Mathias Vicherat mis en retrait de la direction de Sciences po Paris

Depuis lundi 4 décembre, Sciences po Paris est, de nouveau, dans la tourmente. Le week-end précédent, Mathias Vicherat directeur de l'établissement, avait été placé en garde à vue pour "violences conjugales". Des accusations qu'il portait également contre sa compagne Anissa Bonnefont.

Depuis lundi 11 décembre, le directeur de l'établissement est donc mis en retrait de ses fonctions, à sa demande, après avoir, indique-t-il dans un mail envoyé en interne le même jour, "consulté les représentants des étudiants, des enseignants et des salariés".

Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la Fondation nationale des sciences politiques, "prend acte" de sa requête.

Côté gouvernance, la semaine du 11 décembre est marquée par différents temps forts, prévus de longue date. Le conseil de l'Institut, le conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), et le comité social et économique (CSE) se réunissent, pour "déterminer les modalités et le calendrier de ce retrait", précise Laurence Bertrand Dorléac dans un mail adressé aux communautés de Sciences po Paris.

De son côté, l'Union étudiante maintient son appel à la démission du directeur et demande une transition "rapide" vers une nouvelle direction. Le syndicat étudiant Nova, lui, ne soutient pas cet appel.

Mise à jour du 19 décembre : Le 12 décembre, le conseil de l'Institut votait ainsi en faveur d'une mise en retrait jusqu’au 29 janvier 2024. Celle-ci pourra être prolongée, mais ne pourra dépasser les trois mois. Les autres instances ont été réunies la même semaine. Cette phase s'est terminée, le 18 décembre, avec le conseil de la vie étudiante et de la formation. La mise en retrait y est confirmée.

Des consultations auront lieu d'ici la fin du mois de janvier et une commission a déjà réuni les présidents et membres des bureaux des différents conseils. Dans un message aux communautés, Laurence Bertrand Dorléac indique également avoir "saisi la commission de déontologie de Sciences Po".

Si la présidente évoque les "inquiétudes et d’inévitables tensions" créées par la situation, elle veut faire savoir que "tout a été organisé pour que la mise en retrait temporaire de notre directeur n’aie pas de conséquence sur le fonctionnement au quotidien de notre institution".

Le mardi 5, un blocage avait été organisé par une cinquantaine d'étudiants sur le campus de la rue Saint-Guillaume.

Inês Fontenelle, vice-présidente étudiante au conseil de l'Institut (Union étudiante) et membre du conseil d’administration de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), expliquait que "la communauté étudiante [était] très choquée. Pour des questions d'éthique et de responsabilité, Mathias Vicherat doit démissionner. Cette situation n'est pas compatible avec ses fonctions".

Dans un premier message, le directeur avait indiqué souhaiter rencontrer les étudiants. Pour la vice-présidente étudiante au conseil de l'Institut (Union étudiante), le contexte était trop délicat. "Sciences po a déjà été secoué par de nombreuses crises. Mathias Vicherat a été nommé dans ce contexte. Le directeur de Sciences po doit être d'une exemplarité irréprochable". Le Sgen-CFDT et FO ESR avaient également réagi.

La situation est d'autant plus sensible que Sciences po Paris a traversé une grave crise interne avec l'affaire Duhamel. En janvier 2021, le président de la FNSP avait démissionné de son poste, après avoir été accusé d'inceste. À sa suite, le directeur de Sciences po Paris avait dû quitter son poste.

Depuis, Sciences po Paris se voulait exemplaire dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Mathias Vicherat déclarait à EducPros en janvier 2022 qu'il serait d'"une sévérité absolue sur ce sujet". Un ensemble de dispositifs avaient été mis en place, sans donner satisfaction aux étudiants.