Enquête

Préoccupations autour du bien-être des étudiants en filières scientifiques

Malgré la levée des restrictions sanitaires, de nombreux étudiants continuent de souffrir d'anxiété sociale et de subir la précarité.
Malgré la levée des restrictions sanitaires, de nombreux étudiants continuent de souffrir d'anxiété sociale et de subir la précarité. © Adobe Stock/StockPhotoPro
Par Charlotte Mauger, publié le 09 décembre 2022
6 min

L'actualité anxiogène, la précarité, les difficultés d'insertion et les effets de la réforme du bac sont de nouvelles sources d'inquiétude pour les étudiants, notamment en sciences. Enseignants et associations sonnent l'alerte.

La crise sanitaire a été éprouvante. Les confinements successifs ont mis en lumière l’isolement social des étudiants et leur précarité, qui peuvent être sources d’anxiété.

En 2022, malgré la levée des restrictions, "les traumatismes sont encore présents : on observe beaucoup d’anxiété sociale et de manque de confiance en soi chez les étudiants", alarme Colline Barré, présidente de l’association Afneus (Association fédérative nationale des étudiants universitaires scientifiques). Ce que constate également Quentin Bourgeon, président de l’association REVES Jeunes : "Nos sollicitations ont augmenté cette année".

Et pour cause, le paysage actuel des études supérieures n’est pas propice à la sérénité. Cela est vrai, notamment, dans les filières scientifiques.

Un sentiment d’inconfort depuis la réforme du bac

Depuis la réforme du baccalauréat, une spécialité scientifique est abandonnée en terminale. Problème : les trois sont bien utiles dans certaines filières, comme en classe préparatoire BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) où mathématiques, physique-chimie et SVT sont toutes aussi importantes.

"Les élèves arrivent chez nous avec la peur que la spécialité qu’ils ont abandonnée leur fasse défaut. Cela affecte leur confiance en eux", observe Lara Thomas, enseignante de mathématiques en BCPST à Saint-Etienne (42) et membre de l’UPA (union des professeurs des classes préparatoires des sciences de la Terre).

"En plus de cela, dans certaines filières de sciences se passe quelque chose de nouveau : ces domaines étaient, auparavant, source d’employabilité, mais c’est moins vrai maintenant", ajoute Quentin Bourgeon. Car il est de plus en plus difficile de trouver une place en master ou d’accéder à l’emploi espéré. "Bien sûr, tout cela crée une inquiétude quant à l’utilité des études scientifiques… ", regrette Coline Barré.

L’impact des crises sanitaires et environnementales

Les études ne sont pas l’unique source d’inquiétude, comme le souligne Lara Thomas : "Il y a un contexte anxiogène dans la société en général". Car avant d’être des étudiants, les jeunes sont des citoyens confrontés à une actualité qui les affecte.

"Tous les débats actuels dégradent la santé mentale des étudiants", alerte Quentin Bourgeon. Il prend l’exemple des étudiants en santé : "Ils ont une forte pression sur les épaules. Par exemple, les débats autour des vaccins les ont touchés."

Autre actualité qui a une résonance dans les études des sciences : l'environnement. Selon la Fondation Jean Jaurès, l’éco-anxiété, ce sentiment de colère, d’impuissance ou de tristesse face au changement climatique, touche 38% des 18-24 ans, contre 29% de la population générale.

"Cela touche les étudiants, peu importe la filière. Mais le fait que celles et ceux en sciences soient particulièrement informés des conséquences peut augmenter l'éco-anxiété", avertit Clément Landat, vice-président en charge des Affaires sociales à l’Afneus.

Des étudiants face à la précarité

De plus, l’augmentation des coûts de la vie et de l’énergie touche les étudiants de plein fouet. Avec le risque de mettre le bien bien-être de côté pour privilégier les besoins vitaux. "Entre se nourrir ou se loger et leur santé, les étudiants mettent souvent leur santé de côté", prévient Quentin Bourgeon.

Lara Thomas s’inquiète pour l’avenir : "J'espère que cela ne freinera pas les études longues." Cela peut en effet se répercuter sur les apprentissages. "De l’augmentation du coût de la vie en découle une diminution du budget alloué au matériel universitaire", remarque Clément Landat. Du matériel utile pour des études en informatique ou en biologie notamment. "Cela peut compromettre leur réussite dans leur cursus universitaire par manque de matériel."

Vers qui se tourner pour trouver de l’aide ?

Si vous rencontrez des problèmes ou l’une des ces difficultés au cours de vos études, voici quelques organismes vers lesquels vous pouvez vous tourner.

En classe préparatoire, Lara Thomas l’assure : "Il y a toujours une oreille attentive pour vous aider" : l’un de vos professeurs, à l’infirmerie ou à la vie scolaire.

En école d’ingénieurs, des dispositifs particuliers peuvent être mis en place où vous pouvez aussi vous tourner vers votre BDE (bureau des étudiants).

Pour les étudiants à l’université, plusieurs associations existent. REVES Jeunes et NightLine vous accompagnent sur des questions de santé. L’Afneus est une association dédiée aux étudiants en sciences.

Sur le site etudiant.gouv.fr, vous trouverez des contacts et des liens pour trouver la personne vers qui vous aider, ou une aide psychologique proche de votre lieu d’études. Vous pouvez aussi bénéficier de consultations chez un ou une psychologue grâce au dispositif MonPsy.

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