Comment je suis devenu soigneur animalier

Par Nathalie Helal, publié le 06 Juin 2019
6 min

Louis Le Goaster est soigneur animalier à la Ferme aux Crocodiles, l'un des parcs zoologiques les plus connus de France, situé à Pierrelatte (26). Une place auprès des tortues, des serpents ou encore des alligators obtenue après avoir effectué de nombreux stages.

Il est 8h30 quand Louis Le Goaster arrive sur son lieu de travail, la Ferme aux Crocodiles. En compagnie d’un ou deux autres soigneurs, il part faire le tour des enclos, pour vérifier si les animaux se portent bien.

"Après les avoir observés, on va nettoyer les enclos, en commençant par celui des tortues géantes, munis d’une pelle, d’une balayette et d’un râteau, raconte Louis. On fait de même dans la fosse aux serpents, aux crocodiles et aux alligators, en s'y prenant toujours à plusieurs soigneurs pour des raisons de sécurité. On enlève les mues, les excréments, les œufs qu’on met à l’abri… Les crocodiles nous perçoivent comme une espèce dominante, alors ils ne nous embêtent pas trop. Les serpents, en revanche, sont plus fourbes et très agressifs. Un python de cinq mètres qui s’enroule autour de votre bras peut très bien réussir à vous étouffer par constriction !", prévient-il.

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Quand le parc ouvre ses portes, à 10 heures, les animations débutent : nourrissage des différentes espèces, explications et démonstrations aux enfants. Un moment privilégié pour le jeune homme, qui adore transmettre sa passion pour ces espèces méconnues.

La nature et les animaux comme fil rouge

Enfant, Louis a grandi à la campagne, entouré d’animaux, entre Rennes et Saint-Malo (35). Élève moyen au collège, il entre néanmoins au lycée agricole de Vitré en série STAV. Dès la seconde, il s’oriente vers la branche "production animale". L’élevage agricole ne l’attire pas, mais il cherche à tout prix à trouver un métier en rapport avec le monde animal. Lors de son année de première, il effectue un stage, chaque jeudi, dans un refuge pour ânes. "J’ai commencé à faire de la pédagogie d’animation auprès d’enfants handicapés. Je n’étais pas très à l’aise à l’oral, mais j’ai pris goût à la démarche", se souvient-il.

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En 2012, il rate son bac "à cause des matières générales" et redouble sa terminale STAV au lycée agricole de la Lande-du-Breil, à Rennes. Cette fois, l’option animalerie tant désirée est là. Son bac en poche, Louis décide de poursuivre ses études en BTS (brevet de technicien supérieur) GPN (gestion et protection de la nature), dans un lycée public de Morlaix, où il devient interne. L’ambiance est bonne et les cours et les ateliers le passionnent. "On apprenait la législation environnementale, la pédagogie tous publics, l’aménagement et la gestion des milieux, et on avait régulièrement des réunions avec des acteurs et élus locaux", témoigne Louis. Au fil de ces travaux de groupe, souvent calqués sur l’actualité, il découvre qu’il aime prendre la parole en public.

Le créneau "parc animalier"

Peu avant de décrocher son diplôme, il passe dix semaines de stage dans une ferme pédagogique à Bouxwiller, dans le Haut-Rhin, où il s’occupe de chèvres, et de l’animation auprès des enfants. "J’ai compris que ma place était dans un parc animalier. Mais les places sont chères et les stages ne sont quasiment jamais rémunérés", explique-t-il. S’ensuivent six semaines de stage dans un centre de sauvegarde de la faune sauvage, l’Association CHENE, en Haute-Normandie. Des animaux blessés ou mal en point y sont soignés pour retrouver ensuite leurs milieux naturels.

Ce stage confirme à Louis son envie d’approcher des animaux exotiques. Par son réseau, il réussit, deux mois plus tard, à entrer comme stagiaire à la Ferme aux crocodiles. Au bout de huit semaines de stage, pour lequel il a dû économiser un budget nourriture et logement sur place, Louis a un coup de chance : un soigneur part, il postule et il est embauché. Un CDD (contrat à durée déterminée) d’un an, puis un CDI (contrat à durée indéterminée) signé en janvier 2017, le comblent.

Aux petits soins des super prédateurs

Polyvalent, entre les soins aux animaux et la construction et réparation d’enclos, Louis n’est rebuté par aucune de ses tâches quotidiennes et apprécie de pouvoir enrichir ses connaissances auprès du responsable de la Ferme, un vétérinaire spécialisé. "Côtoyer des 'super prédateurs' au quotidien est une expérience unique, mais il faut garder les pieds sur terre et ne pas se focaliser sur un parc animalier tant le secteur est bouché", dit-il. Son conseil ? Multiplier les stages, travailler à côté pour les financer et s’accrocher… comme un animal sauvage à sa proie.

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