Décryptage

Coronavirus : le bac 2020 n’aura pas moins de valeur que les autres

Bac 2020
Avoir obtenu le bac en 2020 ne sera pas un handicap pour la suite de votre scolarité ou de votre vie professionnelle. © Adobe Stock/Mike Fouque
Par Thibaut Cojean, publié le 08 avril 2020
5 min

Même s’il sera attribué quasi exclusivement sur la base du contrôle continu, le bac 2020 ne sera pas un examen au rabais, il aura exactement la même valeur que les autres et il vous ouvrira les mêmes portes qu’aux autres générations. On vous explique pourquoi.

"Personne ne se pose la question de savoir en quelle année des candidats ont eu le bac", tranche d’emblée Alain Joyeux, président de l’association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales (APHEC). Avoir un diplôme daté de 2020, et donc obtenu à 100% sur le contrôle continu, ne sera donc pas un handicap pour la suite de votre scolarité ou de votre vie professionnelle.

Sur Parcoursup, les sélections se terminent avant le bac

Commençons par Parcoursup. "Les commissions de sélection vont se réunir à partir de la semaine prochaine, explique Alain Joyeux. On sélectionne toujours les élèves bien avant qu’ils aient leur bac." Jean-Luc Koehl, professeur de management/gestion en prépa économique option ECT au lycée René Cassin de Strasbourg (67), confirme : "Le dossier pour l’enseignement supérieur est constitué dès la première et s’arrête avec la validation des vœux sur Parcoursup. On n’a donc pas les bulletins du 3e trimestre de terminale, ni les notes du bac."

Cela s’applique à toutes les formations présentes sur la plateforme. "Le bac en contrôle continu ne change strictement rien du tout pour entrer en prépa ou dans n’importe quelle autre formation sélective", tempère Jean-Luc Koehl.

Autre rappel utile : le lycée d'origine n'est pas un critère de sélection sur Parcoursup. Pourtant, sans examen national unique et commun à tous, la note finale ne représentera pas forcément la même chose d'un lycée à l'autre. Et malgré la mise en place de commissions d'harmonisation, les associations et syndicats lycéens et étudiants annoncent qu'ils seront vigilants sur ce point.

Du soutien en cas de retard dans les programmes

Héloïse Moreau, la présidente de l’Union nationale lycéenne (UNL) n’est pas inquiète pour l’entrée des lycéens dans le supérieur. Mais elle s’interroge : "Est-ce qu’on aura acquis assez de connaissances ? Est-ce qu’on ne sera pas en retard l’année prochaine ?"

Pour palier le manque d’enseignements, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a déjà annoncé que du soutien gratuit sera mis en place fin août. Et les formations du supérieur pourraient aussi s’adapter. "Il est encore tôt pour dire ce que l'on fera à la rentrée, estime Alain Joyeux, mais il est évident que l’on tiendra compte du contexte exceptionnel pour combler les lacunes éventuelles. Notre intérêt est la réussite des étudiants. On ne veut pas les piéger, surtout cette année !"

Une fois dans le supérieur, l’année de votre bac ne devrait en outre pas refaire surface. Si vous validez une prépa, vous passerez un concours d’entrée dans une école qui ne vous demandera pas en quelle année vous avez eu le bac. Et les diplômes du supérieur éclipseront ceux du scolaire. Selon Alain Joyeux, "une fois que les étudiants auront décroché une licence, un master, un BTS ou un DUT, c’est ce diplôme qui comptera".

Pas d’impact pour le monde du travail

Plus tard, vous entrerez sur le marché du travail. Et lorsque vous enverrez une candidature pour un poste, vous vous frotterez à d’autres candidats ayant eu leur bac en 2019, en 2018 ou en 2022. "On ne regarde pas l’année d'obtention du bac", balaie Jérémy Durand, consultant en recrutement pour le cabinet Talentpeople.

Si plusieurs profils se disputent un même poste, "on regarde ce qu’il se passe après le bac : l’école ou la fac fréquentée, les classements des écoles. L’année du bac n’est pas un critère déterminant pour une embauche".

Et pas seulement l’année. "Selon les secteurs, la filière du bac importe peu." De plus, 2020 sera une année historique que personne n’oubliera. "C’est comme après 1968, tout le monde saura que le bac 2020 a été passé dans des conditions particulières", prévoit Jérémy Durand.

Les lycéens, à travers la voix d’Héloïse Moreau, le savent. "Tout le monde a conscience du caractère très exceptionnel de la situation et sait que ce ne sera pas la faute des bacheliers 2020", explique-t-elle. Pour l’élue lycéenne, la priorité est ailleurs : "Le plus important, c’est d’accompagner les élèves qui stressent parce qu’ils savent déjà qu’ils devront passer les oraux de rattrapage, et de réduire le plus possible l’impact du contrôle continu sur les inégalités."

Articles les plus lus

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !