Enquête

Comment certaines écoles d’ingénieurs valorisent l'engagement étudiant dans leurs cursus

À Telecom Paris, une quarantaine d’étudiants s’étaient engagés dans des missions bénévoles l'an dernier.
À Telecom Paris, une quarantaine d’étudiants s’étaient engagés dans des missions bénévoles l'an dernier. © Adobe Stock/Davide Angelini
Par Clément Rocher, publié le 29 septembre 2022
6 min

En écoles d'ingénieurs, l'engagement associatif peut parfois rapporter des crédits ECTS. Certains établissements l'ont même rendu obligatoire dans le cursus.

La vie associative des écoles d’ingénieurs est particulièrement riche. Les étudiants ont la possibilité dès la rentrée de participer à des activités bénévoles au sein d’associations, dans des domaines variés.

Cet investissement contribue à l’acquisition d’un grand nombre de compétences et de savoirs très utiles dans leur futur métier d’ingénieur. À tel point que certaines écoles ont pris la décision de valider et reconnaître l’engagement étudiant dans le cursus académique. Les dispositifs de validation peuvent varier d'une école à l'autre : attribution de crédits ECTS (European Credit Transfer System), inscription au supplément au diplôme…

Des crédits ECTS sous conditions

L'école d'ingénieurs Télécom Paris a fait le choix de soutenir toute forme d’engagement liée aux transitions sociale et écologique, pour leur impact positif sur la société. "Il se fait auprès d’une structure externe ou interne à l’école. Nos étudiants peuvent par exemple rejoindre notre association de développement durable 'Make A Difference' ou notre association humanitaire 'Télécom Espoir'", explique Johanna Legru, déléguée à la mixité, la diversité sociale et le handicap.

Mais il y a certains critères à respecter pour que l'engagement soit valorisé dans le diplôme : avoir passé au minimum 15 heures au sein de l’association et expliquer pendant une soutenance les compétences qu’ils pensent avoir développées. "L’idée est que les étudiants nous partagent leur réflexion, leur motivation à s’être engagés, s'ils pensent aussi à s’engager dans le futur, que ce soit dans leur métier d’ingénieur ou dans la vie citoyenne", intervient Johanna Legru.

Les étudiants peuvent obtenir des crédits ECTS à l’issue de ce retour sur expérience. "Cette valorisation est équivalente à un module de formation humaine qu’on donne à l’école. Ils sont allés sur le terrain et reviennent avec une certaine conscience de la réalité. Les élèves vont ensuite porter des valeurs dans leur futur métier pour une ingénierie au service de la société, de l’environnement", poursuit-elle.

Acquérir de nouvelles compétences

Pour inciter les nouveaux élèves à rejoindre les associations, Télécom Paris a organisé courant septembre "le Midi de l’engagement", forum où des associations viennent se présenter aux étudiants et leur faire des propositions de missions bénévoles. L’an passé, une quarantaine d’étudiants s’étaient engagés.

Manon, élève-ingénieure à Télécom Paris et présidente de l’association "Make a difference", est l'une d'entre elles. "L’idée c’est de pouvoir se saisir des enjeux environnementaux et sociaux. On fait de la sensibilisation au travers de conférences ou d’interventions. On essaye aussi d’organiser des événements comme une semaine de la diversité."

L'étudiante a pu développer plusieurs compétences. "J’ai pu prendre conscience du temps que ça prenait d’organiser des événements. On apprend à prendre des responsabilités et à mener une mini-équipe. On a aussi la chance d’être accompagné par l’administration pour monter des projets", raconte-t-elle.

"Il faut inciter les jeunes à s'engager"

Le Bureau national des élèves ingénieurs (BNEI) a bien saisi les avantages de l'engagement lorsqu'on est étudiant. En 2020, l'association avait participé à la rédaction d’un guide pratique sur la valorisation de l’engagement étudiant dans les écoles d’ingénieurs.

"C'est évidemment quelque chose qu'il faut valoriser, notamment en raison de toutes les compétences qui sont acquises par l’engagement. Il faut inciter les jeunes à s'engager, c'est ultra important", défend Maëlle Darnis, présidente du BNEI.

Pour l'instant, le BNEI ne souhaite pas encourager les écoles d’ingénieurs à rendre l’engagement étudiant obligatoire. "Ce n'est pas une position qu'on défend en tant que telle. Mais certaines écoles l’ont rendu obligatoire comme l’INSA Toulouse. Cela marche très bien dans cet établissement."

Un engagement parfois obligatoire

Le réseau Polytech a lui aussi rendu l'engagement obligatoire. La vie associative s’articule autour du dispositif Polypoints. Afin d’obtenir leur diplôme, les étudiants ont l’obligation de valider dix Polypoints au cours du cursus pour des actions associatives, sociales ou civiques reconnues par la direction des études.

Objectif : permettre à tous les élèves-ingénieurs de développer des capacités d’initiative, d’organisation, de management ou de travail en équipe. La capitalisation des Polypoints commence dès l'entrée en cycle préparatoire et se poursuit jusqu'à la fin du cycle ingénieur. Les élèves apprentis ne sont pas concernés par l’attribution de ces points pour décrocher le diplôme.

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