Reportage

Reportage : jeu de rôle au collège pour apprendre à devenir médiateur

Collège_ Médiation_ Atelier collège Anne Frank_jeu de rôle // © I. Dautresme
Ida Naprous, médiatrice et membre de la commission interministérielle de la protection et de la lutte contre la violence, anime un atelier de simulation d'une médiation. © Isabelle Dautresme
Par Isabelle Dautresme, publié le 17 octobre 2014
1 min

Même avec la meilleure volonté, jouer les médiateurs avec d'autres collégiens ne s'improvise pas. Quelques bons réflexes sont à acquérir et il peut être utile d'anticiper sur ses propres réactions. L'Etudiant a assisté à un atelier de simulation d'une médiation au collège Anne-Frank à Paris, comme il s'en déroule tous les jeudis à l'heure du déjeuner.

Aujourd'hui, jeu de rôle au programme


Il est question de trousse volée, de gommettes et de mensonges. Un conflit qui oppose deux jeunes filles. Sixtine et Zoé, apprentis médiatrices, et toutes les deux en 5e, jouent les "médiés". Quant à Paul et à Ambre, ils mènent avec sérieux la médiation, sous le regard attentif d'Ida Naprous, médiatrice et membre de la commission interministérielle de la protection et de la lutte contre la violence.

Dialogue et confidentialité


Première étape, rappel des principes : le dialogue. Paul ouvre le bal : "Êtes-vous d'accord pour faire cette médiation ? Acceptez-vous de vous écouter sans vous couper la parole ? Ici, pas question de vous insulter ou de dire des gros mots". À Ambre d'ajouter : "De notre côté, nous nous engageons à ne pas vous juger et à rester impartiaux. Nous ne sommes ni des policiers, ni des juges."

Avant de s'assurer que tout le monde adhère à ces règles, Paul tient à rappeler un des principes de base de la médiation : la confidentialité. "Rien ne doit sortir de cette pièce", ordonne-t-il d'une voix assurée.

Au tour des "médiés" d'exposer leurs versions des faits. Les médiateurs reformulent, vérifient qu'ils ont bien compris en évitant de sur-interpréter. "Il faut rester le plus possible fidèle au témoignage de l'élève", conseille Ida Naprous.

"Qu'as-tu ressenti ?" interroge Paul. "Ça m'a fait mal", répond Sixtine. "En fait, Zoé, ce dont tu avais envie en prenant la trousse de Sixtine et en collant des gommettes, c'était de rigoler, c'est bien ça ?" interroge à son tour Ambre. "Est-ce que pour toi la colère est plus forte que l'amitié ? Penses-tu que Zoé a trahi ta confiance ?", demande Paul à Sixtine.

Collège_ Médiation_Ida Naprous avec médiés_ collège Anne FrankIda Naprous se met d'accord sur le rôle que les deux "médiées" devront jouer. // © Isabelle Dautresme

Une "feuille d'engagement" en guise d'armistice


On approche de la fin. Zoé reconnaît son erreur. Quant à Sixtine, elle avoue ne pas être très fière de s'être mise en colère. "Qu'as-tu envie de dire à Sixtine maintenant ?" demande Paul à Zoé. "Que je regrette de lui avoir volé sa trousse… et de lui avoir menti !" lâche la jeune fille, les yeux plantés dans ceux de sa camarade. La médiation est terminée.

Les médiateurs notifient sur une "feuille d'engagement" signée par tous les participants, ce sur quoi les "médiés" se sont mis d'accord. S'ensuit une séance de signatures des différentes parties et un "debrief" d'Ida Naprous : "Évitez les questions avec le terme pourquoi qui appellent un jugement ainsi que celles qui sont trop fermées. Pensez à interroger les valeurs telle que l'amitié, histoire de ne pas rester dans le ressenti et les impressions".

Collège _Médiation_ signature accordLes participants signent une "feuille d'engagement" sur laquelle sont notés les accords des deux parties. // © Isabelle Dautresme


À la question de savoir si les apprentis médiateurs sont prêts à voler de leurs propres ailes, la réponse tombe comme une évidence : "Chacun a écouté et a entendu l'autre. Le conflit a débouché sur une solution gagnant-gagnant, elle est donc réussie", se félicite Ida Naprous.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !