Reportage

Une avocate au collège pour sensibiliser au droit et au harcèlement

Pour Stéphanie Encinas, la robe d'avocat est "parfois, comme une armure".
Pour Stéphanie Encinas, la robe d'avocat est "parfois, comme une armure". © Clément Rocher
Par Clément Rocher, publié le 05 octobre 2023
5 min

Mercredi 4 octobre, à l'occasion de la Journée du droit dans les collèges, les élèves de 4e du collège Georges Méliès à Paris ont rencontré Maître Stéphanie Encinas. Au programme : présentation du métier d'avocat, mais aussi sensibilisation aux questions de harcèlement et de discrimination.

"Est-ce que vous avez déjà défendu des gens connus ?" "Est-ce qu’un avocat peut mentir ?" "Pourquoi vous appelez-vous des avocats ?" Les questions des élèves fusent dans la salle de classe du collège Georges Méliès, dans le XIXe arrondissement de Paris (75), ce mercredi 4 octobre.

Cette classe d'élèves de 4e a accueilli Stéphanie Encinas, avocate en droit des affaires, qui est venue répondre à toutes leurs questions sur son métier, mais aussi les sensibiliser au harcèlement, les informer sur les sanctions éventuelles encourues. "L’idée n’est pas de faire un cours de droit aux élèves, mais d’interagir avec eux", explique-t-elle.

Cette rencontre s’est tenue dans le cadre de la 6e édition de la journée du droit dans les collèges, organisée par le Conseil national des barreaux (CNB) et le ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse.

Casser les clichés sur le métier d'avocat

C’est la première fois que les élèves échangent en face-à-face avec une avocate. L’occasion pour elle de déconstruire certains stéréotypes que peuvent avoir les collégiens sur la profession. "Un avocat en France n’est pas du tout ce que vous pouvez voir dans les séries judiciaires américaines", affirme-t-elle.

"L’avocat ne fait jamais d’enquête pour ses clients. En France, c'est le rôle des policiers. L’avocat, lui, travaille avec le juge d’instruction. Il est là pour conseiller les gens, les aider et les écouter", poursuit-elle.

À la demande unanime des élèves, Stéphanie Encinas a enfilé sa robe d'avocate. "Il est important pour nous de la porter. Le juge nous identifie tout de suite comme un avocat. Parfois, c'est comme une armure", soutient-elle.

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Devant les élèves, Stéphanie Encinas a revêtu sa robe d'avocat./ ©️Clément Rocher.

Sensibiliser les collégiens au harcèlement

En plus de présenter son métier, l'avocate s'est aussi déplacée pour sensibiliser les élèves au harcèlement et à la discrimination. "Comment définiriez-vous le harcèlement ?" demande Stéphanie Encinas. "C’est quand une personne critique les autres", répond une élève. "Quand quelqu’un s’en prend à un autre alors qu’il n’a rien fait", réagit une camarade.

L'avocate insiste bien sur la notion de répétition qui figure dans la définition du harcèlement. Un "harcèlomètre" a d'ailleurs été distribué aux élèves plus tôt dans l'année, un outil qui permet aux élèves de savoir s’ils sont harcelés, et si tel comportement est acceptable ou non.

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Le "harcèlomètre distribué" aux élèves./ ©️L'Etudiant.

"Il est interdit de venir harceler ou de reprocher à une personne ce qu’elle est. Le harcèlement et la discrimination sont punis par la loi. Vous avez des droits. Ce n'est pas à vous d'avoir peur", rappelle-t-elle.

Les élèves peuvent également être sanctionnés en cas de cyberharcèlement. "La police peut vous retrouver avec vos pseudos sur les réseaux sociaux, vos numéros de téléphone. Plus on dénoncera le harcèlement, plus la police sera saisie", continue Stéphanie Encinas. "Le cyberharcèlement, c’est culotté", chuchote une élève.

Parler avec un adulte en cas de harcèlement

L’avocate rappelle qu’il est important de libérer la parole si les élèves sont victimes ou témoins de harcèlement. Mais certains expriment leur crainte de ne pas être écoutés. "Ce n’est pas facile de parler aux adultes", souffle un élève. "Certains adultes ne prennent pas les choses au sérieux", affirme une autre.

"Des enfants n’arrivent pas à trouver de l’aide et ce n’est pas normal. Notre rôle en tant qu’adulte, c'est de vous protéger. C’est important de continuer à dénoncer le harcèlement", réagit l'avocate.

L'un des adultes du collège, Charly, est assistant prévention et sécurité. En cas de problème, ce référent harcèlement invite les élèves à venir discuter avec lui. "Votre rôle en tant que camarade, c'est aussi de trouver des signaux faibles : si la personne arrive en retard, si elle ne mange pas, ce sont des signes sur lesquels vous pouvez vous pencher et dans ce cas, il faut encourager la personne à parler", insiste-t-il.

La semaine prochaine, une dizaine d’élèves volontaires vont effectuer une formation pour devenir ambassadeurs de la lutte contre le harcèlement et porter la parole des élèves.

Et au second semestre, les élèves auront l’occasion d'en apprendre plus sur le système judiciaire français lors de leur visite au Tribunal de Paris. Ils pourront même assister à un procès.

Victime ou témoin de harcèlement : un numéro pour le signaler

Un numéro existe pour accompagner les personnes victimes de harcèlement ou pour signaler toute situation de harcèlement ou de cyberharcèlement : le 3018. Ce numéro est gratuit et anonyme.

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