Décryptage

La mention complémentaire, un plus pour l'insertion professionnelle

Des élèves en mention complémentaire option avion et helicoptère à moteurs à turbines au lycée du Gresivaudan, à Meylan.
Des élèves en mention complémentaire option avion et helicoptère à moteurs à turbines au lycée du Gresivaudan, à Meylan. © Pierre BESSARD/REA
Par Marine Ilario, publié le 02 octobre 2023
5 min

Accessible après un CAP ou un bac pro, la mention complémentaire, préparée en un an, permet de se spécialiser dans un domaine spécifique et peut faire la différence dans votre recherche d'emploi.

"Recherche sommelier […] idéalement diplômé d'une mention complémentaire" ; "Recherche technicien SAV chauffagiste […] idéalement titulaire d’un CAP/BEP, d’un BP et d’une mention complémentaire"…

Sur les sites d'emploi, il n'est pas rare de trouver ce type de critères. Dans certains domaines, la mention complémentaire semble même être un prérequis essentiel pour accéder à un emploi.

Un diplôme professionnel de spécialisation

La mention complémentaire (MC) est un diplôme professionnel national accessible après un CAP ou un BEP lorsqu'elle est de niveau 3, ou après un bac lorsqu'elle est de niveau 4. Il se prépare en une année en CFA ou en lycée professionnel et permet d'approfondir certaines connaissances techniques dans un domaine spécifique.

Au total, il existe environ 50 mentions complémentaires : une trentaine de niveau 3 et une vingtaine de niveau 4. Ces dernières sont accessibles via Parcoursup. Parmi les spécialités, on trouve par exemple la mention complémentaire coiffure/coupe/couleur, cuisinier en desserts de restaurants, joaillerie ou encore plâtrier.

Un cursus accessible après des études supérieures

Si elle est la suite logique d'études en voie professionnelle, la mention complémentaire est aussi accessible après des études supérieures.

C'est le choix qu'a fait Romain. Après un bac général, le jeune homme s'est réorienté et a suivi une année de mise à niveau pour intégrer un BTS en management et restauration. "Après le BTS, on avait deux possibilités : s'insérer professionnellement ou faire une mention complémentaire."

Il a choisi la deuxième option et une mention complémentaire sommellerie. "Je ne regrette pas d'avoir fait ce choix parce que ça m'a ouvert des portes dans le métier."

Acquérir des compétences spécifiques

Cette année a en effet été riche pour le jeune homme, qui a pu approfondir "des connaissances théoriques sur le monde du vin" mais qui a aussi "découvert tout le travail autour de la vigne" dans le cadre de périodes de formation en entreprise.

C'est là l'intérêt de la mention complémentaire : acquérir des compétences particulières dans une filière donnée.

Pour Frédéric Lefevre, enseignant en MC avion à moteurs à turbines au lycée professionnel Robert et Nelly de Rothschild à Saint-Maximin dans l'Oise (60), faire une mention complémentaire permet d'accéder à des postes spécifiques. "Dans mon domaine, sortir d'un BTS permet de travailler en bureau d'études alors que la mention complémentaire permet de travailler directement sur les avions."

Un diplôme qui "ouvre des portes"

Pour Romain, posséder ce diplôme s'est avéré bénéfique face aux recruteurs. "Quand vous vous présentez pour un poste de sommelier, la mention complémentaire rassure les recruteurs parce qu'on a des connaissances, on ne part pas de zéro."

Dans le domaine du vin, qui demande de grandes connaissances très spécifiques, "la mention complémentaire vous permet d'être opérationnel tout de suite auprès des clients."

Ce que confirme Marjorie Vigroux, responsable régionale du recrutement pour un hôtel dans le sud de la France. "La mention complémentaire est un diplôme complet avec une vraie partie théorique, mais surtout pratique." Un plus pour une candidature "dans tous les domaines, comme la cuisine, la pâtisserie, ou encore la boulangerie, où ce diplôme peut vraiment faire la différence entre deux candidats".

Un diplôme pas toujours facile d'accès

Selon la Depp (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance), à la rentrée 2022, 3.830 élèves suivaient une mention complémentaire (dans l'enseignement public et privé sous contrat).

Un chiffre qui semble faible. Et pour cause, "il existe peu de mentions complémentaires", regrette Sigrid Gérardin, enseignante en lycée professionnel et co-secrétaire générale du Snuep-FSU (syndicat de l'enseignement professionnel public). "Souvent, il faut être mobile pour intégrer cette formation, ce qui n'est pas toujours simple pour les élèves de la voie professionnelle."

Ces places limitées induisent une sélection à l'entrée en formation. Les recruteurs regarderont en priorité les notes obtenues au lycée et les appréciations des professeurs. Certaines spécialités font aussi passer des entretiens pour sélectionner leurs candidats.

Lors de la conférence de presse de rentrée du ministère de l'Éducation nationale, la ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, Carole Grandjean, a annoncé la création de 5.000 places supplémentaires dans ces formations.

Bientôt un changement de nom des mentions complémentaires

Dans le cadre de la réforme de la voie professionnelle, Carole Grandjean a annoncé un changement de nom des mentions complémentaires. D'après un décret du 25 août 2023, elles deviendront des certificats de spécialisation à partir du 1er janvier 2025.

Un changement qui inquiète les représentants syndicaux. "On va passer d'un diplôme délivré par l'Éducation nationale à une certification professionnelle qui n'aura aucune valeur pour les entreprises", prévient Sigrid Gérardin.

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