Prix Ingénieuses : "La science n’a pas de genre. Si vous avez envie d’être ingénieure, foncez"
A l’occasion de la 13e édition du Prix Ingénieuses, un événement organisé pour mettre en lumière l’inclusion des femmes dans les métiers d’ingénierie, trois étudiantes ont été récompensées. L’Etudiant a rencontré deux d’entre elles, Anna Ramos et Léa Gaonac’h.
"Pour moi j’avais déjà gagné, car la récompense c’est d’être ici et de rencontrer toutes ces femmes inspirantes" estime Léa, étudiante en deuxième année de cycle ingénieur à Chimie ParisTech PSL et lauréate du prix élève-ingénieuse 2023.
Portée par la CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs), l'initiative Ingénieuses récompense chaque année depuis 2011 des projets d’écoles d’ingénieurs qui s’engagent pour l’égalité des genres dans le secteur, ainsi que des étudiantes et des ingénieures au parcours inspirant. Une manière de mettre en lumière ces actions sachant que les écoles d’ingénieurs ne comptent que 29% d’étudiantes aujourd’hui.
Les candidates présélectionnées parmi 178 dossiers ont été accueillies le 11 mai dernier par Bruno Le Maire, au ministère de l’Economie, à Paris, pour la remise des prix.
Engagements féministes
Parmi les projets présentés, "Epopées de Femmes", un podcast créé par Anna Ramos, étudiante en dernière année à Grenoble INP, qui remporte le prix de l’engagement étudiant. Elle donne la parole à des ingénieuses-chercheuses et entrepreneuses qui, résume-t-elle, "façonnent le monde d’aujourd’hui et construisent celui de demain".
"Le but, c’est de questionner, entre femmes, son rapport à son métier, ou à son activité, pour comprendre qu’est ce qui se joue, en tant que femme, dans ces milieux-là", explique celle qui s’attache à mettre en lumière des profils et parcours variés, interviewant aussi bien des chercheuses en astrophysique que des pharmaciennes.
Léa, elle, s’est illustrée en œuvrant pour plus de mixité et d’inclusion dans la junior-entreprise de son école Chimie Perspectives, dont elle est présidente depuis un an. Faisant de l’égalité des genres et des chances son cheval de bataille, elle est aussi intervenue dans des classes de primaire pour sensibiliser les élèves à la démarche scientifique et à la vie des plantes.
En option biophysique, matière molle et évolution, la jeune Bretonne explique avoir justement choisi la voie de l’ingénierie pour convertir ses "valeurs écologiques et solidaires en action".
"Le plus important c’est de suivre ce que vous avez envie de faire"
Sur la scène, Anna en profite pour faire passer un message aux femmes de la salle. "Ce n’est pas à vous d’être inspirantes pour que la société aille mieux, lance-t-elle le prix en main, devant un public visiblement admiratif. C’est à tout le monde, en particulier aux hommes aussi de se remettre en question."
Léa, elle, tient à s’adresser aux lycéens présents dans le public. "Le plus important c’est vraiment d’oser et de suivre ce que vous avez envie de faire", affirme-t-elle entre deux applaudissements.
"La science n’a pas de genre"
Leurs conseils pour les jeunes filles qui, comme elles, se rêvent ingénieures ? "Les inégalités malheureusement elles sont là, il ne faut pas attendre qu’elles ne soient plus là. On a toutes vécu des discriminations, moi aussi", affirme Léa. "Mais l’essentiel c’est de ne pas laisser le regard qu’on porte sur soi-même ou que les autres portent sur nous dicter nos rêves".
Anna, elle, insiste. "La science n’a pas de genre. Si vous aimez les maths, si vous avez envie d’être ingénieure, foncez. Même si ce n’est pas forcément facile, je pense que vous ne le regretterez pas. Vous aurez plein d’opportunités trop chouettes derrière."
Hafssa El Marchani, étudiante en deuxième année de génie industriel et technologie numérique à l’ENSAM de Rabat, au Maroc, a elle remporté le prix de l’élève-ingénieure Maghreb 2023. Décerné en partenariat avec l’Agence universitaire de la Francophonie, ce prix récompense notamment les actions de sensibilisation qu’Hafssa a menées pour favoriser le sentiment d’entraide et la confiance en soi chez les jeunes filles.
"Toute fille peut devenir ingénieure malgré les circonstances, et nous devons toutes nous mobiliser pour combattre les stéréotypes”, a-t-elle affirmé pendant son discours.
