Reportage

Parcoursup : dans les coulisses d'une commission qui place les "sans-réponse"

La commission d'accès à l'enseignement supérieur de l'académie de Lille ouvre sa deuxième réunion de travail, mardi 5 mai 2018.
La commission d'accès à l'enseignement supérieur de l'académie de Lille ouvre sa deuxième réunion de travail, mardi 5 mai 2018. © Laura Taillandier
Par Laura Taillandier, publié le 07 juin 2018
6 min

C'est quoi au juste la commission d'accès à l'enseignement supérieur ? "Garantes du système" Parcoursup, ces nouvelles instances ont la lourde tâche de proposer une solution aux candidats sans réponse sur la plate-forme. Comment fonctionnent-elles ? L'Etudiant a assisté à une réunion de l'une d'entre elles et vous donne toutes les réponses.

Si vous n'avez reçu que des réponses négatives sur Parcoursup, vous avez sûrement reçu ce message vous informant de la possibilité de saisir la "CAES". Quatre lettres qui désignent la nouvelle instance née de la réforme de l'entrée à l'université : la commission d'accès à l'enseignement supérieur. En place dans chaque académie, elle a pour mission de proposer une place à chaque candidat, sans solution.

Un travail au cas par cas

Dans l'académie de Lille, la commission a déjà mené une première session en examinant attentivement 310 dossiers. Rassemblés autour d'une même table, le 5 mai 2018, ses 25 membres dressent le bilan. "Pour certains candidats, nous avons trouvé une solution rapidement. Pour d'autres, ce sera plus compliqué. Aucune situation n'est identique, en conséquence, aucune réponse ne peut l'être", prévient en préambule la rectrice de Lille, Valérie Cabuil, qui pilote la commission. "L'objectif de la CAES n'est pas de faire du chiffre, mais de l'accompagnement individuel", abonde Dominique Lévèque, la cheffe du service académique d'information et d'orientation.

Les candidats qui ont choisi de saisir la commission sont souvent ceux qui n'ont formulé qu'un seul vœu et ce sur une formation très demandée dans l'académie : des bacheliers STD2A souhaitant intégrer une Manaa (mise à niveau en arts appliqués), des ST2S "focalisés sur des BTS santé-social", des candidats au BTS tourisme… Mais la pile des dossiers de la CAES compte aussi des élèves "au projet peu abouti, avec des vœux partant dans tous les sens" ou ne pouvant prétendre à une grande mobilité dans la région, énumère Dominique Lévèque.

Cinq solutions possibles

Pour trouver une solution à ces différents élèves, les membres de la commission - représentants du rectorat et des différents types de formation - se sont répartis l’examen des dossiers au sein de quatre groupes de travail constitués selon la filière d'origine (bac général, technologique, professionnel et réorientation). Ils ont analysé les renseignements sur la scolarité, les vœux refusés, les échanges menés dans la rubrique "contact" de Parcoursup mais aussi les fameuses "préférences" sur les vœux demandées au candidat en début de procédure. "Il y a eu une inquiétude sur cette rubrique à l'ouverture de Parcoursup, mais nous nous rendons bien compte que ces informations servent à proposer à ces élèves une formation la plus en adéquation avec leurs souhaits", explique la rectrice.

Les membres de la commission ont pioché dans chaque solution : des places laissées vacantes sur lesquelles il n’y a pas de candidat "en attente", le renvoi en phase complémentaire lorsque l'assurance que des places y seront disponibles est établie, un contrat d'apprentissage, un rendez vous avec le CIO (centre d'information et d'orientation) pour revoir son projet d'orientation ou encore un suivi spécialisé.

L'apprentissage, en tête des propositions

Parmi ces solutions, c'est surtout la signature d'un contrat d'apprentissage que la CAES de Lille a proposé aux candidats. Aux 163 futurs bacheliers, 44 propositions ont concerné une formation sous cette forme. Même chose pour 24 des 93 jeunes en réorientation. Pour ces derniers, "l'apprentissage peut leur redonner confiance et les remotiver après plusieurs années dans l'enseignement supérieur", souligne Dominique Lévèque.

Le contrat d'apprentissage a surtout été faite aux candidats qui avaient demandé la formation sous statut scolaire, sans envisager la même option en apprentissage. "Nous avons senti que le jeune avait besoin d'un déclic, notamment en réorientation. Pour se dire : 'Je peux me former autrement'", argumente Dominique Lévèque.

Des places vacantes en BTS et à l'université

Deuxième proposition phare faite aux candidats : une place encore vacante notamment dans les BTS (brevets de technicien supérieur) de la filière industrielle ou en sciences humaines et sociales à l'université. Quant aux candidats renvoyés devant le CIO, ces derniers auront ainsi une proposition après avoir reçu une aide pour peaufiner leur projet. "Il faut arrêter de se focaliser sur le temps. L'essentiel est qu'à la fin, le jeune ait une place qui lui convienne", persiste Valérie Cabuil.

Le renvoi en procédure complémentaire aura donc été peu proposé. Un choix pourtant nécessaire pour garantir une équité de traitement entre les candidats et faire en sorte que ces lycéens refusés ne passent pas devant les autres, toujours en attente sur Parcoursup. "Ce problème est apparu dans tous les groupes. C'est un subtil équilibre qui a nous a conduit à proposer peu de places au regard de celles qui étaient vacantes. Ce travail aura surtout permis de proposer un accompagnement aux dossiers dont le projet méritait d'être approfondi", rappelle la responsable du service d'orientation.

Qui peut saisir la CAES ?

"C'était aujourd'hui un premier tour de chauffe, qui nous permet d'améliorer la procédure pour la suite", résume Valérie Cabuil. 130 nouveaux dossiers attendent déjà la commission, dont la prochaine réunion est fixée à la fin du mois de juin. Un nombre relativement faible pour l'instant, comme au niveau national. Seuls 7.000 candidats ont souhaité être accompagnés par le rectorat.

Mais l'académie de Lille s'attend à une déferlante de demandes après le baccalauréat, une fois que la phase complémentaire aura livré ses premiers résultats. En effet, si les commissions s'attaquent pour l'instant aux cas des candidats n'ayant que des refus ou une situation particulière (handicap, sportif de haut niveau, par exemple), dès le 7 juillet, les élèves n'ayant reçu aucune proposition d'admission pourront se porter volontaires. Plus de 160.000 élèves sont encore dans ce cas.

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