Décryptage

8 infos/intox qui circulent sur Parcoursup

Des infos circulent sur Parcoursup, mais des intox aussi !
Des infos circulent sur Parcoursup, mais des intox aussi ! © plainpicture/ballyscanlon
Par Natacha Lefauconnier, Laura Taillandier, publié le 04 juin 2018
11 min

"Parcoursup est plus juste qu’APB !". "Oui, mais il est moins efficace !"… Entre les pro et les anti-réforme de l’entrée à l’université, les arguments fusent sur les inconvénients et avantages de la nouvelle procédure. L’Etudiant démêle le vrai du faux.

De nombreuses informations circulent sur la nouvelle procédure d'inscription dans le supérieur, Parcoursup. Comment savoir ce qui est juste ou pas ? L'Etudiant les décrypte pour vous.

1. Parcoursup est plus juste qu'APB

VRAI.

C’est l’argument de choc du ministère de l’Enseignement supérieur pour défendre sa réforme : Parcoursup met fin à la pratique injuste du tirage au sort. Ce point est exact. Avec APB, les universités utilisaient bien cette pratique pour départager les candidats. Mais cela n'a concerné que 60.000 candidats en 2017, soit 7,8 % d'entre eux, dans les licences en tension, comme STAPS (sciences et techniques des activités ohysiques et sportives), et essentiellement en Île-de-France. Plutôt que de "tirer à la courte paille", Parcoursup donne donc un avantage aux élèves ayant un profil plus en adéquation avec la formation, mais surtout un meilleur niveau.

MAIS... Néanmoins, cette année encore, il a bien fallu départager les ex-æquo dans les commissions chargées de classer les dossiers. Un tri entre des candidats très serrés effectué de manière plus ou moins aléatoire : en ciblant une matière en particulier, en comparant les projets des lycéens, voire "au hasard" ou carrément au "feeling" pour reprendre les expressions de certains enseignants.

2. Parcoursup est moins efficace qu'APB

FAUX.Ce n'est pas tant une question d'efficacité, mais de lenteur du processus, source de stress.

En effet, la longue liste des "en attente" sur Parcoursup a du mal à passer. Depuis le 22 mai 2018, plus des deux tiers des candidats ont eu réponse sur la plate-forme. Environ 30.000 l'ont quittée. Au 5 juin, plus de 200.000 élèves, soit 25 % des candidats, n'ont eu que des réponses négatives ou attendent encore de recevoir une première proposition, en guettant tous les jours leur évolution sur les listes d'attente. De quoi angoisser certains à la veille du bac et de donner aussi du grain à moudre aux opposants à la réforme.

L'an dernier, dès l'ouverture de la première phase d'admission sur APB, le 8 juin 2017, 80 % des candidats avaient déjà reçu une proposition d'admission - la meilleure possible dans leur liste hiérarchisée de vœux, compte tenu des réponses des formations. Au total, en 2017, ce sont 53,4 % des candidats qui ont obtenu leur vœu préféré sur APB à l'issue de la procédure normale. Avec des différences selon les filières : les bacheliers généraux étaient 62,6 % à avoir eu leur premier vœu, contre 49,5 % pour les bacs technologiques et 40 % pour les bacs pro.
MAIS... Avec Parcoursup, toutes les formations répondant à toutes les demandes, qui n'ont pas classé leurs vœux, il est impossible de connaître le taux de satisfaction réelle des candidats. Attendent-ils d'obtenir leur vœu préféré ou acceptent-ils une proposition intermédiaire, par crainte de devoir attendre trop longtemps, ou vainement une meilleure offre ? Sans ces données, impossible de dire si Parcoursup aura permis de satisfaire davantage de candidats qu'APB.

3- Parcoursup est plus transparent

VRAI.

Le gouvernement joue la carte de la "transparence". Le fameux algorithme qui fait fonctionner la machine "Parcoursup" a été publié. Des indicateurs actualisés chaque jour permettent de suivre l'évolution des admissions. Chaque candidat connaît également son rang sur la liste d'attente.

MAIS...

Pour protéger les secrets des délibérations, les universités n'ont pas l'obligation de communiquer sur les paramétrages utilisés localement pour classer les candidats, à partir de "l'outil d'aide à la décision" fourni par le ministère. Et ce sont ces "pondérations" apportées aux notes, au projet de formation motivé ou à la fiche Avenir qui permettraient à un candidat d'avoir toutes les cartes en main pour comprendre les réponses formulées par les formations.

4- Parcoursup n'est pas infaillible

VRAI. Parcoursup enchaîne-t-il les bugs ? Oui, à en croire les nombreux témoignages sur les réseaux depuis le début de la procédure.

Autre dysfonctionnement signalé : l'affichage incohérent d'un rang d'attente sur des vœux pouvant dépasser le nombre de candidats à la formation. Ce problème, qui s'est produit dans les premières heures d'ouverture de la plateforme, le 22 mai, a été réglé rapidement par le ministère. Dès le 23 mai, vous pouviez connaître votre rang réel dans la liste d'attente.

