Témoignage

Des élèves-médiateurs s'engagent pour lutter contre la violence et le harcèlement scolaire

Lou (à gauche), élève-médiatrice au collège Saint Jean et La Croix à Saint-Quentin et Fatma (à droite), élève au collège Théodore Monod à Roubaix.
Lou (à gauche), élève-médiatrice au collège Saint Jean et La Croix à Saint-Quentin et Fatma (à droite), élève au collège Théodore Monod à Roubaix. © Clément Rocher
Par Clément Rocher, publié le 18 novembre 2021
5 min

Afin de lutter contre le harcèlement scolaire, des élèves-médiateurs participent à la résolution de conflits au sein de leur collège. Cet engagement dès le plus jeune âge permet d'améliorer le dialogue entre élèves et de repérer des situations graves.

En marge de la Journée nationale contre le harcèlement scolaire, ce jeudi 18 novembre, l'association France Médiation a présenté son livret sur les réussites de la médiation à l'école. Ce document servira d'outil auprès des établissements et des élèves pour apporter des solutions de prévention au harcèlement scolaire. Un phénomène inquiétant et répandu. En effet, chaque année l'Unicef estime à 700.000 élèves le nombre d'élèves victimes de harcèlement scolaires en France.

Depuis 2012, l'association pilote le projet "Médiateurs à l'école" : ce dispositif permet le déploiement d'élèves-médiateurs dans plusieurs écoles primaires et collège de France. La médiation par les pairs, c'est-à-dire entre les élèves eux-mêmes, permet aux enfants et adolescents d'aborder des situations de tensions par le dialogue, l'écoute et la bienveillance.

Venir en aide aux autres

Les élèves médiateurs sont avant tout volontaires. C'est le cas de Lou, élève-médiatrice en 3e au collège Saint Jean et La Croix à Saint-Quentin (02). "Le sujet du harcèlement m'intéressait. Le fait de pouvoir venir en aide aux autres me plaît beaucoup. Ils peuvent compter sur moi." Comme tant d'autres, la jeune fille a constaté le changement de comportement de certains camarades après être intervenue.

Actuellement en 5e au collège Théodore Monod à Roubaix (59), Fatma est élève-médiatrice depuis le CM2. "Il y avait beaucoup de bagarres dans mon école. Il n'y avait pas une seule récréation sans discorde. Alors je me suis présentée pour devenir élève-médiatrice et je me sens vraiment heureuse dans mon rôle", affirme-t-elle.

Cette année, Fatma a vécu de près la campagne de harcèlement contre les jeunes nés en 2010.

"Des élèves de 6e sortaient d'un cours de musique et un garçon de ma classe les insultait. J'ai tout de suite discuté avec lui. Maintenant, il se limite mais je continue de le rappeler à l'ordre."

Les petites disputes peuvent parfois être monnaie courante en primaire ou au collège. Mais Lou a déjà été confrontée à une situation complexe. Un élève lui a notamment confié qu'il pensait au suicide en raison d'une situation conflictuelle avec un autre élève. "Je suis directement allé voir un adulte pour le prévenir."

Récemment encore, une jeune élève de 3e du Haut-Rhin (68), Dinah, en situation de harcèlement, a mis fin à ses jours. Mais les élèves ne sont pas seuls sur le terrain de la médiation sociale.

Une formation par des médiateurs professionnels

Les élèves-médiateurs sont accompagnés par des médiateurs professionnels. Ils assurent une présence active au sein des établissements et travaillent en coordination avec l'équipe pédagogique. Les médiateurs sociaux contribuent à détecter des situations de harcèlement et proposent un accompagnement individuel ou collectif adapté à la situation.
Les médiateurs sociaux sont chargés de la formation des élèves-médiateurs. Pendant plusieurs jours, les élèves découvrent leur futur rôle avec des mises en situation et apprennent à appréhender différents types de conflits. Les jeunes participants ont vite apprécié les jeux de rôle et mis en pratique ce qu'ils ont appris pendant la formation.

Les médiateurs assurent un suivi tout au long de l'année scolaire. "On regarde comment se sont passées les médiations et s'ils ont rencontré des difficultés. On organise un bilan de fin d'année avec l'ensemble des élèves-médiateurs pour un partage d'expérience", explique Gaëlle Robert, médiatrice à Rennes (35). Chaque élève-médiateur reçoit un certificat à la fin de l'année.

Une expérience bénéfique pour tous les élèves

Devenir élève-médiateur apporte son lot de compétences sociales et civiques. "La médiation sociale occupe une part importante dans le développement du jeune et de sa réussite scolaire", assure Laurent Giraud, directeur de France Médiation. "Je suis beaucoup plus mature et beaucoup plus à l’écoute", affirme Lou.
Au collège, certains élèves continuent de s'impliquer dans la vie scolaire et associative, en devenant délégué, par exemple.

Cet engagement citoyen peut aussi susciter des vocations chez les jeunes élèves. "C'est très gratifiant pour soi-même et pour les autres. J’ai vraiment envie de continuer dans cette voie. Ce serait un honneur de devenir médiatrice", avance Fatma, avec beaucoup de conviction.

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