Décryptage

Reprendre des études de droit après un master

Si vous voulez reprendre des études de droit, renseignez-vous bien sur le parcours qui vous intéresse.
Si vous voulez reprendre des études de droit, renseignez-vous bien sur le parcours qui vous intéresse. © Ilan Amith/Adobe Stock
Par Camille Jourdan, publié le 04 octobre 2023
5 min

Titulaire d’un master dans un domaine non juridique, vous voudriez reprendre des études de droit ? Voici quelques éléments pour vous aider.

Un master vous confère 300 ECTS et donc, théoriquement, vous avez le droit d’entrer directement en master de droit. Mais la réalité est bien différente : "Les études de droit sont un peu comparables à celles de médecine, remarque Jean-Christophe Saint-Pau, président de la Conférence des doyens de droit. Elles sont progressives, avec des briques qui s’ajoutent au fil des années." Difficile, donc, de commencer un cursus en master de droit sans être passé par une licence.

Reprendre ses études en licence de droit

Cependant, avant de vous relancer dans cinq années d’études, posez-vous plusieurs questions. La première : pourquoi voulez-vous suivre des études de droit ? "Il faut distinguer les personnes qui visent un métier juridique classique, comme avocat, notaire, magistrat ou conseiller pénitentiaire, de celles qui veulent ajouter une brique à leur formation, en acquérant des notions de droit", prévient Laura Briguet-Lamarre, fondatrice du site AideauxTD.com et autrice d’un article sur la reprise des études de droit.

Si vous visez un métier purement juridique, il vous faudra reprendre vos études en première année de licence. "Il est plutôt recommandé d’avoir un cursus de droit complet", confirme Jean-Christophe Saint-Pau. Toutefois, il n’est pas toujours nécessaire de repartir pour cinq ans. Un modèle de licence accélérée, qui permet de faire les deux premières années en une, est notamment proposée par l’Université Paris-Saclay. Parfois, il est également possible d’entrer directement en L2, L3, voire en M1. "C’est au cas par cas", s’accordent à dire Jean-Christophe Saint-Pau et Laura Briguet-Lamarre. Premier critère de sélection : le parcours antérieur.

Après un master en marketing et communication, Arthur avait ainsi envoyé son dossier pour intégrer une L3 de droit, mais n’a pas été reçu. Pour une entrée en L2, son dossier était "techniquement recevable, mais les quotas étaient atteints", explique-t-il. Le nombre de places étant limité, d’autant plus en master, les étudiants ayant suivi un cursus en droit sont privilégiés par rapport aux autres.

Certaines licences ouvrent plus facilement la voie d'un master de droit

Mais d’autres profils peuvent retenir l’attention : "Ceux issus de sociologie, ou de psychologie, qui souhaitent entrer en master de droit pénal ou de sciences criminelles, peuvent être intéressants, remarque Jean-Christophe Saint-Pau. Souvent, je leur recommande de faire d’abord une L3, qui sert de remise à niveau."

Les diplômés d’administration économique et sociale (AES) arrivent également avec un bagage qui peut leur ouvrir les portes des années supérieures, reconnaît Laurent Mordefroy, responsable du master justice, procès et procédures à l’Université de Franche-Comté. "Dans le cadre de leur parcours, ils ont fait une part du programme de droit, donc si ce sont de bons étudiants, avec des bonnes notes en droit, nous pouvons éventuellement les accepter en M1", détaille-t-il.

Une autre solution pour espérer rejoindre directement un master : préparer un dossier de validation des acquis personnels et professionnels (VAPP), pour faire valider une licence de droit en fonction de vos études et de votre parcours antérieurs.

Viser des masters de droit moins sélectifs

Certains masters moins demandés peuvent également laisser la place à une plus grande variété de profils, estiment Jean-Christophe Saint-Pau et Laura Briguet-Lamarre. Enfin, selon l’université choisie, la pression des demandes en master est plus ou moins forte.

En résumé, si vous n’avez jamais fait de droit ou très peu, vous n’aurez quasiment aucune chance d’entrer directement en master de droit des affaires ou droit pénal à la Sorbonne, mais peut-être pourrez-vous intégrer une L3 ou un master en histoire du droit ou en droits de l’homme dans une plus petite université, non parisienne.

Des formations courtes pour acquérir des notions juridiques complémentaires

Si votre rêve n’est pas d’exercer une profession classique du droit, mais plutôt d’acquérir quelques notions juridiques, pensez aux masters en formation continue. Regardez également les diplômes universitaires (DU) : en quelques mois - et deux ans maximum - ces cursus en formation initiale ou continue vous apporteront des connaissances sur un domaine spécifique (droit des malades et responsabilité médicale, professions du marché de l’art, violences faites aux femmes, droit du travail…). Ces deux parcours sont parfois ouverts à celles et ceux qui n’ont jamais fait de droit.

Enfin, des parcours en deux ans (BTS ou BUT) peuvent vous permettre de viser des métiers spécifiques qui touchent au droit, sans en être le cœur : collaborateur de notaire, agent immobilier, gestionnaire dans une assurance…

A noter que si vous avez suivi votre premier master en alternance, vous pouvez percevoir des indemnités de pôle Emploi tout en bénéficiant du statut étudiant. Pour les formations continues, des financements existent également.

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