Enfin, troisième source d'énervement chez les candidats, dans ce domaine : l'application Parcoursup. Certains ayant accepté une proposition d'admission par ce biais ont eu la mauvaise surprise de voir tous les vœux - celui accepté et ceux en attente - disparaître totalement. Or, selon le ministère de l'Enseignement supérieur, qui a fait des tests de vérification, "il n'y a aucun bug informatique. L'application permet bien d'accepter une proposition. Mais il y a une page de confirmation en plus que sur la version classique sur ordinateur." Il s'agirait donc ici d'une mauvaise manipulation, imputable aux utilisateurs.
Les candidats concernés - que le ministère estime à une centaine, sur 87.000 candidats ayant accepté un vœu sans problème via l'application - ont pensé avoir été jusqu'au bout de la validation, à tort. Après avoir contacté les services académiques (formulaire "contact" du dossier Parcoursup ou numéro vert), tous ont été réintégrés à leur place sur la liste d'attente de la formation qu'ils pensaient avoir acceptée.

5- Un candidat peut se retrouver sans place

FAUX. La ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, s'y est engagée : "Tous les candidats qui veulent accéder à l'enseignement supérieur auront une place à la rentrée 2018."
MAIS... Un certain nombre de candidats dans des licences en tension risquent de ne pas avoir de place dans la formation de leur choix. Même si la ministre a affirmé qu'"aucun candidat à l’université ne recevra un 'non'", cela n'est vrai que pour les formations non sélectives, et temporairement. Sur Parcoursup, si vous avez demandé une place en licence, vous pouvez recevoir trois types de réponses "oui", "oui, si" ou "en attente". En revanche, à l'issue de la procédure, le 6 septembre, vous pourrez également recevoir une "notification de refus faute de capacité d'accueil". En clair : cela signifiera que malgré les désistements, il n'y a toujours pas de place dans la formation souhaitée. Et à ce stade, la commission d'accès à l'enseignement supérieur de votre académie devra vous proposer une autre place dans une formation qui corresponde le plus possible à votre projet.

Ces commissions ont déjà commencé leur travail dès le 22 mai. Elles démarrent en se penchant sur le cas des candidats malheureux qui n'ont demandé que des formations sélectives et qui se sont vus refuser sur la totalité des vœux. Elles regarderont ensuite de près le cas des candidats toujours "en attente". Mais cet examen est long et les réponses n'arriveront pas tout de suite, sauf s'il y a déjà des places vacances dans la filière visée. De plus, vous n'obtiendrez pas forcément la filière ou l'université souhaitée, il faudra peut-être que vous envisagiez des compromis de mobilité ou de formation un peu différente dans le même secteur.

6- Le projet de formation motivé ne sert à rien

FAUX.

Dans les universités, les commissions d'examen des vœux ont eu du pain sur la planche pour examiner la longue pile des dossiers. Et peu de temps pour le faire : parfois moins de 4 minutes par candidat. Est-ce à dire qu'elles n'ont regardé que les notes ? Non. Pour opérer leur classement, les universités ont aussi utilisé la fiche Avenir qui comprend certes les moyennes mais aussi avec les appréciations des professeurs. Elles ont également regardé le projet de formation motivé, notamment lorsqu'elles avaient un doute sur un candidat.

En revanche, chaque commission dans chaque formation a arrêté ses propres modalités d'examen des dossiers. Il est donc difficile d'affirmer avec certitude que toutes les lettres de motivation ont été regardées de près, et surtout quel rôle elles ont joué dans le placement du candidat sur la liste d'attente.

7- Parcoursup désavantage les jeunes de banlieue

VRAI, pour les licences.

Car à dossiers égaux, ce sont les candidats du secteur qui sont prioritaires. Mais c'était déjà le cas avec APB. En Île-de-France, lorsque vous avez postulé en licence, il était utile de regarder au cas par cas si vous étiez considéré comme faisant partie du secteur ou si vous étiez hors secteur. Une quarantaine de licences franciliennes étaient en effet désectorisées : principalement les filières MIASH (mathématiques et informatique appliquées aux sciences humaines et sociales), PACES (première année commune aux études de santé), psychologie, STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) et des licences scientifiques des académies de Créteil et de Versailles.

MAIS... des quotas de candidats hors académie ont été fixés par le rectorat, en concertation avec chaque formation. Les élèves de la région parisienne et des autres régions ont donc une chance (certes, bien plus faible) de décrocher une place dans la capitale. De plus, le recteur a fixé, pour chaque formation, un quota de boursiers, en tenant compte du profil des candidatures reçues (proportion de boursiers) et en concertation avec chaque formation publique (sélective ou non), "tout en prenant en compte les réalités territoriales", précise-t-on au ministère.

8- Parcoursup n'a pas instauré de sélection à l'entrée en licence

FAUX. Le ministère de l'Enseignement supérieur parle de "meilleure orientation" postbac des élèves, avec un objectif d'augmenter le taux de réussite en licence. Mais dès lors que les universités regardent les dossiers des candidats, leurs notes, les appréciations des professeurs, et que des commissions classent les dossiers par ordre décroissant de chances de réussite, le mot "sélection" peut s'employer.
MAIS... il est vrai qu'aucun bachelier n'est refusé en licence en raison de son dossier (hors doubles cursus), à la différence des formations sélectives classiques. Les candidats se voient soit proposer un parcours d'accompagnement (licence en 4 ans, modules de renforcement...), soit une notification de refus faute de capacité d'accueil. Et dans ce cas, une autre place leur sera proposée.

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