un Père bienveillant veille sur chacun d’entre nous.

  • Pour Nietzsche, « Dieu est mort », et c’est nous qui l’avons tué. Cela signifie que la philosophie a compris que la religion finira par s’effacer mais cette nouvelle « n’est pas encore parvenue à l’oreille des hommes ».

La religion n’est pas la superstition

Une des meilleures défenses de la religion a été formulée par de nombreux philosophes. Elle consiste à la dissocier la superstition de la religion "authentique".

La superstition - du latin superstitio « superstition » de superstare, « se tenir dessus », qui désigne ceux qui prient pour que leurs enfants leur survivent – est une attitude irrationnelle consistant à croire que certains actes ou certains signes entraînent sans raison intelligible des conséquences bonnes ou mauvaises. 

  • Mais, selon Saint Augustin ou Pascal, la vraie foi (du latin fides, confiance, fidélité, engagement) n’est pas contraire à la raison qu’elle dépasse sans la contredire. La « vraie religion « peut inclure le doute et exclure le fanatisme.

  • Pour Sénèque, « la religion honore les Dieux, la superstition les outrage ».

  • Pour Kant, la superstition est l’ illusion en vertu de laquelle il serait possible par les opérations du culte de « préparer sa justification devant Dieu ».

De façon générale, les philosophes croyants condamnent et rejettent la superstition dans laquelle ils dénoncent une perversion et la caricature de la religion.

Religion instituée ou authenticité de la foi ? (Kierkegaard et Voltaire) 

Pour s’épanouir dans la religion, il est indispensable d’avoir trouvé la foi. Cette quête - salutaire tant sur le plan moral que spirituel - donne du sens au parcours du croyant, car elle est souvent guidée par des doutes et des angoisses profondes.

Or, pour Søren Kierkegaard (1813-1855), théologien danois réputé pour ses critiques envers l’Église, les religions instituées (cultes institutionnalisés qui répondent à des codes et des règles strictes) s’inscrivent en opposition à cette quête authentique de la foi, celle-ci étant transmise par le biais de l’éducation religieuse et reposant le suivi aveugle de préceptes.

Voltaire (1694-1778) défend, quant à lui, l’idée d’une religion naturelle. Autrement dit, l’expérience intérieure et personnelle de la foi à travers l’observation de l’univers.

 « L’univers m’embarrasse et je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger. » (Voltaire)

La religion, un instrument de propagande politique ? (Hobbes et Spinoza)

Le rapport entre autorité et religion a suscité de nombreuses critiques à travers les années. Faut-il souhaiter la neutralité de l'Etat pour une société juste et stable ? Si Thomas Hobbes (1588-1679) préconise le rassemblement de l’État et de l’Église pour entériner la problématique théologico-politique (les rois souverains sont les représentants de Dieu sur terre, donc le peuple se doit de les écouter et les suivre).

D’autres penseurs soulignent l’impossible cohabitation entre politique et religion :

  • C’est par exemple le cas de Baruch Spinoza (1632-1677) que l’on associe à l’émergence du principe de laïcité. En cela, il est considéré comme un précurseur du courant des Lumières, symbolisé par le triomphe de la raison dans l’accès à la liberté et au bonheur.

  • Pour le philosophe allemand Karl Marx, la religion est comparable à un asservissement du peuple, une façon de le maintenir docile.

Croyance et raison : une nécessaire opposition ?

Il est indéniable que d’un point de vue historique la religion s’est souvent opposée aux progrès et savoirs scientifiques. Des savants comme Copernic ou Galilée - visés par un procès de l’Inquisition pour avoir défendu la thèse de l’héliocentrisme - en sont de parfaits exemples.

Prouver l’existence de Dieu (Kant et Pascal)

Est-il possible de prouver l’existence de Dieu ? Existe-t-il une preuve rationnelle ? Une démonstration mathématique ? Voilà un questionnement qui a causé des maux de tête à bien des auteurs. 

  • Après avoir tenté de légitimer scientifiquement son existence, Emmanuel Kant (1724-1804) arrive à la conclusion que Dieu appartient au domaine de la foi, et non du savoir rationnel. Pour autant, le philosophe prussien défend l’idée que raison et foi n’ont pas nécessairement à s’inscrire en opposition.

  • Cette idée est également soutenue par Blaise Pascal (1623-1662) qui expose la foi comme une affaire de cœur et non de raison. En outre, le philosophe français est également connu pour sa réflexion sur l’existence supposée de Dieu et d’un au-delà. D’après lui, nous avons tous intérêt - Hommes de raison compris - à croire en sa présence. C’est ce qu’il démontre dans le pari pascalien :

    • si Dieu existe, alors le croyant est récompensé par le Paradis, alors que le non-croyant est puni par l’Enfer ;

    • si Dieu n’existe pas, alors le croyant comme le non-croyant ne perd rien.

Fiche de révision du cours de philo sur la Religion : ces citations à retenir

Pour étayer vos propos lors de l’épreuve de philosophie, il est important de pouvoir se référer à des écrits. Ici, retrouvez les citations sur la notion de religion incontournables à pour le bac philo :

  • « Qu’y aurait-il donc à créer s’il y avait des dieux ? » (Nietzsche)

  • « Dieu est mort : maintenant nous voulons que le Surhumain vive. » (Nietzsche)

  • « La religion est le soupir de la créature accablée, le cœur d’un monde sans cœur, comme elle est l’esprit d’une époque sans esprit. Elle est l’opium du peuple. » (Marx)

  • « L’homme n’est rien, il ne sera qu’ensuite, et il sera tel qu’il se sera fait. Ainsi il n’y a pas de nature, puisqu’il n’y a pas de Dieu pour la concevoir. » (Sartre)

  • « L’intérêt que j’ai à croire une chose n’est pas une preuve de l’existence de cette chose. » (Voltaire)

  • « La religion serait la névrose obsessionnelle universelle de l'humanité. » (Freud)

  • « La religion sans la conscience morale n'est qu'un culte superstitieux. » (Kant)

Sujets de dissertation du bac de philo : exemple de questions 

La religion est une thématique centrale du programme de terminale en philosophie. Pour vous préparer au mieux à votre épreuve du baccalauréat, voici quelques exemples de questions philosophiques sur la religion susceptibles de tomber :

  • La raison / la science est-elle nécessairement en conflit avec la religion ?

  • La religion est-elle pour l’homme un besoin ? 

  • Faut-il en finir avec la religion ?

  • Existe-t-il une différence entre religion et superstition ? ;

  • Est-il déraisonnable de croire en l’existence de Dieu ? ;

  • La science peut-elle être érigée en religion ? ;

  • La religion s’inscrit-elle comme un obstacle au progrès moral de l’homme ?

Religion en philo : le quiz de révision

Qu'avez-vous retenu de cette notion en philo ? Quels sont les auteurs ou citations à connaître pour le bac ? Ce quiz vous aide à évaluer vos connaissances : Quiz de philo niveau bac - La religion

Révisions du bac en philo : nos conseils

En résumé, l’approche philosophique de la religion a beaucoup évolué au fil des siècles. Si de nombreux auteurs ont cherché à expliquer l’origine de la foi et l’universalité de la religion, c’est principalement la question de la cohabitation entre croyance et raison qui fut l’objet de multiples travaux et théories.

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