Parcoursup : à quoi vous attendre si on vous répond "oui, si" ?
Si vous envisagez d’entrer à la fac à la rentrée prochaine, vous serez peut-être concerné par le dispositif "oui, si". Ce parcours adapté aux besoins et aux difficultés des étudiants semble remporter leur faveur. Petit aperçu de ce qui pourrait vous attendre.
Lorsque vous vous inscrivez à la fac sur Parcoursup, l'établissement peut vous faire trois propositions : "en attente de place", "oui" ou "oui, si". Ce "oui, si" est un dispositif obligatoire, mais chaque université et chaque formation est libre de proposer son propre contenu. Son objectif ? Aider les étudiants en difficulté ou au parcours atypique à réussir leur entrée dans le supérieur grâce à du tutorat et un suivi personnalisé.
2018 : année test
En effet, depuis 2018, la loi ORE (Orientation et réussite des étudiants) prévoit la mise en place de "dispositifs d’accompagnement pédagogique" afin de favoriser la réussite des étudiants. C'est le cas notamment en licence, où seulement 28,5 % des bacheliers obtiennent leur diplôme en trois ans.
Le parcours "oui, si" fait ainsi partie des nouveautés 2018. Pour les élèves, il s’agissait d’une première. Beaucoup d’entre eux n’avaient jamais entendu parler du dispositif et ne savait pas vraiment à quoi s’attendre en arrivant. "On est vraiment l’année test. Les profs ont dû tout nous expliquer à la rentrée, personne ne savait ce que ce parcours signifiait", se souvient Marine, en première année de licence de droit à l’université de Nîmes.
Pour certains, cette annonce a fait l’effet d’une douche froide. Comme Bilal qui, après avoir obtenu un bac STI2D avec mention bien, a intégré une licence de droit à l’université d’Angers. "Je pensais être admis en L1 classique, mais lorsqu’on a dû faire nos groupes de TD [travaux dirigés], j’ai appris que j’étais en parcours 'oui, si'. Je l’ai très mal pris. Je voulais changer et puis j’ai relativisé. Je m’y suis fait, mais d’autres ont préféré partir."
À l’université de Grenoble, les étudiants en STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives) intègrent le dispositif trois semaines après la rentrée. "Cela nous a permis de découvrir le fonctionnement des cours. On a vite compris qu’on pourrait très vite lâcher sans le parcours 'oui, si'", explique Sullivan, qui a suivi ce parcours.
"On n’est pas là par nullité"
Autre difficulté pour les étudiants : comprendre pourquoi ce dispositif leur est nécessaire. Les élèves qui intègrent ces parcours sont souvent des bacheliers technologiques ou professionnels, voire des bacheliers généraux qui ont eu leur diplôme avec difficultés. "Je me suis dit que j’étais nulle et que mon dossier devait être très mauvais", affirme Marine. "Je sais que je suis en 'oui, si' à cause de mes notes et de mon comportement, juge Sullivan. J’ai besoin de ce dispositif, c’est toujours mieux que de perdre une année."
Pour autant, même si le parcours est une condition pour intégrer la formation, rien n’est définitif. Dans certaines universités les étudiants sont soumis à des tests de compétences dès la rentrée. En fonction de leurs résultats, ils peuvent sortir du dispositif et directement intégrer la licence classique. Il arrive aussi que le parcours ne soit obligatoire qu’au premier semestre, ce qui doit permettre aux étudiants de se rassurer sur leurs capacités.
"Il ne faut pas paniquer et ne pas juger avant de connaître", conseille Anais, en licence de lettres modernes à l’université de Cergy-Pontoise. "Ce n’est pas être un mauvais élève que de suivre ce parcours. C’est nécessaire pour réussir, on n’est pas là par nullité", confie Sarah, en licence de droit à Nîmes.
Le sentiment d’être chouchouté
Au contraire, le parcours "oui, si" s’avère une bonne transition pour les nouveaux étudiants. "Ce n’est pas comme au lycée. Les profs ne sont pas toujours derrière nous, et on a un meilleur suivi par rapport aux autres", admet Déborah, en licence de lettres modernes à Cergy-Pontoise.
Les étudiants bénéficient de cours en petits groupes. Ils ne sont parfois qu’une quinzaine. "On peut poser des questions plus facilement quand on ne comprend pas", estime Sarah. "On travaille mieux, les profs sont plus à l’écoute et s’adaptent à nos difficultés", assure Freddy, en prépa scientifique à l’université d’Aix-Marseille. Un avis partagé par l’un de ses camarades de promo, Oscar : "Il y a une très bonne ambiance, on est soudés et on s’entraide beaucoup".
Des progrès plus rapides
En parallèle de leurs cours de première année de licence, les étudiants ont quelques heures de soutien et de méthodologie supplémentaires. Ce parcours adapté leur permet de reprendre confiance en eux. "On a des évaluations assez régulières, mais seulement pour que l'on puisse prendre conscience de notre progression, explique Marine. Je suis passée de 11 à 15/20 à la fin du semestre." Pour Manon, en licence d’informatique à Rennes 1, le bilan est très positif : "J’ai eu 4/20 à mon bac de maths contre 17/20 à mon partiel, c’est très valorisant".
Un rythme plus ou moins soutenu qu’en licence classique
Quant à la charge de travail, les points de vue divergent. "On a cinq heures de cours en plus qu’en licence classique, mais c’est une matière comme une autre", affirme Déborah. Au contraire, pour Sarah, il s’agit d’une vraie charge de travail supplémentaire. "C’est sans doute la clé du succès", rétorque-t-elle.
De son côté, Thibault estime que l’université de Nîmes n’a pas pris en compte ses expériences précédentes. "Je trouve que ces cours sont trop faciles. Avant d’entrer en licence de droit, j’ai obtenu mon bac STMG et j’ai fait une prépa HEC. Il y a plein de choses que j’ai déjà apprises l’année dernière, donc j’ai de très bonnes notes mais je ne progresse pas", regrette-t-il.
Certains dispositifs privilégient des licences en quatre ans, ce qui signifie que les étudiants ont deux ans pour valider leur première année. Un allongement d’études pas forcément bien perçu par les étudiants. "Comme on ne suit pas les TD en première année, on s’ennuie vite parce qu’on n’a pas de travail", avance Bilal.
Mais pour Oscar, en prépa scientifique, cet aménagement est une chance. "On n'a cours que le matin. L’après-midi, on est en autonomie. Cela nous permet de mieux travailler." Même raisonnement pour Sullivan, en STAPS : "J’ai 10 heures de cours par semaine, je me focaliser ainsi sur quelques matières seulement."
D’après Manon, en deuxième année de L1 à Rennes 1, il n’y a pas de secret : "Il faut travailler et être motivé, conseille-t-elle. L’année dernière, seuls trois étudiants en parcours 'oui, si' ont validé leur première année sur 15. Il faut se donner les moyens de ses ambitions !"