Décryptage

Les ingénieurs rattrapés par la crise économique

Par Marie-Anne Noury, publié le 27 octobre 2010
1 min

Rémunération, impact de la crise, place des femmes, satisfaction personnelle… Comme chaque année, le CNISF (Conseil national des ingénieurs et des scientifiques de France) a mené l’enquête auprès de 45.000 ingénieurs. Le rapport 2010 fait un point plutôt pessimiste.

Un ingénieur sur 5 est issu d’une formation généraliste, mais ils sont surtout nombreux (22,3 %) à avoir effectué une formation dans le vaste domaine des STIC (sciences et techniques de l’information et de la communication). Nouveauté 2010 : l’apprentissage connaît une forte progression dans le cursus des ingénieurs. En 2008, les apprentis représentaient seulement 1,7 % du total des diplômés, alors que cette année, 12 % des ingénieurs de moins de 30 ans sont passés par la case "alternance".
L’accès à l’emploi s’est révélé difficile pour la promotion 2009, qui n’a pas été épargnée par la crise économique. Jusqu’à fin 2008, plus de la moitié des ingénieurs avaient trouvé un emploi avant la sortie de l’école. Ils n’étaient que 43 % en 2009. Pas de doute, la situation s’est dégradée. Pour favoriser l’insertion professionnelle, les meilleurs atouts restent les stages de longue durée, le stage de plus de 3 mois à l’étranger, l’année de césure et l’apprentissage.
Les SSII (sociétés de services en ingénierie informatique) sont la première source d’emplois pour les ingénieurs, bien que leur position de leader soit en net recul : 14,3 % en 2009 contre 19 % en 2007. L’agronomie et la chimie sont les deux spécialités les plus investies par les femmes, qui représentent 17 % de l’ensemble des ingénieurs.


L’international fait rêver

Le nombre d’ingénieurs installés à l’étranger est en hausse. Comme les années précédentes, 5 pays regroupent près de la moitié des emplois : Suisse, États-Unis, Allemagne, Grande-Bretagne et Belgique. La rémunération est l’attrait principal de l’expatriation, suivie par les opportunités professionnelles et la qualité de vie.


Les ingénieurs et la crise

Globalement, les ingénieurs perçoivent la crise moins négativement qu’il y a un an. En 2009, ils étaient 12 % à redouter la perte de leur emploi, contre 9 % en mars 2010. Étrangement, ce regain d’optimisme ne s’explique pas par une amélioration de leur situation, d’autant que les effets de la crise sont indéniables : augmentation du taux de chômage (+ 2 points) et recrutements en recul. Ainsi, 48.400 ont été recrutés en 2009, contre 71.700 en 2008 !
Les secteurs sont touchés de façon inégale. Dans les télécommunications ou dans l’industrie pharmaceutique, les ingénieurs se sentent presque 2 fois plus exposés que la moyenne. De leur côté, les moins inquiets travaillent dans l’administration, la production/distribution d’énergie, le raffinage, le transport et les industries extractives. D’une manière générale, la moitié des ingénieurs pointent du doigt la pression accrue des clients et des donneurs d’ordres, la détérioration de l’ambiance de travail et l’alourdissement de la charge de travail.

Des salaires qui stagnent


Chez les moins de 30 ans, le salaire médian brut annuel s’élevait à 33.000 € en 2009 (contre 33.400 € l’année précédente). Sans surprise, c’est le secteur tertiaire qui regroupe le plus de hauts salaires, et particulièrement la finance (43.000 €). La part des ingénieurs travaillant dans ce domaine a fortement augmenté de 1998 à 2007, pour diminuer en 2009, probablement à cause de la crise financière. Les salaires sont aussi élevés dans l’industrie, mais pas forcément au début de la carrière.
Chez les hommes comme chez les femmes, les salaires progressent avec l’âge. Mais à âge égal, les salaires des hommes sont systématiquement supérieurs à ceux des femmes. Un écart qui, heureusement, tend à se réduire chez les débutants. Entre 2007 et 2009, il est passé de 7,5 % à 2,6 %.

Le poste idéal


En général, les jeunes diplômés sont satisfaits de leur situation professionnelle. Ils soulignent l’intérêt des missions, l’autonomie et la diversité des tâches. Mais, d’après eux, les ingrédients du poste idéal sont un salaire élevé, l’intérêt et la diversité des missions, ainsi que les possibilités d’évolution. Les critères pour quitter une entreprise, quant à eux, sont un peu différents : mauvaise ambiance de travail, difficulté à concilier vie privée et vie professionnelle et faible intérêt des missions.

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