Interview

Création d'entreprise : “Étudiants, n'ayez pas peur d'oser !”

Entrepreneur
N'ayez pas peur de vous lancer dans l"aventure de l'entrepreneuriat. © Fotolia
Par Étienne Gless, publié le 09 janvier 2014
1 min

Monter votre entreprise : l'idée vous taraude, mais encore étudiant, vous n'imaginez pas pouvoir la concrétiser. Pourtant, même quand on est relativement désargenté, il existe des possibilités de rendre son rêve réalisable, à condition de savoir s'entourer. Explications et conseils de Bertrand Pouget, chef de projet entrepreneuriat d'Agefa-PME (1).

Quels sont les freins à la création d'entreprise par les jeunes ?

“Selon la dernière enquête de l'association Jeunesse et entreprises (AJE) les trois facteurs le plus souvent cités par les jeunes interrogés sur les freins à la création d'entreprise sont : le manque de moyens financiers, le manque d'expérience et la lourdeur des règles et procédures juridiques et administratives. Mais il existe aussi un frein psychologique. Beaucoup de jeunes sont persuadés qu'il faut avoir l'idée du siècle. En fait, pour se lancer il suffit d'avoir identifié un marché et d'y répondre.”

Comment tester son concept et vérifier que ce marché existe ?

“Le jeune ne doit pas hésiter à parler de son idée à des proches, des amis.C'est dans le dialogue et l'échange qu'il va enrichir son projet. Et bien sûr confronter cette idée aux clients potentiels.”

“Les jeunes, sans le savoir, cultivent souvent un état d'esprit et des aptitudes propices à l'entrepreneuriat”

Être entrepreneur se résume-t-il à "monter sa boîte" ?

“Non ! Nous utilisons des compétences entrepreneuriales dans la vie de tous les jours. Quand on est salarié par exemple, on mobilise son sens des responsabilités et de l'organisation, sa créativité... De même, dans la sphère privée, quand on demande quelqu'un en mariage c'est savoir faire preuve de créativité, d'esprit d'initiative, de prise de risque et de sens de l'engagement ! Les jeunes, sans le savoir, cultivent souvent déjà des aptitudes et un état d'esprit propices à l'entrepreneuriat. Les animations que nous mettons en place sur les salons de l'Etudiant [voir la liste dans l'encadré ci-dessous] visent à leur en faire prendre davantage conscience.”

Comment surmonter l'obstacle financier quand on est jeune et relativement désargenté ?

“Si votre projet requiert un financement modeste (moins de 10.000 €) et que vous n'avez pas accès au système bancaire classique, pensez au microcrédit accordé par des organismes spécialisés non bancaires comme France Active ou l'Adie. N'oubliez pas aussi pour démarrer  l'argent de vos proches et des amis. Sollicitez ce qu'on appelle le ‘love money’.  Pour de plus gros montants,  vous pouvez vous tourner auprès de ‘business angels’, investisseurs individuels fortunés voire  les sociétés de capital risques qui misent sur des start-up.  N'ayez pas peur non plus de frapper à la porte de plusieurs banques :cela vous aidera à ‘roder’ votre discours. De plus, un banquier s'il regarde le projet, ausculte aussi le porteur de projet. Si le business plan n'est pas parfaitement ficelé mais que l'entrepreneur a une force de conviction, qu'il croit en son projet, il pourra décrocher son financement.”

“L'entrepreneur en herbe doit savoir s'entourer : au sein de l'école, de l'université ou de structures comme les incubateurs…”

Comment peut-on dédramatiser l'échec qui dissuade beaucoup de jeunes de se lancer dans l'aventure ?

“N'ayez pas peur d'oser. C'est vrai qu'en France on accorde beaucoup d'importance au diplôme. On stigmatise l'échec, alors qu'aux États-Unis, ce dernier est un atout. L'échec dope en fait vos chances de réussir la seconde fois. Churchill disait que la réussite consistait à savoir passer d'échec en échec sans jamais perdre son enthousiasme ! Quoi qu'on fasse, il y aura des obstacles. Il faut se donner les moyens de les surmonter.”

Faut-il un bon réseau pour réussir l'aventure entrepreneuriale ?

“Beaucoup de jeunes ont le sentiment en effet qu'il faut un très bon réseau pour réussir, qu'il faut connaître du monde. Certes il ne faut pas créer seul, isolé. L'aventure de la création d'entreprise doit être accompagnée. Pour cela il existe beaucoup de réseaux pour obtenir de bons conseils et y trouver des financements. L'entrepreneur en herbe doit savoir s'entourer : au sein de l'école, de l'université ou de structures d'accompagnement comme les incubateurs, les réseaux consulaires, ou celles mises en place par les communes au sein des Maisons de l'emploi. Sans oublier les clubs de chefs d'entreprise.”

(1) L'Agefa-PME est une association interprofessionnelle qui veut développer une meilleure connaissance du monde des PME et de l'entrepreneuriat par le développement d'actions pédagogiques.

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