Reportage

ECOS : à Besançon, un programme de préparation mentale pour les étudiants de sixième année de médecine

Les étudiants en sixième année de médecine participe à un atelier de préparation mentale en vue des ECOS.
Les étudiants en sixième année de médecine participe à un atelier de préparation mentale en vue des ECOS. © Camille Jourdan
Par Camille Jourdan, publié le 04 mars 2024
1 min

Pour la première fois, les étudiants en sixième année de médecine doivent passer une épreuve écrite, les EDN (ex-ECN) et des épreuves orales, les ECOS pour être admis en internat. De nouvelles épreuves qui génèrent beaucoup d'inquiétude chez les futurs internes. Pour les accompagner, l’université de Franche-Comté a mis en place un programme de préparation mentale.

Assis, les genoux relevés, les mains croisés sur leurs épaules et les yeux fermés, une vingtaine d’étudiants écoute la voix d’Alain Groslambert. Ce ne sont pas des sportifs de haut niveau que le professeur de STAPS a devant lui, mais des étudiants en médecine.

Tous viennent de valider leurs épreuves dématérialisées nationales (EDN) qui compteront pour 60% de leur note finale. Car fin mai, les étudiants de sixième année de médecine passeront pour la première fois les ECOS (examens cliniques objectifs structurés). L'épreuve, mise en place par la réforme du deuxième cycle des études de santé en 2022, compte, elle, pour 30% de la note finale.

Durant deux jours, les étudiants seront évalués sur des "stations", c’est-à-dire des situations qu’ils sont susceptibles de rencontrer dans leur quotidien de futurs médecins. Des épreuves nouvelles, où ils devront endosser le rôle de médecin dans un temps très limité, qui suscitent un stress intense chez beaucoup d'étudiants.

Une préparation mentale comme des sportifs de haut niveau

À trois mois des ECOS, l’université de Franche-Comté leur propose une préparation spécifique, découpée entre ateliers de préparation mentale, de yoga, et de méditation.

"Outre des séminaires qui reprennent les domaines de compétences au programme, nous tenions à aborder la préparation mentale des étudiants, décrit Guillaume Besch, professeur et co-président de l’équipe pédagogique chargée de la mise en œuvre des ECOS à Besançon (25). Nous avons rapidement fait le lien entre ces épreuves et celles que peuvent passer des sportifs de haut niveau."

Et notamment des biathlètes, forcés de se concentrer pour tirer après un effort en ski, et malgré les potentiels échecs aux tirs précédents : "Les étudiants auront quelques minutes pour se remettre en condition lorsqu’ils passeront à une nouvelle 'station', même s’ils ont échoué à la précédente", compare Guillaume Besch.

Des méthodes pour gérer le stress et la concentration

Avec Alain Groslambert, les étudiants démarrent leur exercice de relaxation. Entre cette séance, celle de yoga et celle de méditation, les étudiants ressortent avec une palette d’outils pour gérer leur stress.

Cohérence cardiaque, respiration carrée, marche de pleine conscience… Autant d’astuces pour les aider à retrouver leur calme et leur concentration, pendant les révisions mais aussi le jour J. "Ce sont des méthodes que j’ai déjà expérimentées dans ma pratique sportive, confie Clarisse, étudiante. Ça me réconforte de savoir qu’elles peuvent être utiles pour les examens."

Pour les externes en médecine, toutes les recommandations comptent. "Faites des siestes", conseillent Alain Groslambert et Roselyne Rougnon Glasson, professeure de yoga. "L’auto-hypnose peut aussi être utile pour s’endormir, ou lors de réveils nocturnes", observe Marie-Céline Maillot, médecin urgentiste diplômée en méditation en santé.

Les étudiants en médecine testent une méthode de relaxation pour gérer leur stress.
Les étudiants en médecine testent une méthode de relaxation pour gérer leur stress. © Camille Jourdan

Anticiper la longue attente le jour des ECOS

Outre le format des épreuves et la quantité de connaissances à engranger, les étudiants s’inquiètent de l’attente le jour de l’examen. Pour éviter de communiquer avec ceux qui sortent des épreuves, il sera impossible pour les étudiants de sortir de l’amphithéâtre avant et après leur passage.

Ils n’auront droit à aucune distraction, ni révisions pendant ce laps de temps. "Attendre trois heures sans rien faire, ça peut faire monter le stress, ou au contraire, démotiver", remarque un étudiant.

Pour Alain Groslambert, il est utile de se préparer à cette attente : "Essayez dès maintenant de rester une heure, seul chez vous, sans distraction, tout en maintenant un état d’anxiété acceptable."

Autre conseil : l’entraînement "modelé". "Exercez-vous aux épreuves en reconstituant les contraintes qui pourraient advenir le jour J : si vous révisez en groupes, certains de vos camarades peuvent jouer les membres du jury, et poser des questions qui vous mettent en difficulté."

Laisser son cerveau faire "un break"

La semaine avant l’examen, Alain Groslambert recommande de ralentir les révisions, "pour arriver aux épreuves, sans être saturé". Une résolution difficile, selon Juliette : "Comme nous sommes en stage, on a peu de temps pour réviser, donc on risque de le faire jusqu’au bout."

Un sommeil de qualité, une alimentation équilibrée, de l’activité sportive et des loisirs : tous ces ingrédients sont également indispensables pour tenir jusqu’au jour de l’examen, et arriver en forme.

Le professeur délivre d’autres conseils basiques pour le jour J : "Mangez deux heures avant, prévoyez une ration d’attente, soyez large dans vos déplacements, et échauffez votre cerveau le matin, en révisant un peu."

Et une fois dans la salle d’examen ? "Lisez, relisez, re-relisez l’énoncé. Réfléchissez, et agissez. Une fois que vous avez terminé une station, faites un exercice de respiration, et vous serez prêts à recommencer."

Pour le professeur, il est indispensable de faire un "vrai break" entre les deux jours d’épreuves. "Allez marcher, nager…  Il est probable que vous passiez une mauvaise nuit : acceptez-le."

Les étudiants en sixième année de médecine effectuent des exercices de yoga et de méditation.
Les étudiants en sixième année de médecine effectuent des exercices de yoga et de méditation. © Camille Jourdan

Des conseils utiles dès la quatrième année de médecine

"C’est dommage que nous n’ayons pas eu tous ces conseils plus tôt", remarque Théo. Il fait partie de la centaine d’étudiants – sur près de 200 – à s’être inscrits à ces ateliers, ouverts aux volontaires de sixième année de médecine. L'épreuve n'est pourtant pas complètement inconnue : les étudiants s'entrainent aux ECOS dès leur quatrième année de médecine, lorsqu'ils entrent en externat.

"Nous réfléchissons à intégrer de tels ateliers dès la quatrième année", conclut d'ailleurs Guillaume Besch. Depuis la mise en place de la réforme, toutes les universités s'agitent pour trouver la bonne formule et préparer au mieux leurs étudiants à ces nouvelles épreuves. Et une chose est sûre, ces préparations mentales sont encore loin d'être pratiquées dans toutes les universités.

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