Arts et Métiers : les étudiants contestent une hausse probable des frais de scolarité

Le conseil d'administration de l'école d'ingénieurs Arts et Métiers a voté jeudi 25 mars une motion en faveur d'une augmentation des frais de scolarité, applicable dès la rentrée prochaine. Les étudiants de l'établissement se mobilisent contre cette nouvelle mesure. Explications.
Depuis le lundi 29 mars, les étudiants de l'école d'ingénieurs Arts et Métiers se mobilisent contre une hausse potentielle de 500% des frais de scolarité. Une motion en faveur d'une augmentation des frais de scolarité a été votée jeudi 25 mars lors du conseil d'administration de l'établissement. Cette nouvelle mesure serait effective dès la rentrée prochaine et ne concernerait que les nouveaux étudiants.
Les étudiants se dressent contre cette augmentation

La mobilisation pourrait se poursuivre aujourd'hui sur d'autres des huit campus de l'établissement, comme à Metz ou Châlons-en-Champagne. "Notre objectif est de faire en sorte que les frais de scolarité n'augmentent pas. Tous les campus sont plutôt convaincus du problème et essayent de trouver les meilleurs moyens pour s'exprimer", affirme Clément Poissonnet, président de l'Union des élèves - Arts et Métiers.
Le directeur général des Arts et Métiers, Laurent Champaney, veut remettre en perspective cette hausse. Former un ingénieur aux Arts et Métiers coûte aujourd'hui 20.000 euros par étudiant et par an. "La contribution apportée par les étudiants est de l'ordre de 4% et reste très faible."
Comment expliquer cette hausse ?
Laurent Champaney rappelle que le modèle pédagogique de son école repose notamment sur la place accordée à la pratique dans la formation. "Ce modèle possède un coût important avec plus d'équipements techniques et plus de personnel compétent. C'est ce qui fait l'identité des Arts et Métiers et ce qui est plébiscité par les étudiants. L'objectif est de faire un projet collectif pour que toutes les parties prenantes s'impliquent un peu plus pour faire tourner notre modèle. Nos alumni se sont engagés à financer davantage l'établissement par le biais du mécénat."
Le président de l'Union des élèves - Arts et Métiers rétorque "qu'on demande aux étudiants de financer en partie ce projet, mais [qu'ils n'ont] aucune assurance de comment sera utilisé cet argent. Le bénéfice pédagogique n'est pas forcément assuré. Il faudrait qu'on touche aux étudiants en dernier recours, si vraiment le projet ne peut pas être financé autrement."
Une crainte pour l'ouverture sociale
Le directeur général des Arts et Métiers réfute cet argument. "Nous avons développé des mécanismes de soutien aux étudiants comme la formation en apprentissage et les contrats de professionnalisation. Nous avons travaillé avec les alumni sur des mécanismes de prêts afin que tout étudiant méritant puisse venir aux Arts et Métiers", poursuit Laurent Champaney qui précise que ces mécanismes restent peu sollicités par les étudiants.
Doit-on s'attendre à une hausse des frais de scolarité dans les écoles d'ingénieurs ?
De son côté, le Bureau national des élèves ingénieurs (BNEI) apporte son soutien aux étudiants de l'école d'ingénieurs et critique le double discours tenu par le ministère de l'Enseignement supérieur. "On reproche aux écoles d'ingénieurs une ouverture sociale trop faible alors même que l’État ne permet pas aux établissements de se développer. Nous allons avoir toute une tranche de la population étudiante qui se retrouvera dans une situation compliquée", affirme Maxime Renault, président du BNEI.
La ministre de l'Enseignement supérieur a annoncé mercredi 10 mars le gel des droits d'inscription à l'université à la rentrée 2021. "Pourquoi ne le ferait-elle pas dans les écoles d'ingénieurs publiques qui sont sous la tutelle de son ministère ?, se questionne le président du BNEI. Il est difficile d'entendre que la ministre soutient les étudiants en pleine crise si elle veut en même temps multiplier les frais d'inscription par cinq. Ce serait incohérent."