Décryptage

Bac 2020 : les parents face à la transformation de l'examen en contrôle continu

Les parents de lycéens restent inquiets face à l'annonce de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale.
Les parents de lycéens restent inquiets face à l'annonce de Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale. © Monkey Business / Adobe Stock
Par Mersiha Nezic, publié le 03 avril 2020
6 min

PODCAST. Face à la propagation du coronavirus, le gouvernement a décidé d'annuler les épreuves du baccalauréat. L'évaluation se fera en contrôle continu. Si les parents d’élèves sont favorables à cette mesure historique dans ce contexte inédit de crise sanitaire, des inquiétudes subsistent.

C’est une décision qui était plutôt attendue par les parents d’élèves alors que le coronavirus continue de se propager. Le ministère de l’Éducation nationale vient d’annuler, ce vendredi 3 avril, les épreuves du baccalauréat 2020. L’obtention du diplôme reposera cette année sur le contrôle continu. Seul l'oral de français sera organisé pour les élèves de première.

La FCPE et la PEEP, fédérations de parents d'élèves, sont favorables à la prise en compte du contrôle continu

. Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE, estime également qu'il est normal que les notes obtenues pendant le confinement ne comptent pas pour le bac. "Finaliser l'année scolaire avec des éléments objectifs et qui ont été réalisés dans des conditions normales de l'école, c'est une question de bon sens. Actuellement, on ne peut plus évaluer les élèves qui sont dans des inégalités évidentes devant les enseignements. On n'est pas dans des conditions normales, ni du point de vue de ce que le ministre appelle la continuité pédagogique ni du point de vue psychique. On est enfermés, et tous les enfants ne vivent pas l'épreuve de la même façon".

La parents s'interrogent sur l'harmonisation des notes

Si les parents d’élèves comprennent cette mesure dans un contexte de crise sanitaire, ils redoutent des problèmes d’harmonisation de la moyenne prise en compte pour le bac. "D’un lycée à l’autre, les professeurs n’évaluent pas les élèves de la même manière. Dans les mêmes établissements scolaires, certains enseignants notent différemment, de manière plus sèche que d’autres, parfois", avertit Valérie Marty, présidente de la fédération locale de la PEEP de Bois-Colombes (92), dans les Hauts-de-Seine.

"Les appréciations des enseignants portées dans les dossiers scolaires permettront aux jurys de faire remonter une moyenne basse mais la question du contrôle continu reste épineuse. Dans certaines disciplines, il n’y a que deux notes. Il suffit que l’enfant ait raté malencontreusement un devoir pour que sa moyenne ne reflète pas tout à fait son niveau".

Des famille privées d'un rite de passage symbolique

Mathieu Simonet, dont le fils est en terminale au lycée Albert Camus de Bois-Colombes, ne s’inquiète pas pour lui. "Louis est en progression constante depuis sa première. Pour nous, c’est une bonne nouvelle, même si cette cuvée de bac reste particulière. Mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Des élèves qui espéraient faire remonter leurs notes grâce aux examens vont se retrouver sur le carreau".

De nombreux parents contactés regrettent que leurs enfants soient privés de ce rite de passage alors que la bac garde une certaine valeur symbolique.

"C’est frustrant, réagit Félicie Valliez, dont le fils est en terminale ES, au lycée Saint-Vincent de Senlis (60), dans l’Oise. Mon fils aîné a passé son bac, il y a deux ans. Et toute l’année, le cadet a bien travaillé pour avoir une meilleure mention que son frère".

Un père de famille installé dans la Manche, qui souhaite rester anonyme, regrette que l'examen marquant "la fin d’une étape et le début d’une nouvelle vie ne puisse être partagé et fêté ensemble. Je crains, en outre, que cela accentue les disparités entre les élèves. Même si l’examen terminal n’est pas parfait, il permet de gommer certaines inégalités".

Le maintien de l'oral de français inquiète

Carla Dugalt, dont le fils est scolarisé en classe de première au lycée Robert Doisneau, à Corbeille-Essonnes (91), s’inquiète de l’organisation de l’épreuve orale de français, maintenue pour la fin juin. "Si le confinement prend fin début mai, cela laisserait aux élèves les mois de mai et de juin pour se préparer à l’oral. Mais est-ce suffisant ? C’est un peu bizarre de maintenir l’oral de français alors que personne ne sait quand le confinement prendra fin".

Pour le co-président de la FCPE, Rodrigo Arenas, "c'est curieux de vouloir faire passer une épreuve dans le contexte actuel, avec comme seul aménagement envisagé la diminution du nombre de textes étudiés de 20 à 15. Les élèves sont confrontés au deuil, ils ont besoin de se reconstruire et on va leur demander de se préparer à un examen. Un peu comme une armée napoléonienne qui avance coûte que coûte. Mais on n'est pas obligé d'aller à Waterloo. Il faut préserver les enfants".

Même si elle sait que son fils décrochera le diplôme en contrôle continu, Félicie Valliez pense aux parents dont les enfants devront passer les rattrapages qui ont été reportés en septembre. "Après le confinement, les familles se diront 'on peut enfin sortir un peu'. Ce ne sera pas simple de se remettre en travail".

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