Décryptage

Sciences po Paris : une réforme "majeure" pour le Bachelor dès la rentrée 2017

Dans les jardins de Sciences po, à Paris.
Sciences po poursuit la réforme de son diplôme de premier cycle. © Raphaëlle Orenbuch
Par Natacha Lefauconnier, publié le 15 mars 2017
6 min

Le Bachelor de Sciences po fait peau neuve. L’établissement parisien a présenté, mardi 14 mars, les nouveautés de son premier cycle, mises en place dès la rentrée 2017. Parmi les innovations : la création de “majeures” offrant trois parcours différenciés dès la deuxième année, et une valorisation des engagements citoyens des étudiants.

Vous avez tenté l'examen d’entrée à Sciences po en février dernier ? Si vous êtes admis, après avoir passé l’oral en mai, vous ferez partie des étudiants qui inaugureront le nouveau Bachelor du Collège universitaire, le premier cycle de l’institut d’études politiques parisien.

Délivré depuis neuf ans en tant que tel, le Bachelor de Sciences po a vocation à devenir “plus visible pour attirer les meilleurs profils à l’international, avec un contenu densifié et renouvelé”, a expliqué Frédéric Mion, directeur de l’IEP. Avec la volonté d’articuler connaissances académiques et compétences pré-professionnelles : esprit critique, créativité, capacité à travailler en équipe, à s’exprimer à l’oral et à l’écrit en français, en anglais et dans d’autres langues. À noter que près de la moitié des étudiants du Collège universitaire viennent de l’étranger.

Plus d’humanités dès la première année

Concrètement, pas de grand changement pour la première année. Elle restera dédiée à l’introduction aux cinq disciplines fondamentales de l’IEP… Mauvaise nouvelle pour certains, vous allez continuer à plancher sur la microéconomie aux partiels ! Mais aussi sur l’histoire, le droit, la sociologie et la science politique. 

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Petite évolution, tout de même : le renforcement des humanités (les disciplines littéraires, artistiques, numériques), à compter de la rentrée 2017. Plus d'heures de cours sont à prévoir.

Le choix entre trois majeures en deuxième année

Le principal changement intervient dans le choix, à la fin de la première année, d’une majeure parmi trois possibles pour la suite de votre parcours. Une façon de vous pousser à réfléchir plus tôt à votre projet professionnel.

La majeure “économie et société” regroupera des enseignements (économie, sociologie, droit, histoire, géographie) qui permettront d’analyser les phénomènes de nature économique et sociale, comme la mondialisation ou les inégalités.

La majeure “humanités politiques”, nouveau parcours, mobilisera les disciplines traditionnelles auxquelles s’ajouteront la littérature, l’anthropologie ou encore des enseignements artistiques pour interroger le fait politique d’hier et d'aujourd’hui.

Enfin, la majeure “politique et gouvernement” vous initiera aux enjeux de l’action publique et aux relations internationales. Elle mettra l’accent sur des problématiques contemporaines comme le réchauffement climatique ou l’influence d'Internet et des réseaux sociaux.

Lire aussi : Sciences po : à Paris, un quart des étudiants de première année se disent déçus

Précision importante : il sera possible de changer de majeure en cours de route… à condition de suivre davantage d’enseignements pour faire basculer le diplôme vers cette nouvelle mention. En effet, sur les trois années du Collège universitaire, cette majeure ne représente que 40 % des crédits, contre 60 % pour les enseignements “hors majeure”.

"Toutes les majeures permettent de postuler dans tous les masters de Sciences po, précise le directeur de l'institut. Il n'y en a pas une qui prépare mieux au concours de l'ENA que les autres" ajoute-t-il, anticipant la question de certains parents. 

Des majeures adaptées à la coloration de chaque campus

Les trois majeures seront proposées sur les sept campus de Sciences po, à Paris et en région. Chacun conservera sa coloration géographique. Ainsi, les étudiants ayant choisi le programme Europe-Asie seront toujours accueillis au Havre, ou ceux ayant opté pour le programme euro-latino-américain, à Poitiers.

Le contenu des majeures, qui sera mis en place à la rentrée 2018, lorsque les étudiants entrés cette année entameront leur deuxième année, s’adapteront à la coloration de chaque campus. C'est le cas, par exemple, pour les langues liées à la mobilité internationale en troisième année. Ainsi, le programme “Moyen Orient-Méditerranée” de Menton pourrait proposer des langues comme l’arabe ou le farsi.

Pour la troisième année, la réflexion sur des évolutions sont encore en cours avec tous les partenaires internationaux de Sciences po (plus de 400), en particulier les universités avec lesquelles sont proposés des doubles diplômes. Sachez d’ores et déjà qu’il ne sera plus possible de faire une année complète de stage : désormais, cinq semestres de cours seront obligatoires.

Lire aussi : Une année à Sciences po

L’engagement civique des étudiants valorisé

Autre nouveauté : l’engagement civique des sciencepistes sera pris en compte pour l’obtention du diplôme. “Les étudiants apprennent avant tout grâce à leurs interactions, à Sciences po et en dehors”, souligne Frédéric Mion. C’est une dimension essentielle que nous allons valoriser.”

Un parcours citoyen sera mis en place, afin de “former de futurs décideurs aux enjeux éthiques”. Vous devrez valider des crédits à l’issue du Collège universitaire, mais vous aurez le choix sur le format : engagement associatif, stages ou projets collectifs… Vous serez libres de cumuler ou non les expériences civiques chaque année.

À l’issue de votre premier cycle, vous recevrez le diplôme à bac+3 délivré par Sciences po Paris : un Bachelor comportant la mention de votre majeure et une spécialité géographique (dépendant du campus où vous aurez effectué votre parcours).

Mais seuls 10 % des diplômés quittent Sciences po après le Bachelor. Les autres intègrent l’une des sept écoles spécialisées proposant des masters. Les premiers étudiants ayant suivi le Bachelor réformé y feront leur rentrée en 2020.

Frais de scolarité : pas d’augmentation prévue

Le coût de la scolarité à Sciences po ne devrait pas augmenter à la suite de la réforme pédagogique du Bachelor. “Nous ne voulons pas qu’il y ait de surcoût imputable au fait que l’on redessine la formation”, précise Bénédicte Durand, doyenne du Collège universitaire. “Si surcoût il y a, il sera absorbé par Sciences po, et en aucun cas par les familles.”

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