Décryptage

Pourquoi choisir une langue rare au lycée ?

Avant de choisir d'étudier une langue rare, assurez-vous d'être prêt à vous investir dans cet apprentissage, parfois atypique.
Avant de choisir d'étudier une langue rare, assurez-vous d'être prêt à vous investir dans cet apprentissage, parfois atypique. © Adobe Stock/ inspiring.team
Par Marine Ilario, publié le 06 mars 2024
5 min

Que ce soit en langues vivantes B ou en option, il est possible dans certains lycées d’étudier des langues dites "rares". Mais qu’apportent-elles à ceux qui les choisissent et font-elles la différence dans l’enseignement supérieur ?

Mandarin, russe, japonais ou encore arabe. De nombreux lycées proposent l’enseignement de langues dites "rares". Parfois étudiées comme deuxième langue ou en option comme troisième langue vivante, elles apportent une spécificité dans le dossier des lycéens et peuvent même parfois être un plus dans l’enseignement supérieur.

Mais attention, ces cours sont rarement ouverts aux débutants et il faut être prêt à s’investir dans cet apprentissage, parfois atypique.

Des cours centrés sur la culture

Au lycée Ernest Renan à Saint-Brieuc (22), les lycéens peuvent choisir d’étudier le mandarin ou le russe. Des langues en danger, selon Laurent Heidman, proviseur adjoint. "De moins en moins d’élèves les choisissent alors, nous essayons de proposer des cours un peu différents et plus attractifs."

Une volonté mise à mal avec la crise sanitaire et le contexte international qui ne favorisent pas les échanges à l’étranger. "Nous ne faisons plus de voyages en Chine depuis la crise Covid et avec la guerre en Ukraine, les échanges en Russie sont devenus impossibles." Alors le lycée mise sur des petits groupes et des cours davantage tournés vers l’oral pour attirer les élèves.

Au lycée de la Tour dans le XVIe arrondissement de Paris (75), en plus des cours traditionnels, on encourage les sorties culturelles. "On emmène nos élèves dans les musées, dans les centres culturels et en voyage linguistiques et culturels au moins une fois dans leur scolarité pour chaque langue qu’ils apprennent", indique Liana Colas, directrice des Langues. En plus de cours classiques enseignés par des professeurs natifs de la langue, il est possible de travailler le mandarin, le japonais, le russe ou encore l’arabe "grâce à des intervenants extérieurs qui viennent faire de la calligraphie ou de la musique par exemple".

Avoir des bases dans la langue choisie

Souvent, il est difficile de commencer l’étude de ces langues au lycée. "Certains de nos élèves ont un niveau bilingue ou avancé avec une bonne pratique de la langue et d’autres sont plus débutants. Lorsqu'ils choisissent une troisième langue, nos élèves peuvent la commencer au plus tard en 4e, donc bien plus tôt que le lycée", reconnaît Liana Colas.

"Il faut quand même quelques bases quand on arrive au lycée", rajoute Laurent Heidman. D’autant plus que lorsque la langue est étudiée en LV2, les élèves l’ont déjà suivi au collège. Même chose pour le mandarin proposé dans la section "Chinois" de ce même lycée puisque les élèves "suivent aussi les cours d’histoire-géographie dans cette langue".

Toutefois, des élèves qui ont vécu dans les pays concernés ou qui parlent la langue au sein de leur famille peuvent demander à suivre des cours au lycée. "On leur fait passer des tests de niveau pour s’assurer qu’ils pourront suivre en cours", précise le proviseur adjoint.

D’ailleurs, ceux qui étudient une langue rare au lycée ont souvent une histoire personnelle avec elle. "Il peut s’agir de leur origine culturelle ou parce qu’ils ont vécu dans un pays où ils parlaient la langue", indique Liana Colas.

"L’envie de se rapprocher et d’approfondir une culture familiale est souvent présente, confirme Laurent Heidman. Mais parfois, ils ont tous simplement le goût et la curiosité pour une culture qu’ils ont découverte à travers des films ou de la musique."

Étudier une langue rare, un plus sur Parcoursup ?

L’apprentissage d’une nouvelle langue apporte de nouvelles compétences : en plus d’une plus grande ouverture d’esprit, ces cours nourrissent aussi vos autres matières. "Ça aide dans les cours d’histoire, de philosophie, et en français aussi", indique Liana Colas. En apprenant une langue, "ils comprennent mieux la grammaire française puisqu’on la compare à la langue qu’ils sont en train d’apprendre".

Des compétences qui peuvent faire la différence sur Parcoursup. "Cette ouverture sur le monde leur permet d’avoir un dossier un petit peu unique", ajoute-t-elle. Une différence qui pourra attirer l’œil des formations, notamment si vous envisagez des études en histoire ou en sciences politiques.

En option, être prêt à assumer du travail en plus

Étudier une langue rare, surtout en option, vous prépare aussi à la cadence dans l’enseignement supérieur. Selon Liana Colas, "les élèves sont mieux préparés parce qu’ils ont une plus grande capacité de travail. Ils sont souvent vus par les établissements du supérieur comme des étudiants qui peuvent bien réussir".

Pour autant, faire la différence sur Parcoursup ne doit pas être votre seule motivation à suivre une langue rare. Car même si les cours sont parfois plus ludiques que des cours classiques, vous ne devez pas oublier qu’il s’agit bien d’une matière à part entière qui va vous demander de l’investissement.

"Le rythme est plus intense au lycée, sans compter le fossé entre la 1re et la terminale. Donc il faut arriver à soutenir la cadence, surtout s’il s’agit d’une option puisque de fait, c’est du travail en plus" prévient Laurent Heidman.

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