Reportage

À Bercy, des lycéens pro présentent leurs chefs-d’œuvre

Suvetha, Dilagsiya, Leila et Anche (de gauche à droite) ont présenté leur projet de savon en l'honneur des Jeux de Paris 2024.
Suvetha, Dilagsiya, Leila et Anche (de gauche à droite) ont présenté leur projet de savon en l'honneur des Jeux de Paris 2024. © Marine Ilario / Letudiant
Par Marine Ilario, publié le 01 décembre 2023
6 min

Escape game, association lycéenne, gamme de savons ou encore système d’arrosage automatique. À l’occasion du salon Bercy fait son industrie des lycéens professionnels ont présenté les projets menés avec leur classe dans le cadre de la réalisation de leurs chefs-d’œuvre. Des projets récompensés par le public présent.

"Ce projet on le tient depuis l’année dernière, ça nous a fait plaisir de le partager à tous ceux qui étaient présents et en plus on repart avec le titre alors on est content". Farès est tout sourire. Son lycée, Léonard de Vinci de Bagneux (92), vient de remporter le prix du public pour son chef d’œuvre : l’escape game "Il faut sauver les JO de Paris".

À l’occasion de la semaine de l’industrie, le ministère de l’économie et des finances organisait ce jeudi 30 novembre le salon "Bercy fait son industrie". Dans ce cadre, sept projets de chefs-d’œuvre ont été présentés par des lycéens pro, et certains récompensés par le public. L’Etudiant était présent, on vous raconte.

Oser parler devant un public

Sur la scène prévue à cette occasion Leila et Anche sont les premières lycéennes à se prêter à l’exercice du speech. Elles sont venues présenter leur projet de savon créé en l’honneur des JO de Paris 2024. "Nous avons un savon tricolore. Mais ce n’est pas le produit final, c'est encore un prototype" explique Leila élève en première PLP (pilote de ligne de production) au lycée Vauclin à Paris (75).

La jeune fille n’est pas habituée de l’exercice. "Au début je me sentais à l’aise mais j’ai entendu des jeunes dans la salle rigoler et ça m’a fait perdre mes moyens."

Mathis aussi semble très stressé. La voix chevrotante il présente l’application "Sortie +" développée par le lycée Paul Bert à Maisons-Alfort (94). "Elle permet d’organiser des sorties scolaires ludiques avec six parcours au choix". Parcours Gustave Eiffel, Victor Hugo, ou encore Louis XIV, le jeune lycéen en filière "Systèmes numériques" dépasse ses appréhensions et détaille le projet.

La fierté de partager une réalisation collective

À l’inverse, Farès et Omar déroulent le scénario de l’escape game développé dans leur lycée pro avec assurance. "Un hacker a piraté la billetterie des JO. Le but est de chercher l’adresse IP du hacker pour l’arrêter" raconte Farès.

Pourtant c’est aussi une première pour le jeune homme. "De base je suis plutôt à l’aise, mais une fois devant autant de monde qui nous regarde il y a un petit stress. Mais finalement j’ai réussi à l’évacuer et maintenant je suis content et fier de nous".

La fierté de venir présenter un projet, travaillé depuis plusieurs mois pour certains lycéens à plusieurs années pour d’autres.

Des projets concrets au long cours en lycée pro

Depuis deux mois, la classe de première PLP du lycée Vauclin, participe à la concrétisation de l’idée de savon évoquée par leur professeur, à raison de plusieurs heures par semaine. "On est par groupes de trois. Certains sont en atelier pour fabriquer les savons et d’autres travaillent sur ordinateur pour faire tout le travail marketing, créer le logo, etc." explique Anche, lycéenne.

Pour Noëlle, la réflexion et la réalisation de sa clepsydre (un sablier à eau) lui a pris 200 heures. Une pièce qu’elle a réalisée lorsqu’elle était en terminale "Artisanat et métiers d’art option verrerie scientifique" au lycée Caroline Dorian à Paris, alors qu’elle participait au concours du meilleur apprentis de France.

"Pour fabriquer une pièce complexe comme celle-là il faut faire une analyse de fabrication pour réfléchir aux étapes de montage et ensuite on passe à la fabrication des différents éléments."

La réalisation de sa clepsydre a pris 200 heures à Noëlle.
La réalisation de sa clepsydre a pris 200 heures à Noëlle. © Marine Ilario / Letudiant

Après le chef-d’œuvre et le lycée, une vraie activité ?

Si pour la jeune femme, cette pièce en verre représente un moment de son parcours, pour de nombreux lycéens, leur chef-d’œuvre s’inscrit au-delà du lycée.

Noah est un peu déçu que le projet qu’il a présenté, un système d’arrosage par sondes, développé par la classe de première bac pro Melec (métiers de l’électricité et de ses environnements connectés) du lycée Marcel Deprez à Paris, n’ait pas été lauréat. Pour autant, ce premier concours ne marque pas la fin selon lui. "Je suis sûr qu’il a des chances de gagner dans d’autres concours parce que c’est un système nouveau d’arrosage qui peut trouver son public."

Même chose pour Anche, très déçue de ne pas avoir gagné. "On a passé beaucoup de temps dessus, et je suis quelqu’un qui n’aime pas perdre !"

Du côté du lycée Léonard de Vinci à Levallois Perret (92), la création de l’association "Léo le recycleur" n’est qu’une première étape. L’association créée par les premières et terminales récupère des objets abandonnés par leurs propriétaires, les répare et les revend. Les élèves envisagent maintenant de développer une boutique et un "répare café" au sein de leur lycée.

Noah présente son système d'arrosage par sonde et le projet de savon créé en l'honneur des JO de 2024.
Noah présente son système d'arrosage par sonde et le projet de savon créé en l'honneur des JO de 2024. © Marine Ilario / Letudiant

Redorer l’image de la voie pro

Avec l’événement Bercy fait son industrie l’objectif affiché par le ministre délégué chargé de l’industrie de France, Roland Lescure, venu remettre les prix au lauréat est de "promouvoir les filières techniques qui forment des talents et valoriser les jeunes qui s’engagent dans ces filières".

Une bonne chose pour Noëlle : "C’est bien de mettre en avant les filières professionnelles parce que ce sont des filières très importantes." Mais la jeune femme, professionnelle aujourd’hui reste persuadée qu’il ne faut pas oublier les matières fondamentales en lycée professionnel.

"Quand j’étais lycéenne, je trouvais les programmes des matières générales un peu vides". Des matières qui apportent pourtant de la culture générale, indispensable selon elle parce que "le but n’est pas d’avoir des gens bêtes qui savent faire un métier".

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