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Syndicats étudiants : l’Union Étudiante gagne du terrain au CNESER au détriment de l'Unef

L’Union Étudiante est née en avril 2023 d’une scission de l’Unef et d’anciens du syndicat l’Alternative.
L’Union Étudiante est née en avril 2023 d’une scission de l’Unef et d’anciens du syndicat l’Alternative. © Alexandra BONNEFOY/REA
Par Clémentine Rigot, publié le 05 juillet 2023
1 min

Après une élection mouvementée, l’Union Étudiante, benjamine des organisations syndicales, rafle plus de sièges au CNESER que sa grande sœur l’Unef, elle-même battue par l’Uni. La Fage arrive de nouveau en tête avec un siège de plus.

Jeudi 22 juin avait lieu le dépouillement des élections des représentants au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche (CNESER). La Fage arrive en tête avec six élus, soit un de plus qu’aux élections de 2021.

"Nous avons récupéré le siège perdu il y a deux ans. Pour nous, l’objectif est atteint : nous pourrons, sur le terrain et à l’échelle nationale, poursuivre nos actions, le tout dans un contexte de recomposition étudiante", se réjouit Etienne Matignon, président de la Fage.

L’Union Étudiante, née d’une scission de l’Unef et d’anciens du syndicat l’Alternative, a quant à elle remporté trois sièges. En perte de terrain, l’Unef n’en compte plus qu’un.

De bons premiers résultats pour l’Union Étudiante

"Ces résultats nous placent comme la force qui progresse le plus dans cette élection", se félicite Eleonore Schmitt, porte-parole de l’Union Étudiante. "Et cette progression ne se fait pas au détriment du bloc syndical, puisqu’il fait son meilleur score depuis 2015", précise-t-elle.

Elle fait référence aux critiques qui avaient jailli au moment de la création de l’organisation, accusant l’Union Étudiante d’affaiblir le mouvement.

La déconvenue de l’Unef

"Le score de l’Unef est triste à observer d’un point de vue historique, mais cela montre aussi qu'aujourd'hui, il y a une démarche syndicale qui fonctionne. Il y a un syndicalisme étudiant qui renaît de ses cendres", analyse Eleonore Schmitt.

Retards dans les envois du matériel, votes jugés non conformes à cause de problèmes d’impression, dépouillement sous la table… L’Unef fait de son côté état de nombreuses irrégularités dans ce scrutin. "Il y a eu des élus intimidés, suivis jusqu’à chez eux, des usurpations d’identité", liste Imane Ouelhadj, présidente du syndicat.

Sans commenter le score de l’Union Étudiante, elle les accuse cependant de "fragiliser les forces progressistes du milieu étudiant", leur imputant une part de responsabilité dans la victoire du syndicat Uni. "Ils devront répondre aux problématiques qui se poseront dans les prochaines années dans les universités, notamment en lien avec la montée du fascisme."

Un score historique pour l'Uni

L’Uni passe en effet devant l’Unef et devient ainsi la troisième force au CNESER. Des résultats qui inquiètent dans les autres organisations. "Il faut relativiser, car ce n’est que la troisième progression. On remarque qu’ils sont plus développés en termes d’implantation sur le territoire", analyse Eléonore Schmitt.

Une évolution que l’élue fait remonter à la campagne de l’élection présidentielle de 2022. "Dans les rangs de l’Uni, il y a un certain nombre de soutiens d’Éric Zemmour, qui ont profité de la montée de l’extrême droite et de son impunité", poursuit-elle.

Une tendance qui se ressent aussi sur les campus : "Il y a eu des passages à tabac de nos membres, des personnes suivies jusqu’à chez elles par des militants d’extrême droite", rapporte Eléonore Schmitt.

"Pendant les mobilisations contre la réforme des retraites, on a vu des attaques de l’extrême droite sur un certain nombre de campus, des intimidations, des fichages", ajoute Imane Ouelhadj.

"Cette progression de la droite et de l’extrême droite ne nous dit rien qui vaille", se désole la présidente, pointant notamment du doigt le conditionnement des aides sociales et l’augmentation des frais d’inscriptions, tendant vers une "fermeture des universités aux classes populaires".

Un mode de scrutin au CNESER à revoir ?

Les élections au CNESER fonctionnent sur un système de grands électeurs, et se déroulent par correspondance. En bref, ce n’est pas l’ensemble des élus étudiants qui votent, mais, selon les catégories d’établissements, un nombre d’élus défini. "Les élus votent pour les élus qui peuvent voter", résume Imane Ouelhadj.

Un scrutin loin de faire l’unanimité. La présidente enjoint en effet le ministère de l'Enseignement supérieur à en revoir les modalités. Parmi les pistes à explorer : la mise en place d’un droit de veto au CNESER, qui permettrait à une majorité de voter contre une mesure. "Le CNESER reste une instance consultative, il n’y a pas de pouvoir décisionnaire", regrette Imane Ouelhadj.

"Nous avions, comme l’ensemble des organisations, déjà, il y a deux ans, constaté beaucoup de fraudes. Ce système électoral peut être questionnant, puisqu’il y a beaucoup d’opérations pour permettre le vote", analyse quant à lui Etienne Matignon.

"Mais les risques d’infraction et d’irrégularité, il en existe pour chaque élection", tempère l’élu, citant l’exemple du vote numérique. "Le sujet serait plutôt de proposer un meilleur modèle."

La Fage prévoit, dès cet été, de faire des propositions au ministère concernant une refonte du scrutin, de manière à le rendre réellement représentatif et permettre un vote plus serein.

L’utilité du CNESER remise en question

"C’est de notoriété publique que le CNESER ne sert plus à rien, et ce n’est pas dans cette instance que les étudiants peuvent se faire entendre. On y est soit muselés, soit pas entendus", déplore Imane Ouelhadj. L’élue cite entre autres le vote autour de "Trouve ton master" (désormais Mon master, NDLR) lors duquel le CNESER s’était prononcé à la majorité contre sa mise en place, en vain.

"Au-delà du manque d’informations, il y a une décrédibilisation du CNESER opéré par la manière dont il est traité par le pouvoir en place, précise Etienne Matignon. On a connu très peu de grands moments de débat qui ont permis au CNESER de s’exprimer, ou de voir sa voix entendue, à l’exception du débat autour du doctorat."

Même son de cloche chez l’Union Étudiante. "C’est un peu une coquille vide qui sert d’instance consultative, mais dans laquelle on peut voter bon nombre de motions sans qu’il y ait forcément d’impact politique derrière, c’est quelque chose qui nous questionne et que l’on aimerait faire évoluer", renchérit Eléonore Schmitt.

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