Témoignage

Logement étudiant : jeune et retraité, deux générations sous le même toit

L'humour : le secret de Godlives et Françoise pour bien s'entendre.
L'humour : le secret de Godlives et Françoise pour bien s'entendre. © l'Etudiant
Par Pauline Bluteau, publié le 07 juillet 2019
6 min

VIDÉO. Habiter chez une personne âgée ? Le concept vous paraît surprenant, pourtant certains étudiants l'ont adopté. L’idée : partager le logement d’un sénior en échange de moments de convivialité. À Dijon, Godlives et Françoise reviennent sur cette "incroyable aventure".

Réunir deux générations sous le même toit : c’est le pari qu’a fait l’association Binôme 21 à Dijon (21). Au total, depuis 2010, l’association propose une quarantaine de colocations entre étudiants et retraités. "L’objectif était de changer le regard sur la jeunesse et la vieillesse, de créer du lien entre ces deux générations", explique Aurélie Benoit, l’une des coordinatrices.

Et cela marche. Le concept s’est développé un peu partout en France et semble plaire aux étudiants qui y voient un moyen de faire des économies tout en partageant de bons moments avec leur binôme. Loin d’être une contrainte, la colocation intergénérationnelle apparaît plutôt comme un bon compromis.

Un binôme qui doit être "compatible"

"Il me fallait quelqu’un qui ait le même sens de l’humour que moi, sinon cela n’aurait pas collé", s’exclame Godlives. Après une première expérience en colocation traditionnelle, l’étudiante en PACES (première année commune aux études de santé) a préféré se tourner vers la colocation intergénérationnelle. "Avant de former les binômes, on fait passer des entretiens aux jeunes et aux personnes âgées pour connaître leurs attentes et leurs besoins, précise Aurélie Benoit. Ensuite, on organise une première rencontre et ils ont chacun une semaine pour se décider."

Godlives est arrivée chez sa colocataire en mars dernier. L’emménagement peut se faire à n’importe quelle période de l’année, mais généralement les étudiants s’installent pour l’année scolaire, de septembre à mai. Une chambre avec au minimum un lit, un bureau et une armoire est mise à leur disposition. "Comme il y avait deux chambres, Mme Lucotte m’a laissé le choix. J’ai choisi celle qui donnait sur le jardin. En plus, elle est plus grande", raconte l’étudiante.

La solidarité, valeur indispensable

Si le binôme s’est tout de suite très bien entendu, la coordinatrice de l’association reste prudente. "Il faut des personnes souriantes, qui ont envie d’échanger et surtout qui sont respectueuses", prévient-elle. Un avis partagé par les deux femmes pour qui la solidarité est aussi un allié indispensable. "Elle s’occupe de mes poules, parfois je lui demande de me faire réchauffer un plat, d’acheter du pain ou tout simplement de m’apporter un verre d’eau", explique Françoise Lucotte. "On est là l’une pour l’autre et on s’entraide beaucoup. C’est elle qui me réveille le matin par exemple. Elle m’a aussi appris à tricoter et je l’encourage lorsqu’elle a ses séances de kiné", détaille Godlives.

Même si elles ont choisi de ne pas manger ensemble car leurs horaires ne sont pas compatibles, les deux colocataires ont trouvé le rythme de vie qui leur convient. "On s’est trouvé des points communs, on parle tout le temps, on échange sur nos cultures, notre époque, on ne s’ennuie jamais", confie l’étudiante. Et lorsqu’elle sait qu’elle rentrera plus tard, Godlives n’oublie pas de prévenir Françoise. "C’est normal, sinon je m’inquiète après", estime la retraitée.

Une cohabitation bien encadrée

Car il ne faut pas oublier que certains principes sont imposés par l’association. "On a une charte pour ne pas qu’il y ait d’abus. La solidarité doit être réciproque et les temps de partage quasi obligatoires", confirme Aurélie Benoit.

Mais d’après le binôme, si tout est clair dès le début, il ne devrait pas y avoir de mésentente. "Il y a toujours un petit temps d’adaptation, mais si on se montre naturel tout va bien", estime Françoise Lucotte. "C’est un bon moyen de nous responsabiliser et d’être attentif aux autres", poursuit Godlives. Une chose est sûre, les deux colocataires se sont bien trouvées. "On rigole bien et on a encore plein de choses à partager", concluent-elles.

Infos clés sur la cohabitation intergénérationnelle

Si vous êtes intéressé par ce concept, renseignez-vous auprès des associations, elles vous mettront directement en relation avec votre futur binôme et la procédure sera entièrement encadrée.

À Dijon, les étudiants versent une indemnité mensuelle de 30 à 250 € par mois au propriétaire, "ce qui correspond aux charges en général", estime Aurélie Benoit, la coordinatrice.

Parmi les avantages : les étudiants ont leur propre chambre et parfois même leur propre salle de bain, tout en ayant accès aux parties communes. "Ce sont souvent des grandes maisons avec jardin", complète la coordinatrice. Et si la colocation ne se passe pas comme prévu ou si vous devez quitter les lieux plus tôt que prévu, vous n'avez qu'un mois de préavis. La seule condition, en tous cas pour l'association Binôme 21, rester au minimum deux mois dans le logement.

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