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L’Union Etudiante : le nouveau syndicat créé par Alternative et des dissidents de l’Unef

Karel Talali, ex-membre de l’Unef, et Eleonore Schmitt, ancienne porte parole de l’Alternative, sont désormais membres du nouveau syndicat : l’Union Etudiante.
Karel Talali, ex-membre de l’Unef, et Eleonore Schmitt, ancienne porte parole de l’Alternative, sont désormais membres du nouveau syndicat : l’Union Etudiante. © Alexandra BONNEFOY/REA
Par Clémentine Rigot, publié le 06 avril 2023
6 min

Dix-sept sections locales de l’Unef quittent l'organisation pour s’allier avec l'Alternative en créant un nouveau syndicat, l'Union Etudiante. Une mutation supplémentaire dans un climat social agité, en pleine mobilisation contre la réforme des retraites.

"Dysfonctionnement", "fracture", "manque de démocratie"…, 17 sections locales de l'Unef ont quitté le syndicat début avril pour créer, l'Union Etudiante, avec l'Alternative, elle même née d'une scission de l'Unef il y a six ans.

Avec déjà pas moins de 51 organisations membres, l'Union Etudiante repose sur un modèle qui se veut fédéral : ces organisations comptent chacune pour une voix et "s’organisent autour d’un conseil d’administration, cœur stratégique, et un bureau national", détaille Eléonore Schmitt, porte-parole de l’Alternative.

Un nouveau syndicat étudiant qui souhaite peser sur la réforme des bourses

Dans l’optique de son congrès fondateur prévu les 22 et 23 avril, le nouveau syndicat a déjà tracé son plan d’action. Premier chantier : dès vendredi 7 avril, participer aux concertations, au ministère de l’Enseignement supérieur, pour le second volet de la réforme des bourses.

Autre priorité : aborder la question de la dissolution des groupuscules d’extrême droite sur les lieux d’études. "C’est important, dans le contexte politique actuel, de montrer que c’est un sujet qui nous touche, surtout quand on a des camarades victimes de la violence de ces groupes", précise Eléonore Schmitt.

Des désaccords internes à l'Unef

Sélection à l’université, précarité, Parcoursup… L’organisation mise, sans surprise, sur les grands sujets qui font débat entre étudiants et acteurs de l’enseignement supérieur. S’il s’agit de thématiques abordées par l’ensemble de la palette des syndicats étudiants, il n’était pourtant plus possible, aux yeux de la porte-parole, de les déployer au sein de l’Unef.

Elle pointe notamment du doigt un "climat très conflictuel" au sein de l'Unef et son incapacité à évoluer avec la société. Eléonore Schmitt dénonce ainsi un "repli sur soi, dès 2017, de l’organisation, sans possibilité de repenser le modèle et d’exprimer ses désaccords", faisant notamment référence à l’éviction de militants Insoumis parmi ses rangs.

"Il y a une pluralité de choses qui ont nourri ces désaccords internes. Il y a des désaccords organisationnels, mais aussi de fond, sur ce qu’est le syndicalisme étudiant aujourd’hui en France, à quoi il sert et quelle démarche syndicale nous devons entreprendre", énumère quant à elle Imane Ouelhadj, présidente de l’Unef. "Nous avions aussi un désaccord très pratique sur la manière d'aider les étudiants au cas par cas", précise-t-elle, citant notamment la question des bourses, des inscriptions et du logement.

L'Union Etudiante souhaite "devenir la première organisation étudiante de France"

Imane Ouelhadj assure que "l’Unef se remet constamment en question pour coller au mieux aux évolutions de la société". Elle n’est pas inquiète de la multiplication des propositions dans le paysage syndical qui pourrait apporter de la confusion chez les étudiants : "Ils voient qui milite sur leurs campus aujourd’hui, ils voient qui se mobilise dans la rue, qui organise des assemblées générales et des manifestations", affirme la présidente.

Forte de ses 30.000 adhérents, l’Unef n’est pourtant plus, depuis 2016, le gros poisson du milieu syndical jeune, devancée désormais par la Fage. Et l’Union Etudiante souhaite voir cette situation évoluer. L’objectif est affiché clairement : "devenir la première organisation étudiante de France". Et l’Unef de dénoncer, dans un communiqué, "la volonté d’hégémonie d’un seul groupe", portant atteinte au "droit au désaccord, pierre angulaire de l’organisation des débats".

Reconnaître l’héritage de l’Unef mais construire un autre modèle

Malgré les conflits internes, l'Union Etudiant reconnait pourtant les legs de l'Unef, mentionnant, entre autres, ses victoires syndicalistes et son avant-gardisme sur les "luttes majeures comme le féminisme ou l’antiracisme". "Si l’on avait fait une sorte de fusion-acquisition de l’Unef au sein de l’Alternative, ça n’aurait pas du tout envoyé le même message qu’en créant une nouvelle organisation, qui montre bien que l’on veut recomposer le milieu étudiant, tout en affichant notre affiliation, par le nom, à l’héritage de l’Unef", admet Eléonore Schmitt.

Cette nouvelle idylle entre l’Alternative et les déçus de l’Unef a été dynamisée par le climat politique et social de ces derniers mois. Les débats autour de la réforme des retraites, dès l’automne 2022, ont été un "accélérateur de particules", entrainant des discussions sur la mobilisation et faisant se rapprocher des membres des deux organisations, "pour construire un autre modèle plus en phase avec la société et le milieu étudiant", se souvient la porte-parole.

"Nous sommes prêts à discuter avec tout le monde"

Si Imane Ouelhadj rappelle que "leurs revendications sont les revendications historiques de l’Unef", la présidente ne ferme pas pour autant la porte au dialogue : "nous sommes prêts à discuter avec tout le monde si c’est en bonne intelligence", affirme-t-elle, rejetant toute logique d’appareils. "Notre boussole, c’est les étudiants et faire en sorte d’améliorer leur vie", rappelle-t-elle.

Pour l’heure, l’Union Etudiante a appelé à rejoindre ses cortèges dans les manifestations contre la réforme des retraites, dès le 6 avril, proposant aux étudiants de défiler, pour la première fois, sous ses nouvelles bannières.

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