Témoignage

Faire son stage dans un désert médical : "Le rythme est assez soutenu"

Caroline, Marie et Jasmine (de gauche à droite) ont réalisé un stage dans un désert médical.
Caroline, Marie et Jasmine (de gauche à droite) ont réalisé un stage dans un désert médical. © Photos fournies par les témoins
Par Dorothée Blancheton, publié le 19 février 2024
1 min

Futures médecin généraliste, kinésithérapeute ou infirmière, Caroline, Marie et Jasmine ont réalisé leurs stages d’étude en milieu rural. Des zones où les professionnels de santé se font rares et sont sans doute encore plus attendus qu'ailleurs. Les trois futures soignantes racontent ce qu'elles retiennent de cette expérience professionnelle.

En France, 30,2% de la population vit dans un désert médical, selon un rapport sénatorial de mars 2022. Une tendance à la hausse qui implique des difficultés à se faire soigner. Face à la pénurie de soignants, certaines communes n'hésitent pas à débloquer les moyens nécessaires pour attirer de jeunes professionnels.

Mais tout se joue parfois dès la formation. Les étudiants en santé peuvent être amenés à faire des stages dans des zones sous-denses. Que la démarche soit volontaire ou non, l'objectif est avant tout de faire découvrir aux étudiants une pratique peut-être un peu différente de celle qu'ils ont l'habitude de voir. Et pourquoi pas, les inciter à poser eux aussi leurs valises dans un désert médical une fois diplômés.

Un stage dans un désert médical : par choix ou par obligation selon les étudiants en santé

Caroline, étudiante en cinquième année de médecine générale à la faculté de Poitiers (86), envisage déjà d'installer son cabinet libéral en zone rurale. "Je suis originaire de Niort et je vois le souci que c’est pour avoir un médecin généraliste ou un spécialiste. C’est dommageable pour les gens qui ne sont pas soignés et je trouve important de m’installer dans ce genre d’endroit plus tard", confie-t-elle.

Elle n'a donc pas choisi son stage par hasard. Pendant 12 semaines, l'étudiante a passé un jour avec un médecin des Roches-Prémarie et un autre avec un médecin de Bonnes, dans le département de la Vienne.

Contrairement à Caroline, pour d’autres étudiants, ce stage en zone rurale n’est pas un choix. Marie est en cinquième année à l’Institut de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) du Centre hospitalier de Laval. Elle a fait son stage de première année à Martigné-Ferchaud en Ille-et-Vilaine (35) dans un cabinet réunissant plusieurs kinés.

"Nous devions obligatoirement faire un stage dans une zone sous-dotée proposée par l’école. Je suis de nature curieuse mais j’étais peu enthousiaste à l’idée d’aller à Martigné-Ferchaud avec une population rurale et dans un cabinet libéral", se rappelle-t-elle.

Devenir un soignant plus disponible et mobile qu’ailleurs

Quoi qu'il en soit, après plusieurs semaines passées dans leurs cabinets respectifs, les deux étudiantes sont d'accord sur un point : pour exercer dans un désert médical, il faut avant tout se montrer disponible pour ses patients.

Les deux cabinets où Caroline a effectué son stage ont une patientèle assez âgée et importante. Chacun voit une vingtaine de patients par jour en moyenne. "Je me doutais que l’amplitude horaire était assez ample mais pas à ce point et il faut être mobile car on parcourt plusieurs kilomètres pour les visites à domicile. Le rythme est assez soutenu mais les médecins prennent le temps avec chacun", assure l'étudiante.

Marie s’est aussi rendu compte du manque cruel de kinésithérapeutes dans ces lieux et des répercussions sur l’exercice du métier. "En plus du cabinet, mon maître de stage faisait des visites à domicile et assurait une permanence à la maison de retraite. Il prenait un patient par demi-heure, ce qui est la durée classique, mais il faut donc faire beaucoup d’heures pour bien gagner sa vie. Et j’ai trouvé frustrant de devoir refuser des gens qui avaient besoin de soins mais les horaires de travail ne sont pas extensibles", constate l’étudiante.

Différentes façons d'exercer dans un désert médical

Mais selon Marie, le type d'établissement influe aussi sur les conditions de travail, même en zone sous-dense. Lors de son deuxième stage en zone rurale, à Cugand en Vendée (85) cette fois, dans un centre de soins de suite et de réadaptation pour les personnes âgées, la future kiné a bien vu la différence : les horaires y étaient moins longs qu'en cabinet libéral.

C'était aussi le cas pour Jasmine, en deuxième année à l’IFSI (Institut de formation en soins infirmiers) de Mayenne (53). Elle a fait un stage de dix semaines dans un Ehpad à Lassay-les-Châteaux. "Même si la commune est dans un désert médical, je ne l’ai pas ressenti au sein de l’Ehpad. Ça m’a permis aussi de démystifier l’image que j’en avais car on y entend souvent parler de maltraitance. Désormais, je porte un nouveau regard dessus. Et puis, il y a un vrai suivi dans le quotidien des résidents, ce n’est pas comme aux urgences", confie Jasmine.

Affiner ses choix professionnels grâce aux stages

Pour les trois étudiantes, cette première expérience s'avère révélatrice. "Je ne retire que du positif de ce stage. Si j’avais pu le reprendre, je l’aurais fait. Je me rends compte que je veux vraiment m’installer dans un désert médical plus tard. J’ai adoré le contact avec les patients et les médecins", assure Caroline.

Jasmine, la future infirmière, se verrait peut-être travailler en Ehpad après ses études. Mais ces expériences, bien qu’enrichissantes, ne suscitent pas toujours de vocation. Marie aimerait plutôt s’engager dans l’armée et ne se voit pas s’installer dans un désert médical. "Ce n’est pas très attractif pour moi car je suis jeune, j’ai envie de découvrir plein de choses, de vivre dans une ville où je n’ai pas grandi et où je connais tout. On verra par la suite", conclut-elle.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !