Témoignage

Agathe Molinar, créatrice de Lemon Curve : "Je n’avais aucun contact ! J’ai frappé aux portes pour présenter mon projet"

Agathe M, jeune entrepreneuse
Agathe, 27 ans, a créé le site Lemon Curve, un e-shop de lingerie. © l'Etudiant
Par Virginie de Rocquigny, publié le 15 mars 2013
1 min

Agathe Molinar, diplômée du master innover et entreprendre de l'ESCP Europe, a eu la bonne idée au bon moment. Son site Web de vente de lingerie, Lemon Curve, connaît une croissance fulgurante. Pionnière dans ce secteur, elle bâtit le succès de son entreprise sur 2 piliers : un choix large et un service client pointu... Retour sur le parcours de cette entrepreneuse qui a toujours fait preuve d'audace et de détermination.

"Nous n'avons rien inventé, nous nous contentons d'appliquer dans le secteur de la lingerie les recettes qui ont marché ailleurs !", s'amuse Agathe Molinar, pétillante entrepreneuse de 27 ans. Lancé en octobre 2011, Lemon Curve, son e-shop de lingerie, propose une offre très large qui va de Dim à la lingerie de créateurs, en passant par Princesse Tam Tam ou Wonderbra.

"Nous fonctionnons tels Spartoo ou Sarenza, qui se sont positionnés comme spécialistes de la chaussure. Nous vendons de la lingerie sur Internet. Cela passe par une mise en avant très étudiée des produits, grâce à des visuels de qualité et même des vidéos, mais aussi par des conseils donnés sur les tailles des produits, leur confort, etc."

Du bonnet A au bonnet K, les clientes sont sûres de trouver leur bonheur sans passer par la cabine d'essayage. "En ce moment, nous enregistrons une croissance de 100 % chaque mois, alors que nous venons tout juste de démarrer notre action au plan marketing !", précise Agathe Molinar, dont l'objectif est de réaliser 3 millions d'euros de chiffre d'affaires cette année.

Le démarrage du projet

Agathe Molinar fut la première à s'étonner que personne en France n'ait eu l'idée d'un e-shop de lingerie avant elle : "J'ai réalisé qu'il n'existait que des sites de lingerie très sexy ou des sites de marques écoulant leur stock. Ce constat m'a interpellée. Aux États-Unis, le premier site de vente de vêtements en ligne, c'est Victoria's Secret !"

Le créneau était donc à saisir. Associée à Julien-Sylvain, rencontré sur les bancs du master Innover et entreprendre de l'ESCP Europe, la jeune femme bâtit son site en 5 mois. "Il y a une urgence sur Internet, il ne faut pas se faire doubler. Mon expérience m'a aidée à aller droit au but."

Agathe Molinar avait en effet déjà à son actif la création d'une entreprise de services autour du changement de domicile, EasyLife Pack. "Au bout de deux ans et demi, j'avais le sentiment d'avoir atteint les limites de ce business. Mais cette expérience m'a appris la nécessité d'être proche du client et de lui apporter un service irréprochable. Aujourd'hui, cela fait partie des forces de Lemon Curve."

En 2012, la start-up s'est concentrée sur l'offre : "Il nous fallait une offre hyperlarge, qui corresponde aux besoins de toutes les femmes." Pour communiquer, le site a développé un concept novateur : "l'abonnement de petites-culottes", – créé avec une marque en propre, LC by Lemon Curve – qui a fait parler de lui dans la presse féminine.

Le financement du projet

"Mon premier business angel, c'est ma mère", confie Agathe Molinar, qui a pu compter sur de la love money, mais surtout sur un prêt conséquent. Dès juillet 2011, soit 2 mois après le lancement du projet, Agathe Molinar et Julien Sylvain décrochent un emprunt bancaire de 170.000 €, qui complète leur apport de 100.000 euros. "Notre projet était sérieux, avec une véritable vision. Par ailleurs, nous étions soutenus par de grands entrepreneurs du Web aux manettes de Viadeo, Spartoo ou Delamaison. Cela a rassuré les banquiers."

Ce réseau, Agathe Molinar se l'est construit seule, à force de détermination et d'audace. "Je viens de la Drôme, je n'avais aucun contact dans ce monde-là ! J'ai frappé à leur porte pour leur présenter mon projet."

Tout récemment, en octobre 2012, Agathe Molinar et son associé sont allés plus loin en levant 1 million d'euros auprès de CM-CIC Capital Privé. "Nous avons bouclé cette levée de fonds en un mois et demi, souligne la net-entrepreneuse. Nous avons fait nos preuves pendant notre première année : nous disposons d'un marché, d'une équipe solide, d'un concept. Mais c'est encore un projet jeune qui reste un pari pour les investisseurs. Cette somme va nous permettre d'embaucher et d'étoffer le marketing et la communication."

Autre projet, le développement à l'international, auquel l'entrepreneuse se prépare lentement mais sûrement : "Cela arrivera, c'est certain, mais nous voulons d'abord être très bons sur le marché français."

Les premières galères

Convaincre les marques a été l'un des gros enjeux du lancement de Lemon Curve. N'ayant ni expérience ni contact dans le secteur de la lingerie, Agathe Molinar craignait de n'être pas crédible. "Lors du Salon international de la lingerie, à Paris, les marques ont plus de 25 sollicitations par jour.

Il fallait sortir du lot pour séduire Simone Pérèle, Aubade... Elles ont des budgets marketing énormes et redoutaient que leur image ne soit dégradée via notre site. Nous avons dû leur prouver que nous serions un vecteur de chiffre d'affaires pour elles, mais aussi un vecteur de communication efficace."

Un obstacle qui n'en fut finalement pas un, puisque, dès le lancement du site, 25 marques avaient embarqué pour l'aventure. Elles sont aujourd'hui 60. "La vraie première galère, je dirais que c'est le recrutement. Trouver la perle rare en webmarketing, c'est difficile, car tout le monde se l'arrache ! Et nous sommes en concurrence avec des géants du secteur... Heureusement, le côté start-up en fait rêver quelques-uns !"

À la loupe

– Activité : vente de lingerie sur Internet.
– Lancement : octobre 2011.
– Capital social : 38.265 euros.
– Effectifs : 15 salariés.
– Chiffre d’affaires en 2012 : 500.000 euros.

Sondage : les jeunes boudent l'entrepreneuriat

Interrogés pour savoir s'ils envisagent un jour de créer leur entreprise, les lycéens et les étudiants ne sont plus que 37 % à répondre par l'affirmative en 2012, 8 % de moins qu'en 2009, et 6 % de moins qu'en 2011 selon une enquête Moovjee-Opinionway de janvier 2013 (1).

En outre, 48 % pensent qu'il est aujourd'hui très difficile de créer son entreprise, soit 6 % de plus en l'espace de 4 ans.

Principaux freins évoqués : la conjoncture, la prise de risque qu'elle induit et le manque de confiance du marché.

Principales motivations évoquées pour créer : la liberté de décision que le statut procure, le besoin de s'affirmer, de montrer son potentiel, l'envie de faire ses propres expériences mais aussi des raisons plus terre à terre, comme le fait de sécuriser son propre emploi.

(1) Enquête en ligne menée sur un échantillon représentatif de 1.005 lycéens et étudiants du 14 janvier au 20 janvier 2013.

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