Actu

PASS-L.AS : un accès aux études de santé toujours autant disparate, selon les représentants étudiants

Les parcours PASS et L.AS ont remplacé la PACES.
Les parcours PASS et L.AS ont remplacé la PACES. © bongkarn / Adobe Stock
Par Séverine Mermilliod, publié le 29 février 2024
5 min

Un peu plus de trois ans après l'entrée en vigueur de la réforme de l'accès aux études de santé, les fédérations étudiantes alertent sur des disparités toujours présentes entre les parcours PASS et L.AS mais aussi sur les différentes modalités appliquées par les universités elles-mêmes.

L'entrée dans les études de santé se fait toujours "à deux vitesses", regrettent les associations étudiantes de santé membres de la Fage*.

La fédération dévoile, ce jeudi, un rapport sur l'application de la réforme du premier cycle en études de santé qui avait conduit, en 2020, à la création de deux parcours de première année, PASS (parcours spécifique accès santé) et L.AS (licence avec option "accès santé"), afin de diversifier les profils. Les résultats montrent bien la nécessité de réviser cette réforme pour homogénéiser les modalités d'accès aux études de santé en toute équité.

Une qualité de l'enseignement différente entre PASS et L.AS

Rien de nouveau sous le soleil mais une fois de plus, le constat est bien là : les deux parcours qui remplacent désormais la PACES sont loin d'offrir la même pédagogie selon le rapport de la Fage. Les représentants étudiants vont même plus loin et indiquent "une qualité de l'enseignement diminuée en L.AS par rapport au PASS". "Le PASS a en quelque sorte remplacé la PACES et on reste sur une voie privilégiée pour les étudiants, constate Coline Trayssac, vice-présidente chargée de l'enseignement supérieur de l'ANEMF. Or, ce n'était pas le but de la réforme qui était censée amener aux études de santé sans qu'il y ait un parcours mieux que l'autre."

Cette différence, ce sont les étudiants eux mêmes qui l'ont remarqué. Pour réaliser cette enquête, les associations ont "interrogé les représentants étudiants, membres du tutorat, élus, représentants locaux, pour n'avoir qu'une seule réponse par ville, soit 36 réponses", détaille Coline Trayssac.

Un programme surchargé et pas toujours adapté en L.AS

Pourtant, même si la qualité de l'enseignement ne semble pas au rendez-vous pour les étudiants en L.AS, ils auraient une charge de travail supplémentaire par rapport aux étudiants de PASS. Comme l'explique l'ANEMF, les L.AS sont "très souvent des licences classiques avec des modules ajoutés, ce qui crée une surcharge de travail non négligeable", avec 70 ECTS à valider (60 en licence + 10 en mineure santé) au lieu des 60 ECTS exigibles en France pour une année d'étude universitaire.

Ce manque d'aménagement reste par ailleurs discordant selon les universités et les UFR de rattachement. "Certaines universités ont des licences adaptées - par exemple, dans certaines filières de STAPS, où il n'y a pas deux fois les enseignements d'anatomie. Mais il y a d'autres endroits où ça n'a pas été réfléchi", précise Colline Trayssac.

En L.AS, 41% des universités proposent la mineure santé en distanciel

D'autres dissemblances peuvent également nuire aux étudiants de L.AS. Cela s'explique notamment par le fonctionnement lui-même des deux parcours qui ne dépendent pas des mêmes structures. Ainsi, les PASS sont rattachés à l'UFR santé tandis que les L.AS sont rattachés à l'UFR de leur majeure (lettres, STAPS, etc.). Les étudiants de L.AS se retrouvent donc avec davantage de cours en distanciel pour éviter les navettes entre campus.

Sur 34 universités proposant des L.AS, 14 (soit 41%) proposent les mineures santé uniquement en distanciel. Parmi celles-ci, "trois seulement organisent tout de même des séances en groupes restreints. Les autres se contentent majoritairement de diffuser des capsules vidéos qui retranscrivent les cours", fait savoir l'ANEMF.

Les L.AS ont aussi, d'après le rapport, trois fois moins d’enseignements dirigés qu’en PASS et deux fois moins de séances en groupe restreint, même si cela dépend des universités.

Les fédérations étudiantes relèvent par ailleurs que "75% des universités ne proposent qu’une ou deux modalités d’évaluation écrite" alors que l'un des objectifs de la réforme "était de diversifier les modalités d'évaluation pour l'accès aux études de santé", en particulier pour un moindre recours aux QCM.

Des propositions à venir pour une nouvelle réforme ?

Après le constat, les associations étudiantes lancent ce jeudi et pour un mois un second questionnaire destiné cette fois à l'ensemble des étudiants en études de santé.

L'analyse des réponses sera présentée fin avril, et, comme les doyens de médecine et les Ordres, les étudiants reviendront avec des propositions pour construire un nouveau modèle de réforme, dans l'attente du rapport de la Cour des comptes sur le sujet.

"Maintenant l'idée, c'est de se concentrer sur les perspectives d'évolution", conclut Colline Trayssac. Plusieurs idées sont sur la table : réduire le nombre de L.AS, supprimer l'un des deux parcours, uniformiser les enseignements... Autant de changements qui ne seront sans doute pas visibles avant 2025 voire même 2026.

La méconnaissance de certaines filières toujours palpable

"On parle encore beaucoup de première année de médecine, alors que c'est une année commune aux cinq filières MMOPK (médecine, maïeutique, odontologie, pharmacie et kiné)", regrette Coline Trayssac.

La Fage et l'ANEMF préconisent notamment d'investir dans l'orientation et invitent les organismes, comme l'Onisep, de "revoir les fiches, donner envie aux étudiants avec des témoignages récents parce que sur certaines fiches, les vidéos datent de 2012".

*Acronymes :

  • Fage : Fédération des associations générales étudiantes

  • UNECD : Union nationale des étudiants en chirurgie-dentaire

  • ANESF : Association nationale des étudiants sages-femmes

  • ANEMF : Association nationale des étudiants en médecine de France

  • ANEPF : Association nationale des étudiants en pharmacie de France

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !