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Qu'apprend-on à Sciences po ?

Le travail personnel et en groupe est important en IEP.
Le travail personnel et en groupe est important en IEP. © Jacob Lund/Adobe Stock
Par Camille Jourdan, publié le 28 novembre 2023
5 min

Comme leur nom l'indique, les instituts d'études politiques (IEP), aussi appelés les Sciences po, sont des établissements où l'on étudie la… politique. Mais pas seulement ! Quelles sont les disciplines enseignées dans ces IEP ? Comment se passent les cours ? On vous explique...

"Pour faire Sciences po, il faut être passionné par l'actualité" et "la politique en général", énoncent d'emblée Erwan et Maria, étudiants en 2e année, respectivement à l'IEP de Grenoble et à Sciences po Paris.

Dans chacun des 11 Sciences po, on retrouve les mêmes cours fondamentaux : histoire, droit, économie, sociologie, et bien sûr sciences politiques.

À ceux-ci s'ajoutent au moins deux langues vivantes. En effet, la dimension internationale est très importante dans tous les IEP, via des échanges académiques dans des universités partenaires, notamment.

Des sciences humaines en priorité

"Dans certaines matières, il y a une continuité avec le lycée, comme lorsque l'on étudie l'histoire du XIXe siècle", explique Maria. "On reprend les bases", ajoute l'étudiante, qui n'a pas rencontré de difficulté particulière, malgré sa spécialité physique-chimie en terminale.

"Il n'y a pas de pré-requis, puisque les étudiants en 1re année ont des cours d'introduction en droit, en économie ou encore en sciences politiques", assure Pablo Diaz, directeur du réseau Sciences po, qui regroupe sept IEP (Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Rennes, Saint-Germain-en-Laye, Strasbourg, Toulouse - rassemblés dans le réseau ScPo et qui recrutent via un concours commun).

Les étudiants croisent essentiellement les dimensions historiques, juridiques, politiques sur un même thème : "La crise des Gilets jaunes, la fiscalité verte, le conflit israélo-palestinien", liste Pablo Diaz, qui précise que les enjeux climatiques sont désormais "intégrés au cursus".

Les IEP veulent ainsi se positionner comme les établissements des enjeux contemporains : "S'il y a un événement dans l'actualité, nous pouvons en débattre en cours", confirme Erwan.

Et une ouverture aux autres disciplines

Les IEP revendiquent également leur ouverture vers d'autres disciplines, notamment dans les domaines artistiques : littérature, cinéma, musique, patrimoine, design…

En revanche, les matières plus "scientifiques" se font assez rares dans les IEP. Certains établissements proposent des modules de mathématiques ou d'informatique. À Paris, il est aussi possible d'opter pour un double diplôme, divisé entre les matières classiques de Sciences po, et un parcours en géosciences, en sciences de la vie ou en mathématiques à l'université.

Seul l'IEP de Fontainebleau, lancé en 2023 par l'Université Paris-Est Créteil, croise véritablement sciences humaines et sciences exactes et expérimentales.

"Un tiers de nos enseignements sont des mathématiques, de la physique et des SVT", rapporte Yves Palau, administrateur de cet IEP. "Ces matières aident nos étudiants à appréhender les questions sanitaires, environnementales et numériques. Inversement, les cours de sciences humaines sont en lien avec ces sciences exactes : économie de l'environnement, sociologie du numérique, philosophie des sciences…"

A Sciences po des cours magistraux et "conférences de méthode"

Par semaine, comptez une vingtaine d'heures de cours. Ils sont divisés entre des cours magistraux (CM), en amphithéâtre, et des conférences de méthode – l'équivalent des travaux dirigés à la fac – en groupes d'environ 20 étudiants.

"On doit souvent lire beaucoup pour préparer la séance, qui commence généralement par un exposé d'une ou plusieurs personnes", note Erwan. Travaux de recherche, revues de presse, débats, commentaires d'arrêts ou d'articles, sont quelques-uns des exercices au programme.

Mais aussi des séminaires et des ateliers

"L'année dernière, en sociologie politique, nous avons fait une simulation de commission parlementaire, raconte l'étudiant de Grenoble. Nous devions préparer nos rôles, s'adapter aux différentes opinions politiques de chacun."

Des conférences d'experts et de personnalités, parfois en soirée, sont également proposées aux étudiants. "On fait venir un juge, un ancien Premier ministre", cite Pablo Diaz.

Enfin, des ateliers artistiques sont ouverts aux étudiants, qui s'engagent aussi très souvent dans des associations : Erwan est au Parlement des étudiants de Grenoble, quand Maria préside les Cordées de la réussite, qui propose des séances de tutorat à des collégiens.

À Sciences po Paris, Maria a également choisi un séminaire : c'est un cours en groupe restreint, généralement assuré par un spécialiste sur une thématique précise. En première année, elle avait opté pour "histoire de la pensée économique".

En IEP, cinq ans pour se spécialiser

"Après un socle commun en première année, nos étudiants se spécialisent progressivement pour avoir 100% de cours spécialisés en 5e année", note Pablo Diaz.

Toujours dans les mêmes champs disciplinaires, ils choisissent donc une voie, parmi les très nombreux parcours proposés dans chaque établissement.

Cela va du management, à la culture, en passant par les affaires européennes, la politique internationale ou encore l'urbanisme ou le journalisme.

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