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Attaque à Arras : le détail des protocoles de sécurité dans les écoles, collèges et lycées

7.000 militaires de l'opération Sentinelle sont déployés pour renforcer la sécurite des lieux sensibles.
7.000 militaires de l'opération Sentinelle sont déployés pour renforcer la sécurite des lieux sensibles. © Gilles ROLLE/REA
Par Agnès Millet, publié le 16 octobre 2023
6 min

Après l'attentat dans un lycée à Arras qui a notamment causé la mort d'un enseignant, le gouvernement a relevé le plan Vigipirate au niveau "urgence attentat". Le ministère de l'Éducation nationale a également dévoilé de nouvelles mesures à suivre dans les établissements scolaires.

Après le choc, la réponse sécuritaire. Le ministère de l'Éducation nationale publie de nouvelles consignes de sécurité à mettre en place dans les établissements scolaires, après que le gouvernement a porté le plan Vigipirate au niveau "urgence attentat", le plus élevé.

Les mesures supplémentaires de protection "correspondent à un élargissement et un renforcement des dispositifs actuels" pour "prévenir les menaces", notamment dans le cadre du Plan particulier de mise en sûreté (PPMS).

Des patrouilles mobiles aux abords des établissements scolaires

Ces mesures visent à assurer la sécurité des élèves et des personnels de l'Éducation nationale. Les patrouilles mobiles de policiers ou de gendarmes sont renforcées pour surveiller et contrôler les abords des établissements.

Déborah Caquet, professeure d'histoire-géographie dans l'Essonne, observe ainsi qu'il y a "une vigilance sur les entrées et les sorties des élèves, avec une présence policière. C'était déjà manifeste, vendredi. C'est le signe le plus visible. Ce protocole me rassure, car tous les établissements ne sont pas forcément très sécurisés".

De son côté, Jérôme Fournier, secrétaire académique du syndicat SE-UNSA, confirme que ces mesures étaient "nécessaires vu le contexte. Ces patrouilles rassurent tout le monde, même si l'on sait que cela ne pourra pas durer".

Selon le ministère de l'Intérieur, "7.000 militaires de l'opération Sentinelle" sont venus en appui des "10.000 policiers et gendarmes mobilisés dans la lutte contre le terrorisme". De plus, le ministère de l'Éducation nationale déploie près de 1.000 personnels de prévention et de sécurité dans les écoles et les établissements scolaires.

Des protocoles renforcés devant et dans les établissements

Jérôme Fournier relève aussi que "tous les établissements vont redoubler de vigilance", au-delà des consignes de l'Éducation nationale, visant les établissements. Celles-ci se déclinent en plusieurs volets :

  • les consignes de sécurité sont affichées,

  • à l'extérieur des bâtiments, les attroupements doivent être évités, car ils "exposent leurs membres à une menace d'attaque directe". Les activités aux abords des bâtiments sont restreintes, voire interdites,

  • l'identité des personnes est vérifiée,

  • aux abords des établissements, les contrôles d’accès des personnes et des véhicules sont renforcés,

  • à l'entrée des établissements, les élèves sont accueillis par un adulte,

  • un contrôle visuel des sacs est effectué. En cas de refus, l'accès peut être interdit,

  • l'identité des personnes étrangères à l'établissement est systématiquement vérifiée. En cas de doute, le directeur d’école ou le chef d’établissement peut refuser l’accès à l’établissement.

Le ministère ajoute qu'"une attention particulière est également portée à la gestion des flux d'élèves, des entrées et sorties dans les écoles et les établissements scolaires, dont ceux avec internat. Des solutions limitant la fréquence des allées et venues entre l'établissement et la voie publique peuvent être recherchées en concertation avec les autorités concertées".

Ces mesures s'appliquent également aux activités périscolaires. En revanche, "à ce stade", les sorties scolaires occasionnelles et les voyages scolaires sont autorisés.

De plus, les directions départementales de l'Éducation nationale, les préfectures et les rectorats sont également mis à contribution (référent sûreté, cellule de crise, etc.).

Trois exercices de sécurité dans les établissements

Par ailleurs, ce niveau "urgence attentat" prévoit trois exercices de sécurité, dont un exercice attentat-intrusion, dans les établissements scolaires. L'apprentissage de gestes de premiers secours et des gestes qui sauvent peut également être mis en place.

"Depuis quelques années, on a des exercices annuels qui envisagent deux scenarii : se cacher ou fuir. C'est assez lourd à mettre en œuvre, mais cela permet de maintenir un certain niveau de vigilance dans notre quotidien", précise Déborah Caquet.

Jérôme Fournier pense qu'il faudrait organiser davantage d'exercices anti-intrusion. "Tous les établissements le font. Mais il faudrait faire plus pour que tout le monde ait des réflexes immédiats : être silencieux, se cacher… Et il faut rappeler aux élèves que c'est sérieux."

Mobiliser les parents d'élèves

Pour le secrétaire du syndicat SE-UNSA, les parents aussi ont leur rôle à jouer. "Tout le monde doit y mettre du sien. Par exemple, faire l'effort de mettre la photo de son enfant dans le carnet de correspondance, dès la rentrée. Cela peut faciliter le travail pour identifier les élèves inscrits. Car quand il y a deux surveillants pour 1.000 élèves, ce n'est pas suffisant".

Le ministère rappelle également qu'il "est demandé à chacun de signaler tout comportement ou objet suspect, y compris aux abords des établissements."

Des guides sont mis à la disposition des communautés éducatives et des parents d'élèves écoliers ou en collège et lycée.

D'autres mesures de sécurité à venir ?

Déborah Caquet évoque également des mesures à mettre en œuvre à plus long terme, et discutées avec la Région depuis l'assassinat de Samuel Paty, il y a trois ans. "Il serait possible de mettre en place des dispositifs pour empêcher les intrusions, en haussant les murs ou en installant des sas à l'entrée. Certains lycées l'ont déjà fait. Je pense que la généralisation de ces mesures ne va plus être différée", note-t-elle.

De nouvelles mesures pourraient être annoncées prochainement. À l'issue d'une réunion de sécurité à l'Élysée, ce 16 octobre, Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, déclare que le gouvernement a "travaillé à la sécurisation de nos établissements scolaires" et que "le ministre de l'Éducation nationale a d'ailleurs été chargé d'y travailler davantage". Il précise que "100 millions d'euros ont déjà été débloqués [par l'État] depuis cinq ans pour la protection des établissements".

Par ailleurs, chaque commune, département et région peut également prévoir des consignes ou des dispositifs de sécurité particuliers. Ainsi, Valérie Pécresse, présidente de la Région Île-de-France, annonce au Parisien, des mesures supplémentaires pour les académies concernées comme le doublement du nombre de brigades régionales de sécurité ou le déploiement de maîtres-chiens dans certains établissements.

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