Décryptage

Études de santé : s’inscrire au Clesi est-il toujours une bonne idée ?

Les étudiants et professionnels de santé en marche contre le Clesi/ESEM (ici, une manifestation en 2014).
Les étudiants et professionnels de santé en marche contre le Clesi/ESEM (ici, une manifestation en 2014). © LANIER/REA
Par Aurore Abdoul-Maninroudine, publié le 06 juin 2016
1 min

Le Clesi ou ESEM, l'établissement privé qui a ouvert la voie des formations en santé parallèles à la PACES (première année commune aux études de santé), est l'objet de plusieurs procédures judiciaires. Quelles sont les conséquences de cette situation pour les étudiants, actuels ou futurs ?

Une seconde chance en échange de quelque 10.000 € de frais de scolarité par an. Voilà ce que promet le Clesi (Centre libre d'enseignement supérieur international), lié à l'origine à l'université portugaise privée Fernando-Pessoa et rebaptisé récemment ESEM (École supérieure des études médicales). Un établissement d'enseignement supérieur privé dont l'objectif est de permettre aux étudiants ayant échoué au concours de la PACES (première année commune aux études de santé), ou désireux de l'éviter, de contourner la sélection par concours grâce à des partenariats avec des universités européennes. Les diplômes européens sont en effet valables dans l'ensemble de l'Union européenne. Du reste, en France, de plus en plus de professionnels de santé sont formés à l'étranger.
Sur Internet, le Clesi/ESEM propose ainsi aux étudiants sélectionnés sur dossier de suivre deux années d'études en médecine dentaire ou en kinésithérapie sur ses campus de Toulon et de Béziers, puis de partir dans une université au Portugal ou en Roumanie.

"L'Etudiant" fait le point sur la situation de l'établissement et sur les conditions d'études qu'il offre, alors que des procédures judiciaires sont toujours en cours.

Pouvez-vous encore vous inscrire au Clesi ? Où en sont les procédures judiciaires ?

Malgré la Fage (Fédération des associations générales étudiantes) et sept de ses fédérations de santé, l'établissement a prévu d'effectuer une nouvelle rentrée en 2016. Néanmoins, une procédure civile en cours fait peser des incertitudes sur son avenir. En effet, en septembre 2014, le tribunal de grande instance de Toulon a ordonné la fermeture de ce centre. Mais celui-ci a toutefois obtenu de pouvoir continuer à dispenser des cours jusqu'à ce que l'affaire soit examinée en appel, le 27 juin 2016. La décision sera rendue dans les mois qui suivent.

Par ailleurs, sur le plan pénal, une information judiciaire a également été ouverte en 2013. Dans un communiqué de presse de septembre 2014, le ministère de l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche précise que "cette information judiciaire porte sur les chefs d''infraction au code de l'éducation' et de 'tromperie sur les qualités substantielles d'une prestation de service', avec des coûts d'inscription élevés pour les familles et une qualité de formation ne présentant pas les garanties nécessaires."

Le Clesi compte aujourd'hui 250 étudiants en odontologie et kinésithérapie. Un nombre en baisse... En effet, certains étudiants ont préféré arrêter à l'issue des deux premières années. C'est le cas de Louis*, qui était inscrit en dentaire et qui se dit "ruiné financièrement" et "très affaibli psychologiquement". "J'avais l'impression de faire des sacrifices importants pour des résultats très incertains. J'ai préféré tout arrêter."

Avec quelles universités européennes le Clesi a-t-il signé des conventions ?

Le Clesi possédait une convention avec l'université privée Fernando-Pessoa, au Portugal, mais celle-ci a été rompue en juin 2014. Depuis, "les étudiants du Clesi ont été admis en dentaire ou en kiné dans les universités d'Egas Moniz et d'Atlantica, au Portugal, ou encore au sein de l'université Ovidius (Constanta), en Roumanie", indique Bruno Ravaz, son président. Des informations confirmées par les universités portugaises en question.Toutefois, l'université d'Egas Moniz indique ne pas avoir de convention avec le Clesi. Les étudiants admis l'ont été par une voie ouverte à tous les étudiants étrangers. De son côté, l'université d'Atlantica évoque "un accord". L'université Ovidius à Constanta n'a pas répondu à nos questions.

Serez-vous directement admis en 3e année à l'étranger après deux années passées au Clesi ?

L'université Atlantica accorde aux étudiants du Clesi une équivalence de 80 ECTS, "dans le meilleur des cas", "après analyse de leurs compétences académiques". Les étudiants sont donc admis, dans l'hypothèse haute, en 2e année du cursus de kinésithérapie. De même, un ancien étudiant du Clesi, Charles*, désormais inscrit à Egas Moniz, indique avoir été admis dans cette université en 2e année de médecine dentaire avec la moitié des cours de 1re année à rattraper. Et un test d'entrée à repasser. Contactée par "l'Etudiant", l'université d'Egas Moniz n'a pas souhaité s'exprimer sur ce cas. "Le point le plus important, c'est qu'on ne laisse aucun étudiant sur le carreau : on arrive toujours à leur trouver des places grâce à la validation des ECTS obtenus chez nous", se défend Bruno Ravaz. De quoi rassurer les élèves ou futurs élèves ?

*Les prénoms ont été modifiés à la demande des témoins.

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