Décryptage

Prépa au concours de Sciences po : fausse ou bonne idée ?

Un amphi à Sciences po Paris
Sciences po Paris. © Camille Stromboni
Par Delphine Dauvergne, publié le 08 décembre 2015
1 min

Les concours des 10 IEP (instituts d'études politiques) sont réputés difficiles. Certains élèves préfèrent donc suivre une prépa pour être sûrs de mettre toutes les chances de leur côté. Mais les formules sont nombreuses et les avis sur leur efficacité divergent. Témoignages et conseils.

"La plupart des prépas à Paris sont chères, alors je m'étais dit que j'allais préparer les concours toute seule", se souvient Emmanuelle, 18 ans. Titulaire d'un bac L, aujourd'hui en première année de Sciences po Saint-Germain-en-Laye, l'étudiante a finalement suivi la prépa PEI (Programme d'études intégrées) de ce nouvel IEP (institut d'études politiques) en terminale.

"Ce programme de démocratisation, gratuit, s'est implanté cette année-là dans mon lycée, à Ermont (95). Nous travaillions surtout sur une plate-forme Web, de chez nous, avec quelques réunions au lycée pour faire le point sur la méthode et notre manière d'appréhender le concours", témoigne-t-elle. Cours de professeurs d'IEP, vidéos en anglais, tests, revue de presse, exemples de concours blancs... La prépa, très riche, a permis à cette boursière de "gagner du temps". "Le concours nécessite une grande culture générale. La prépa permet de passer moins de temps à faire des recherches, car on nous met à disposition des sources fiables", explique-t-elle.

Une prépa pousse à se motiver

Cependant, suivre une prépa ne suffit pas pour réussir. Emmanuelle restait tous les soirs au lycée pour travailler au moins 1 heure de plus par jour et se rendait en bibliothèque tous les samedis. "Les fichiers étaient disponibles avec une limite de temps, ce qui nous motivait à ne pas remettre au lendemain, indique-t-elle. Beaucoup d'étudiants passent par une prépa pour réussir le concours. Lorsqu'on n'est pas très organisé, il est plus facile de tenir un programme quand on est encadré par des professeurs", ajoute-t-elle.

Jean Péteaux, membre de la direction de Sciences po Bordeaux, admet que "la seule vertu des prépas est psychologique. Elle permet de donner aux candidats confiance en eux, de les motiver avec un effet 'team'".

Un complément de l'enseignement au lycée

Les IEP déconseillent souvent aux candidats de suivre une préparation aux concours sur leur site Internet ou sur leur plaquette de présentation. "Ce n'est pas une nécessité, car les épreuves du concours d'entrée en première année sont conçues pour des élèves en terminale, sur leur programme", justifie Jean Peteaux.

Un avis que ne partage pas Antoine, 17 ans, passé par la prépa privée ISTH, avant d'intégrer Sciences po Paris. Ce bachelier ES reconnaît l'utilité d'une prépa : "Il n'y a pas les mêmes exigences au lycée, les plans doivent être plus problématisés et nous avons besoin de plus de retours et de corrections détaillées pour nous améliorer."

Jean Peteaux met en garde contre certaines pratiques des prépas. "Il faut se méfier des plans tout faits que les prépas font apprendre par cœur aux étudiants sur des thématiques pour les recracher tels quels. C'est un piège à éviter car l'examinateur le voit tout de suite."

Les seules prépas qui trouvent grâce à ses yeux sont celles qui aident les lycéens des établissements défavorisés à prendre confiance en eux. Par exemple, "le dispositif "Sciences po Bordeaux je le peux parce que je le veux" est une prépa gratuite, créée en 2006, qui a permis en dix ans, à plus de 1.500 lycéens de 26 lycées d'Aquitaine de bénéficier de 25 heures de conseils. Parmi eux, 150 ont été admis dans l'IEP."

À chacun sa formule

Antoine, lui, a préféré une formule longue et régulière, plutôt que faire un stage intensif pendant les vacances. "J'avais cours tous les samedis matin, ce qui m'obligeais à travailler régulièrement, mais nous n'avons pas réussi à finir tout le programme", regrette-t-il. Antoine a payé environ 1.300 € sa prépa, choisie en classe de première. "Nous sommes beaucoup moins nombreux à ISTH : une vingtaine d'étudiants au maximum. Dans une autre prépa avec laquelle j'hésitais, nous étions au moins une dizaine de plus, ce qui rend l'accompagnement moins personnalisé."

De son côté, Hugo, 19 ans, a suivi la prépa Tremplin puis a intégré Sciences po Toulouse. "Après 1 mois en fac de médecine, j'ai abandonné et voulu me préparer à Sciences po, pour suivre un cursus plus généraliste", raconte-t-il. Tremplin est une prépa en ligne au concours commun des 7 IEP, où le cycle court (d'octobre jusqu'au concours) coûte environ 500 €.

"Suivre une prépa sur Internet permet de payer des prix plus abordables, mais aussi de profiter d'une flexibilité appréciable car j'effectuais alors un service civique", argumente-t-il. Chaque semaine, l'étudiant avait des cours, des exercices, mais aussi des contrôles. Ce qui représentait une dizaine d'heures de travail par semaine. Seul point négatif pour lui : "Les échanges avec les professeurs sont limités en ligne. Ils peuvent moins facilement nous expliquer la méthodologie de la dissertation, par exemple."

Et vous, quel genre de prépa pourrait vous convenir ? Pour bien choisir, renseignez-vous bien sur leur contenu et leur réputation auprès des étudiants, plutôt que de vous rassurer avec un taux de réussite affiché, parfois trompeur.

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