Décryptage

Réforme de la voie pro : les enseignants en grève ce mardi 12 décembre

En terminale, les élèves auront le choix entre deux parcours en fin d'année : soit partir en stage en entreprise, soit suivre des cours de préparation à l’enseignement supérieur.
En terminale, les élèves auront le choix entre deux parcours en fin d'année : soit partir en stage en entreprise, soit suivre des cours de préparation à l’enseignement supérieur. © Damien CERNEAUX/REA
Par Marine Ilario, mis à jour le 11 décembre 2023
5 min

Après la présentation des contours de la nouvelle classe de terminale professionnelle pour la rentrée 2024, de nombreuses questions restent en suspens quant à sa mise en place effective et ses effets sur les élèves et les enseignants. Les syndicats enseignants ont appelé à faire grève le mardi 12 décembre.

Matières professionnelles tronquées, heures d'enseignement en moins, parcours de fin d'année imprécis, risque d’absentéisme… Les syndicats d'enseignants professionnels appellent à faire grève contre la réforme de la voie professionnelle, ce mardi 12 décembre.

Carole Grandjean, ministre déléguée en charge de l’Enseignement et de la Formation professionnels avait présenté le 22 novembre, les nouveaux contours de l’année de terminale en lycée professionnel. Les représentants des enseignants avaient alors fait état de nombreuses interrogations.

En terminale, six semaines de cours perdues

La principale transformation opérée par le ministère est le choix donné aux élèves de terminale professionnelle entre deux parcours en fin d'année. Soit partir en stage en entreprise, soit suivre des cours de préparation à l’enseignement supérieur.

Un temps qui ne sera, dans tous les cas, pas consacré à la poursuite des programmes, que ce soit dans les matières fondamentales (mathématiques, français et histoire-géographie) ou professionnelles. Alors que le ministère prône "un choc des savoirs en lycée pro", Sigrid Girardin, co-secrétaire générale au Snuep-FSU (syndicat de l'enseignement professionnel public), dénonce dans ce "moins d'école" un paradoxe.

Début décembre, quelques jours après les annonces de Carole Grandjean, le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, a annoncé les mesures prévues dans son "choc des savoirs". Au programme du lycée professionnel : une "augmentation du volume horaire dans les enseignements généraux en terminale" et la "généralisation des groupes à effectifs réduits en français et en mathématiques en 2de et en 1re" professionnelles.

71 heures d’enseignements professionnels en moins

Du côté des matières professionnelles, qui représentent les plus gros coefficients au bac, le syndicat comptabilise au total 71 heures perdues sur l'année. Le stage de fin d'année pourra-t-il compenser ces cours ?

Pas pour Sigrid Girardin, qui rappelle qu'"en atelier, les élèves acquièrent des compétences métiers qui leur permettent d’obtenir leur diplôme et d’évoluer dans leur carrière. En stage, ils n’apprennent pas un métier, ils mettent en pratique ce qu’ils ont appris en atelier".

Un million d’élèves en stage en même temps

Le stage de fin d'année concentre de nombreuses interrogations. Pour le Snalc (syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur), l'appeler stage et non PFMP (période de formation en milieu professionnel) n’est pas anodin. "Si les PFMP comptent dans l’obtention du diplôme, ce n’est pas le cas d’un stage qui est décorrélé de la formation", indique Valérie Lejeune-Lambert, secrétaire nationale du Snalc, chargée de l’enseignement professionnel.

Ainsi, le suivi des élèves en stage n'est pas aussi appuyé qu'en PFMP, pour lesquelles un temps y est dédié. Les enseignants s'inquiètent également de la possibilité pour leurs élèves de trouver des stages de qualité. D'autant qu'avec le stage désormais obligatoire pour les élèves de 2de générale et technologique, ce sont près d'un million de lycéens qui devront trouver une entreprise à la même période.

Inégalités entre les deux parcours

Autre effet secondaire du stage de juin en terminale professionnelle : ceux qui suivront ce parcours ne disposeront pas d’une période de révisions pour les deux dernières épreuves du bac : prévention, santé, environnement et l’oral de projet (anciennement la présentation du chef-d'œuvre). Or, "nos élèves ont besoin d’être préparés au passage des épreuves, car ça les stresse beaucoup et la proximité est alors très importante avec eux", assure Sigrid Gérardin.

À l'inverse, ceux qui choisiront le parcours "poursuite d’études" pourront probablement bénéficier de cet accompagnement. Pour l'instant, le programme de ce parcours n'est pas déterminé. "Ce n’est pas clair du tout, regrette Valérie Lejeune-Lambert. On ne sait pas de quels cours il s’agit. Des cours disciplinaires ? Des cours de méthodologie ? De prise de notes ? Nous ne savons pas."

Risque d'absentéisme en fin d’année

Ces questionnements sur les parcours du mois de juin supposent que les élèves viennent en cours. Car la majorité des épreuves du bac étant avancées au mois de mai, l’une des plus grandes inquiétudes est finalement de recréer l’absentéisme massif observé en filière générale et technologique l’année dernière alors que les épreuves du bac avaient lieu au mois de mars.

Pour "s’assurer" de l’assiduité des élèves, Carole Grandjean a indiqué ne pas communiquer les résultats à ces épreuves. Mais pour Valérie Lejeune-Lambert, "la diffusion ou non des notes n’aura aucune incidence sur l’assiduité des élèves puisque la présence en cours ou en stage ne comptera pas dans les résultats finaux du bac".

La réforme continuera d'être discutée en CSE (conseil supérieur de l’éducation) le 14 décembre prochain.

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