Reportage

Emploi : Hall 32, la nouvelle école qui veut vous faire aimer les métiers de l’industrie du futur

Tom, 17 ans, apprenti chez Michelin prépare à l'école Hall 32 son bac pro Maintenance des équipements industriels (MEI).
Tom, 17 ans, apprenti chez Michelin prépare à l'école Hall 32 son bac pro Maintenance des équipements industriels (MEI). © Etienne Gless
Par Etienne Gless, publié le 18 septembre 2019
6 min

Electriciens, techniciens de maintenance, conducteurs de lignes de production ou experts en "digital manufacturing"... Pour faire face à la pénurie de main d’œuvre dans le secteur, le centre Hall 32 informe, oriente et forme aux métiers de l’industrie du futur. Reportage à Clermont-Ferrand.

En déplacement à Clermont-Ferrand en ce début septembre 2020, où il a annoncé "redoubler" les efforts pour l'apprentissage et l'alternance, Emmanuel Macron s'est rendu au Hall 32 pour y rencontrer élèves et formateurs. L'Etudiant y était en reportage à la rentrée 2019.

"C’est vrai qu’avant de faire apprentissage chez Michelin, je n’avais pas une bonne image des usines", confie Tom, 17 ans, en terminale de bac pro Maintenance des équipements industriels (MEI). "Mais en visitant l’école Michelin au collège, j’ai pris conscience que l’industrie c’est l’avenir. Elle innove et elle s’adapte. Dans mon secteur je travaille avec des presses de cuisson qui ont 40 ans d’âge mais commandées par des automates qui ont à peine deux ans d’existence". Tom fait partie des 130 premiers élèves inscrits à la rentrée 2019-2020 de Hall 32, une nouvelle école qui forme aux métiers de l’industrie des lycéens, des étudiants mais aussi des adultes.

Préparer bac pro et BTS industriels

Créé à l’initiative du fabricant de pneus Michelin et soutenue par les pouvoirs publics, Hall 32 est aussi un lieu d’information et d’orientation sur les métiers ainsi qu’un laboratoire d’innovations avec des équipements ultramodernes : les start-ups et les PME peuvent venir utiliser les imprimantes 3D, le Fab lab, ou le Design lab pour réaliser des prototypes ou tester leurs produits. Ici les lycéens et étudiants peuvent préparer des bacs professionnels en alternance et se former à de nombreux métiers industriels : bac pro MELEC (métiers de la réalisation de produits câblés et connectés), bac pro EDPI (étude et définition de produits industriels), bac pro TU (technicien d’usinage) , bac pro PLP (pilote de ligne de production) ou bac pro MEI (maintenance des équipements industriels). Avec possibilité de poursuite d’études, par exemple vers des BTS Maintenance industrielle ou Conception et réalisation de produits. Ils sont déjà 130 élèves inscrits à la rentrée 2019-2020. Et à terme ils seront 300.

Des métiers qui recrutent mais peinent à attirer

"Nous avons dès aujourd'hui besoin d'électriciens, d'automaticiens et de techniciens de maintenance industrielle", confie Florent Menegaux, président du groupe Michelin. Dans la grande région Auvergne-Rhône Alpes, 20.000 emplois industriels seraient non pourvus faute de candidats. Au niveau national, les besoins de recrutements annuels sont de 110.000 personnes selon l'Uimm, l'union des industries et des métiers de la métallurgie. "Il nous manque des opérateurs de maintenance et des pilotes de ligne de production automatisée", déplore de son côté Vincent Bonnier, directeur général de la fabrication des billets à la Banque de France, dont les sites industriels tournent 24 heures sur 24. Même son de cloche chez Pascal Viquier, président de Limagrain, un groupe industriel propriétaire des pains Jacquet et des gâteaux Brossard : "Il est difficile de recruter des jeunes sur nos différents sites".

Reconstruire les compétences et faire découvrir les métiers

Cette désaffection pour les métiers de l’industrie s’explique par une image dégradée auprès du public. Pour nombre de familles et de jeunes, l’industrie passe pour un secteur vieillot, qui pollue, dégraisse et où les conditions de travail sont d’un autre temps. Pourtant, depuis 2017, l’industrie française investit, innove et créé même plus d’emplois qu’elle n’en détruit. "Trente ans de chômage de masse laissent des traces, explique Muriel Pénicaud, la ministre du Travail. Nous avons perdu un million d’emplois industriels en dix ans. Il n’y a que depuis deux ans que l’emploi industriel augmente de nouveau. Il est donc normal que les entreprises ne trouvent pas toutes les compétences dont elles ont besoin. Il nous faut reconstruire ces compétences et faire découvrir les métiers".

Mais les choses commencent à changer : "Les métiers de l'industrie ne sont plus un second choix, mais un premier choix par adhésion pour beaucoup de jeunes", se réjouit Karim Benmiloud, recteur de l'académie de Clermont-Ferrand. "Nous constatons un regain en vœux 1 de la voie professionnelle dans les choix des élèves. C'est le signe que l'industrie est en train de changer d'image, qu'elle est associée aux nouvelles technologies, à l'innovation et à la performance."

L'arrivée des métiers du "digital manufacturing"

"Outre les métiers classiques, nous cherchons aussi des talents dans le 'digital manufacturing', c'est-à-dire tous les nouveaux métiers digitaux que l'on retrouve dans une usine pour nous rendre plus rapides, plus productifs", confie encore Florent Menegaux, président du groupe Michelin. Et à visiter les ateliers de fabrication et le plateau technique de Hall 32, force est de constater que les machines numériques sont partout !
Preuve que l'industrie se transforme sous l'impulsion des technologies numériques et l'introduction de technologies de rupture : parmi les outils innovants de fabrication, les matériels conventionnels côtoient des outils ultramodernes comme la fabrication additive, la robotique, l'usinage jet d'eau ou les objets connectés. Finie l'industrie du XIXe siècle ! Bienvenue dans l'industrie du futur, plus connectée, plus souple dans l'organisation du travail et même plus propre.

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