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Sciences po Paris : des campus bloqués contre le retour de Mathias Vicherat à son poste de directeur

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Des étudiants bloquent l'entrée des campus de Sciences po pour protester contre le maintien en poste de Mathias Vicherat. © laurencesoulez/Adobe Stock
Par Agnès Millet, publié le 29 janvier 2024
3 min

Après un mois de mise en retrait lié à sa garde à vue pour violences conjugales, le directeur de Sciences po Paris retrouve ses fonctions, ce lundi 29 janvier. Des étudiants continuent de se mobiliser et réclament la démission de Mathias Vicherat.

C'est, a priori, un jour de retour à la normale pour Sciences po Paris, ce lundi 29 janvier, alors que le second semestre commence : Mathias Vicherat, le directeur général, reprend ses fonctions, comme prévu.

Son retour fait suite à la décision prise par Sciences po après la mise en retrait du directeur, à sa demande, mi-décembre. Depuis cette date, les instances de gouvernance de l'IEP et une commission inter-conseil, créée sur mesure et réunissant les principaux responsables, se sont réunis pour clarifier la situation. Deux réunions ont marqué leurs travaux, les 12 et 23 janvier.

Des mobilisations étudiantes contre le retour de Mathias Vicherat

Une décision qui ne passe pas auprès de certains étudiants de Sciences po Paris. À l'annonce du retour du directeur, des étudiants membres de l'Union Étudiante Sciences po, écrivaient : "Une fois de plus, la direction fait preuve d'un cruel manque de respect et de considération envers toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles".

Ils déploraient "le manque de collégialité, l'absence de pouvoir réel des instances décisionnelles et la verticalité de la prise de décision".

S'il est difficile d'évaluer l'ampleur de la mobilisation étudiante, certains ont donc mené des actions ce lundi 29 janvier. L'Union étudiante Sciences po "réitère fermement son appel au départ de Mathias Vicherat".

Ils indiquent aussi que des blocages ont été organisés sur plusieurs campus de l'établissement : à Paris, à Reims, à Poitiers, Nancy et au Havre.

Reste à savoir si l'établissement pourra donc revenir à la normale. Par ailleurs, si aucune plainte pénale n'a été déposée à l'encontre de Mathias Vicherat, une enquête préliminaire est toujours en cours, du côté de la justice.

Le directeur devra d'ailleurs se présenter devant les instances de gouvernance de Sciences po Paris lorsque cette enquête sera terminée. Elles devront alors statuer sur la situation et décider s'il dispose toujours de leurs confiance.

Un appel à la démission dès décembre

Après les accusations de violences conjugales, début décembre, la polémique n'avait cessé d'enfler et des étudiants s'étaient déjà mobilisés pour réclamer son départ définitif.

Pour ces derniers, il demeure impensable que Mathias Vicherat reste en place alors que l'établissement se dit engagé dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles depuis plusieurs années, notamment après l'affaire Duhamel et le départ de Frédéric Mion, alors directeur.

Si les faits, qui se sont déroulés début décembre, n'ont pas encore été éclaircis et que la présomption d'innocence doit être respectée, selon eux, l'actuel directeur de Sciences po Paris porte un devoir d'exemplarité et doit démissionner.

La commission de déontologie "ne peut conclure à un manquement"

Au dela du comité ad hoc, Laurence Bertrand Dorléac, présidente de la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) avait saisi la commission de déontologie de l'établissement pour statuer sur la situation.

Le 22 décembre, celle-ci indiquait qu'elle ne pouvait "se prononcer ni sur les actes ayant mené à la garde à vue, ni même sur le contexte" et, partant, qu'elle "ne p[ouvait] conclure à un manquement aux principes déontologiques de la Charte", tout en rappelant le principe de la présomption d'innocence. 

Cependant, plusieurs remarques nuançaient son avis, puisqu'elle notait que "le placement en garde à vue de M.Vicherat, son importante couverture médiatique en tant que personnalité publique et l’intensité du débat qu’il a provoqué, sont potentiellement dommageables pour la réputation de l’établissement".

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