Découverte

Ostéopathie animale : un secteur de formation à clarifier

A la rentrée 2023, on comptait 26 écoles d'ostéopathie animale pour 2.445 élèves.
A la rentrée 2023, on comptait 26 écoles d'ostéopathie animale pour 2.445 élèves. © Martin Schlecht / Adobe Stock
Par Élodie Auffray, publié le 14 décembre 2023
5 min

Dispensée dans de plus en plus d'écoles, la formation en ostéopathie animale comporte plusieurs écueils, dont il faut être conscient avant de se lancer.

Leur nombre a explosé : en 2017, les écoles d'ostéopathie animale n'étaient encore que neuf. À la rentrée 2023, on en dénombrait 26, pour un total de 2.445 élèves, selon l'Union française des étudiants ostéopathes animaliers (Ufeoa).

C'est que la pratique, autorisée aux non-vétérinaires depuis 2011, a le vent en poupe. "C'est un beau métier, très attractif : on est dans le soin, le bien-être animal", décrypte Sandra Hantari, la présidente de l'Ufeoa. Qui met toutefois en garde contre "toutes les difficultés" que comporte ce choix d'orientation.

Première embûche : le coût des études. Accessibles après le bac, hors Parcousup et le plus souvent sur dossier, les 26 écoles d'ostéopathie animale sont toutes privées et onéreuses : 8.000 à 10.000 euros l'année, soit jusqu'à 50.000 euros pour les cinq ans que dure le cursus complet.

De plus, seules une poignée sont inscrites au Répertoire national des certifications professionnelles (RNCP), reconnues comme établissements d'enseignement supérieur privé libre, permettant d'avoir le statut d'étudiant (mais sans accès aux bourses). Les élèves des autres écoles sont stagiaires de la formation continue.

Des diplômes d'ostéopathie animale non reconnus

Contrairement à l'ostéopathie humaine, les écoles ne sont pas agréées par l'État, ni contrôlées, ni même soumise à un référentiel de formation. "Quelques-unes essayent de faire les choses correctement et les autres ont plein de lacunes", décrit Geoffroy Blanchot, du Collectif des ostéopathes animaliers.

Autre écueil : "Elles ne délivrent que des diplômes d'écoles, qui n'ont pas de valeur", souligne-t-il. Ce qui complique grandement les possibilités d'obtenir une équivalence, en cas de réorientation.

Et le diplôme ne suffit pas : "À la sortie, le seul moyen d'avoir le droit d'exercer est de passer l'examen d'aptitude organisé par le Conseil national de l'ordre des vétérinaires (CNOV)", précise Sandra Hantari.

Seuls 48% d'étudiants diplômés d'ostéopathie animale

Cette modalité d'accès à la profession d'ostéopathe animalier constitue l'unique possibilité d'exercer. S'il n'y a pas de numerus clausus, le taux de réussite est faible. Depuis son instauration en 2017, seuls 48% des candidats l'ont obtenu du premier coup. "La plupart l'ont au bout de la deuxième fois", rassure toutefois Sandra Hantari.

Mais le processus est coûteux (1.200 euros) et les délais peuvent être longs, en raison d'un engorgement de candidats : "Si on rate la théorie, il faut attendre au minimum six mois avant de pouvoir la repasser", indique Sandra Hantari. "Celui qui échoue n'est plus prioritaire. Il reprend la file d'attente et peut parfois attendre jusqu'à un an", confirme Jean-Marc Petiot, vice-président du CNOV et responsable de l'organisation de l'examen. Autant de temps pendant lequel le jeune diplômé ne peut exercer.

L'examen comporte une partie théorique avec un QCM de 120 questions sur l'anatomie, la biologie, l'ostéopathie animale ou encore la réglementation. Ceux qui le valident passent ensuite une épreuve pratique, sorte de simulation d'une consultation sur l'une des quatre espèces, tirée au sort (cheval, bovin, chat ou chien).

Des débouchés professionnels limités

Même une fois l'examen en poche, la partie est loin d'être gagnée. "Il y a beaucoup d'ostéopathes animaliers par rapport à la demande et pas de garantie d'emploi, car c'est une profession libérale, souligne Sandra Hantari.

Le marché équin est déjà saturé ou presque, le bovin est en développement mais représente trop peu pour constituer une patientèle et le canin/félin est en train de prendre de l'ampleur, mais ne suffit pas pour le nombre de diplômés." D'autant que ceux-ci sont appelés à être de plus en plus nombreux : l'Ufeoa a calculé qu'en 2027, on comptera 781 diplômés, contre 213 en 2021.

Le sondage post-études mené depuis quatre ans par l'Ufeoa montre qu'il faut trois ans aux nouveaux entrants pour parvenir à se dégager un salaire proche du SMIC. "La plupart sont obligés d'avoir un deuxième travail à côté. Sur une promotion d'une trentaine d'étudiants, seuls dix réussiront à en vivre", avertit Sandra Hantari, qui dénonce la communication des écoles sur ce point, "souvent trompeuse, embellissant la situation".

Une clarification nécessaire autour de l'ostéopathie animale

Face à ces nombreux écueils, une mission a été menée par le ministère de l'Agriculture. Conclue en novembre, elle préconise notamment la création d'un troisième centre d'examen, pour réduire les délais de passage, la création d'un référentiel de formation et d'une certification privée des établissements ou encore la publication de statistiques fiables sur les taux de réussite de chaque école.

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